Les Etats-Unis et la Chine sont bien en guerre... dans le cyberespace

L'affaire des écoutes américaines et l'activisme de hackers chinois à l'encontre de certaines entreprises aux Etats-Unis sont la preuve que le cyberespace sera le terrain d'affrontement le plus sensible entre les deux grandes puissances.
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Dans l'un de mes précédents articles, je faisais allusion à la nouvelle stratégie américaine, baptisée Lightfootprint, reposant essentiellement sur l'utilisation de drones, le recours aux forces spéciales et la maîtrise du cyberespace. Ce qui se passe depuis quelques mois entre les Etats-Unis et la Chine illustre parfaitement le caractère stratégique des nouvelles technologies qui permettent de pénétrer à l'intérieur des systèmes d'information et de télécommunication d'autrui.

Cela a commencé avec les accusations des autorités de Washington à l'encontre de l'Armée populaire de libération (APL), soupçonnée d'avoir créé des unités spéciales de hackers chargés d'infiltrer les systèmes d'information et bases de données des entreprises et administrations américaines. Le sujet est traité assez sérieusement aux Etats-Unis pour qu'il ait été placé au centre des discussions entre Barack Obama et Xi Jinping en Californie les 8 et 9 juin, alors qu'il s'agissait de leur première rencontre officielle. Le président américain a même communiqué à son homologue chinois une liste de cas concrets de vols de secrets industriels et commerciaux au détriment d'entreprises américaines, opérés par des entités de hackers basées en Chine...

Enfin, dernier épisode en date : les révélations de la presse anglo-saxonne selon laquelle la NSA, dans le cadre du programme Prism, opérerait des écoutes téléphoniques et des intrusions dans les conversations sur Internet portant sur des « cibles » hors des Etats-Unis, dont des citoyens chinois. La presse chinoise s'est naturellement emparée de ces informations, dénonçant le double discours de l'administration américaine sur le cyber espionnage.

Les journaux chinois s'opposent à l'avance à toute extradition de l'auteur des fuites, Edward Snowden, réfugié...à Hong Kong et qui a démenti travailler pour les services chinois. Le gouvernement de Pékin a même réagi tout à fait officiellement, demandant aux Etats-Unis de « donner des explications » sur ce fameux programme... Une façon de faire comprendre à Washington que les géants high-tech de la Silicon Valley représentent une menace pour les intérêts chinois aussi grande que celle des hackers de l'APL pour l'Amérique...

La rivalité entre les deux puissances est donc là pour durer. Une preuve supplémentaire en est administrée par la construction par la Chine, du plus puissant ordinateur du monde, Tianhe-2, mis au point dans les laboratoires de la China's National University for Defence Technology et beaucoup plus puissant que le plus puissant des superordinateurs américains...

On le voit, cette rivalité, pour ne pas dire plus, entre les deux plus grandes puissances économiques du monde dans le cyberespace préfigure le monde de demain, où les entreprises elles aussi devront considérer le cinquième domaine comme leur territoire stratégique le plus précieux.

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