Trois destins possibles pour l'Europe : le statu quo, ou le lent déclin (3/3)

Poussée des eurosceptiques confirmée ? Gauche sanctionnée, comme aux municipales ? Président (e) de la Commission européenne vraiment issu (e) du choix des électeurs ? L'élection des députés européens, dimanche 25 mai, apportera son lot de surprises. Notre sort ne sera pas tranché pour autant. Du sursaut au lent déclin en passant par la résurgence de la crise, La Tribune vous propose trois scénarios sur l'avenir de l'Europe en 2017.
Florence Autret
Manifestation face au gouvernement grec. / Reuters

Où va l'Europe ? Trois destins possibles...

LA FICTION - Avril 2017. L'Europe de plus en plus impopulaire

Dans la salle de presse aux trois quarts vide du Berlaymont, le siège de la Commission européenne, Pierre Moscovici, le président de l'Eurogroupe et commissaire européen en charge des Affaires économiques et monétaires, vient de présenter les rituelles prévisions économiques de printemps. En fait de perspective de croissance, c'est plutôt l'atonie qui domine, avec un maigre 1 % pour 2017, exactement comme les trois années précédentes. L'erreur de communication de ses services, qui ont donné à leur communiqué le même titre qu'en 2014 - « La reprise gagne du terrain » -, lui attire des remarques ironiques. La plupart des journalistes ont de toute façon préféré suivre la conférence de presse de Nigel Farage. À l'approche du référendum sur l'Europe qu'organisera à la rentrée le gouvernement de David Cameron, ce député européen chef de file de l'United Kingdom Independence Party (Ukip) occupe le terrain laissé vacant par les partis centristes. Son « Vademecum for Brexit », où il explique comment, en pratique, quitter l'Union européenne, a fait mouche et est déjà traduit en 18 langues.

Depuis deux ans, la nouvelle équipe de la Commission européenne n'a eu de cesse de faire appliquer les « contrats de réforme » que Berlin a tenu à faire signer entre elle et les 18 pays de la zone euro. Le résultat est déplorable. Les comptes publics s'améliorent à peine, mais au prix de coupes substantielles dans les services publics et d'une augmentation des inégalités. Par ailleurs, l'omniprésence de responsables de nationalité allemande au plus haut niveau et la domination exercée par la chancelière Merkel à chaque sommet alimentent un ressentiment nauséabond.

Dans le Sud, l'Europe n'est plus seulement impopulaire parce qu'elle est technocratique ou libérale, mais aussi parce qu'elle est trop allemande. Les Européens vivent dans la crainte permanente d'une résurgence de la crise, dont ils ont l'impression qu'elle renforcera encore un peu plus la rigueur de choix économiques dictés par Bruxelles. La Grèce, qui a reçu un troisième paquet d'aide fin 2014, ne tient que dans l'attente de nouveaux prêts. Et devant cette hémorragie, qui annonce une nouvelle restructuration de dettes, cette fois-ci aux frais des contribuables de la zone euro, les partis réputés centristes du nord de l'Europe commencent à s'interroger sur leur présence dans l'union monétaire.

LA SITUATION ACTUELLE - Les réformes semblent insurmontbles

Sauf miracle économique mondial ou initiative politique en Europe, la dynamique à l'oeuvre depuis quelques années présage d'une lente érosion des institutions communes, comme le pronostiquait l'eurodéputé Sylvie Goulard dans L'Europe : amour ou chambre à part (éd. Flammarion). Les efforts consentis pour surmonter la crise ont finalement aggravé la fracture entre peuples au lieu de faire émerger un sentiment d'appartenance commune.

Même les réformes les plus évidentes, comme la réorganisation d'une Commission européenne pléthorique, semblent insurmontables. Et la promesse de faire émerger un président de la Commission « démocratiquement désigné » parce que choisi par le parti arrivé en tête des élections européennes risque de ne pas être tenue. Dès le lendemain du vote, les chefs d'État tenteront de retrouver la maîtrise de ce poste clé.

Sans compter que la disette budgétaire décourage la mise en commun de ressources pour financer les projets d'infrastructures dont l'Europe aurait tant besoin dans le transport ou l'énergie pour améliorer sa compétitivité. Aussi le terme de statu quo est trompeur. Déclin serait plus juste.

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Lire aussi : Les trois destins possibles pour l'Europe

>>> L'effondrement ou le krach italien (1/3)

>>> Le sursaut, ou la communauté de l'euro (2/3)

>>> Le statu quo, ou le lent déclin (3/3)

Florence Autret

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Commentaires 26
à écrit le 18/04/2014 à 13:03
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Profondément démocrate, je trouve profondément choquant qu'une entité totalitaire, l'Europe, règne au-dessus des états . Comme on donne aux élus la responsabilité de donner l'orientation générale de leur politique, je ne vote que pour des personnes ...

