La Chine dans l’attente du grand rendez-vous de novembre

Dans quelques semaines, le XVIIIème congrès du Parti communiste chinois devrait entériner des réformes économiques de grande ampleur dont la conséquence sera probablement une diminution du rôle de l'Etat dans l'économie et la sphère financière. Par notre contributeur Charles-Edouard Bouée, consultant spécialiste des marchés asiatiques.

Le stimulus de l'été (voir mon article du 22 août dernier) a donné de meilleurs résultats que prévu. En août, les ventes au détail ont progressé de 13,2% par rapport à juillet, et l'investissement direct de plus de 20%. La production industrielle a augmenté de 10,4% par rapport à 2012 et de 9,7% par rapport à juillet 2013, selon des chiffres publiés le 10 septembre. Cette reprise de l'activité est largement due à de nouvelles mesures de soutien aux investissements, notamment dans le domaine des chemins de fer et les transports urbains (près de 5 milliards d'euros supplémentaires décidés en juillet). Certes, il ne faut pas forcément déduire de ces chiffres que toutes les interrogations sur la pente de la croissance chinoise d'ici la fin de l'année sont levées. Les problèmes de fond, (le poids de la dette des provinces et municipalités, le freinage observé dans l'immobilier) demeurent des risques dont il ne faut pas sous-estimer l'importance.

 En fait, à Pékin, l'attention se porte sur la troisième session du XVIIIème Congrès du Parti communiste qui se tiendra en novembre et qui sera consacré aux grandes options économiques des prochaines années. Alors que ces derniers mois, on s'interrogeait encore sur l'ampleur des réformes envisagées par Xi Jinping et Li Keqiang, un certain nombre d'indications et de signes avant-coureurs laissent penser que  ces réformes seront d'une réelle ampleur, comme le laisse entendre le communiqué officiel annonçant la convocation de cette troisième session. . Le Premier ministre a levé le voile sur les intentions du gouvernement au World Economic Forum de Dalian, le 11 septembre en laissant entendre que l'emprise de l'état sur le secteur financier serait allégée, que les taux d'intérêt seraient fixés librement et que le renminbi deviendrait convertible.  Il a aussi indiqué que les institutions financières " à l'actionnariat divers"  verraient leur accès aux marchés élargi, ce qui pourrait signifier que les investisseurs privés, chinois et étrangers, pourraient voir leur rôle s'accroître dans une industrie financière aujourd'hui largement dominée par l'Etat.

 Globalement, c'est le rôle de l'Etat dans l'économie, à l'échelon national et régional, qui pourrait être largement repensé. Un premier signe vient d'en être donné dans un secteur pourtant hautement stratégique, celui de la construction navale militaire. China Shipbuilding Industry Co, la plus grande entreprise de construction navale du pays, contrôlée par l'Etat vient d'annoncer qu'elle allait lever l'équivalent de 1,4 milliard de dollars sur le marché auprès d'investisseurs privés afin de financer de nouvelles capacités de construction de navires de guerre.  Cette opération pourrait être le signe d'une plus grande ouverture des entreprise du complexe militaro-industriel chinois au capital privé (aujourd'hui, seulement 30% des entreprises de ce complexe sont cotées en bourse).

 La lutte contre la pollution s'intensifie

 Visiblement, le gouvernement prend très au sérieux le mécontentement croissant de la population face à la pollution des villes, en particulier à Pékin. Le 12 septembre, après de longues négociations avec le gouvernement, les autorités de la province de Hebei, qui entoure la capitale, ont annoncé un plan de réduction de l'utilisation du charbon dans la production d'acier de 40 millions de tonnes d'ici 2017, afin de diminuer les émissions de particules dangereuses pour la santé. La capacité de production d'acier de la province devrait diminuer de 60 millions de tonnes dans les quatre ans qui viennent (la ville de Tangshan, dans le nord du Hebei, abrite un quart des capacités de production d'acier du pays). L'objectif du gouvernement central est de faire passer de 66,8% à 65% la part du charbon dans la production d'énergie primaire. Cela implique un effort considérable, car la production de charbon a augmenté d'environ 6% par an au cours de ces cinq dernières années. D'autres grandes régions industrielles comme le delta du Yang Tse ou le delta de la Rivière des Perles seront mises à contribution afin que les émissions de particules dangereuses diminuent de 20 à 25% d'ici 2017. 

 

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