à écrit le 15/04/2014 à 11:17
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Courage : lorsque les partis nationalistes auront plus de 100 voix sur les 766 du parlement européen : 1°l'euro baissera, 2° les contrôles aux frontières seront plus strictes Rien que cela améliorera la situation

à écrit le 14/04/2014 à 10:17
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Même les Européistes les plus convaincus ne peuvent qu'être déçus par l'Europe. Déficit démocratique (technocratie), absence de politique monétaire, ouverture complète à la concurrence (alors que les marchés américains ou asiatiques se protègent mieu...

à écrit le 12/04/2014 à 15:00
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ce scenario est tout a fait crédible , les euro-septiques eux vont faire de bons scores dans de nombreux pays , cela risque a terme de scléroser l'Europe et bruxelles avec des risques sur l'euro qui sera de mauvaise facture , il faudrait reformer la ...

à écrit le 12/04/2014 à 13:54
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Le déclin et le fascisme anti jeune, anti croissance, anti travail, la faute à qui?

à écrit le 12/04/2014 à 13:20
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l'Europe en "l'ETAT", NON!NON ! et NON!!!!!

à écrit le 12/04/2014 à 8:00
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La constitution des listes par les partis pour déterminer les futurs députes européens est décourageante. Doit-on considérer comme professionnel de la politique une personne jamais élue localement sous son nom, et donc n'ayant jais exercé un mandat l...

à écrit le 12/04/2014 à 1:34
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Il faut arrêter de tout mettre sur le dos de l'Europe et l'euro comme le font injustement les partis populistes, alors que ce sont les Nations qui sont individuellement les plus fautives pour certaines d'entre-elles aux améliorations et avancées de l...

le 13/04/2014 à 15:18
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Vous vivez ou ? Au USA ?

à écrit le 11/04/2014 à 23:15
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Fin définitive de cette Europe!!

le 12/04/2014 à 1:37
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Facile de détruire mais vous proposez quoi à la place ? On a vu Marine le Pen sur Antenne 2 l'autre soir, elle n'avait plus d'arguments face à des gens dans la réalité (chefs d'entreprises, syndicats, économistes etc) et encore ils étaient gentils.

le 12/04/2014 à 13:18
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Souveraineté! chacun chez soi!

le 13/04/2014 à 9:07
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Des "gens dans la réalité" comme le rentier permanent syndical qui n'a pas bossé depuis 20 ans ou le millionnaire à la brettling ? Vos "gens dans la réalité" vont finir par rendre Le Pen sympathique ...

le 14/04/2014 à 6:55
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@ troll : comme Marine le Pen vous manquez d'arguments au FN !

à écrit le 11/04/2014 à 21:20
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Il faudrait surtout que la France deviennent plus autonome, au moins sur les produit de première nécessite. Et si pour ce faire il faut qu'on quitte l’Europe et l'euro qu'attendons nous? Ah oui c'est vrai l'Europe et l'euro rapporte des millions à no...

le 12/04/2014 à 1:51
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L'Europe des 28 a un budget inférieur au gouvernement par exemple français. C'est plutôt le mille feuilles des 28 pays qui coûte et qui a besoin d'être réformé. Et j'aimerais bien que vous m'expliquiez comment l'Europe rapporte à nos élites quand en ...

le 13/04/2014 à 16:32
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Pro-européen Quand il a fallu remettre en selle les banques en France,l'Europe elle était ou ? résultat 506 Milliards d'euros de plus au déficit sous Sarko 1er.L'Europe, l'Europe elle a atteint ses limites.

à écrit le 11/04/2014 à 19:45
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On espère que l' UE ne soit pas mauvaise perdante et ne creuse notre tombe par dépit!

à écrit le 11/04/2014 à 18:00
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RAPIDE DECLIN ! plutôt!! sale expérience que cette Europe!!!

le 12/04/2014 à 2:03
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En 1870, 1914, 1940 c'était bien pire.

le 12/04/2014 à 13:19
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ça va pas tarder!

à écrit le 11/04/2014 à 16:51
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Je pense que le clash européen est à nos portes. Le mieux serait de revenir aux simples nations autonomes mais mondialement. Cette mondialisation et continentalisation fut un échec. Chacun des états (le peuple) veut garder ses propres valeurs et trad...

le 12/04/2014 à 2:01
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Pourquoi de nombreux pays d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie et même la Russie avec la CEI, sont-il en train de créer des marchés et des monnaies sur des modèles au final assez similaires à l'Europe ? Et pourquoi faudrait-il que nous fassions l'inv...

le 12/04/2014 à 2:03
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Pourquoi de nombreux pays d'Afrique, d'Amérique latine, d'Asie et même la Russie avec la CEI, sont-il en train de créer des marchés et des monnaies sur des modèles au final assez similaires à l'Europe ? Et pourquoi faudrait-il que nous fassions l'inv...

à écrit le 11/04/2014 à 14:30
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On parie que c'est ce qui va arriver si il n'y a pas un crack de la dette avant.

le 12/04/2014 à 2:08
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Le Japon entre autres est bien plus endetté alors qu'il n'est pas dans l'Europe. Et si l'euro avait été plus faible, l'Europe aurait été plus endettée car elle importe beaucoup. Des pays individuels craquent bien plus vite que l'Europe en ce moment. ...

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