Bataille en vue pour les postes clés de l'Euroland

Les élections donneront le top départ d'un jeu de chaises musicales qui devrait déboucher sur un renouvellement complet des dirigeants de l'Union européenne.
Florence Autret
La Première ministre danoise, Helle Thorning-Schmidt, candidate à la présidence de la Commission. Ses atouts : être une femme, sociale-démocrate, appréciée des Européens du Nord. / Reuters

Les candidats sont nombreux, mais bien malin qui pourrait parier sur la composition de cette future équipe. Une chose est sûre : elle devra respecter l'équilibre entre pays du Sud et pays du Nord, grands et petits, entre couleurs politiques, mais aussi entre hommes et femmes.

La Commission européenne

La désignation du président de l'exécutif européen sera la grande affaire de l'après-25 mai. Et elle s'annonce délicate.

Depuis des mois, les partis assurent que le poste devrait revenir à la tête de liste du parti arrivé en tête des élections. Mais le traité de Lisbonne ménage en réalité le pouvoir de désignation des chefs d'État et de gouvernement, le Parlement n'étant appelé qu'à confirmer ce choix... ou à le rejeter.

Un bras de fer entre les deux institutions ne peut donc être exclu. En attendant, les spéculations vont bon train au sujet de possibles candidats surprises. Parmi eux, deux femmes retiennent l'attention. Helle Thorning-Schmidt, à la tête du gouvernement social-démocrate danois à Copenhague. De gauche, parfaitement anglophone, elle jouit d'une excellente image dans le nord de l'Europe.

« Comment le Parlement, qui a fait de la parité une priorité, pourrait-il s'opposer à la nomination d'une femme ? » interroge une source bruxelloise.

Il faudrait alors trouver un point de chute à Martin Schulz, le candidat du PSE. Christine Lagarde suit également de près le mercato bruxellois, mais son départ anticipé du FMI placerait les Européens dans une situation délicate au sein de l'organisation, risquant de leur faire perdre ce poste stratégique.

Le service européen d'action extérieure

Le poste de premier diplomate, incarné par Catherine Ashton depuis 2010, aiguise les appétits. Le poste est promis à un bel avenir, avec la crise ukrainienne et la montée en puissance du réseau diplomatique européen. Qui sera l'heureux élu ? Trop tôt pour le dire.

La baronne Ashton n'avait même pas fait acte de candidature. Quand elle a appris qu'elle était nommée par le Conseil européen, elle s'apprêtait à prendre l'avion pour Londres.

Pas de candidat officiel, donc, mais une pléthore de prétendants, une dizaine au moins, à commencer par Radek Sikorski. Atlantiste et anglophone, libéral ayant grandi au Royaume-Uni, le ministre des Affaires étrangères polonais est notamment en concurrence avec le chef de la diplomatie néerlandais, le travailliste Frans Timmermans, qui vient de signer une tribune très programmatique avec son homologue allemand, Frank-Walter Steinmeier.

Nommer un Polonais à ce poste en pleine crise ukrainienne semble toutefois délicat. L'actuel secrétaire général de l'Otan, le Danois Anders Fogh Rasmussen, pourrait rallier tous les suffrages... sauf si sa concitoyenne Helle Thorning-Schmidt accédait à la présidence de la Commission.

L'Eurogroupe

Officiellement, le poste de président du conseil des ministres des Finances de la zone euro n'est pas à pourvoir. Jeroen Dijsselbloem, le ministre des Finances néerlandais, aimerait rester jusqu'en 2015, comme prévu.

Le Néerlandais, qui avait fait des débuts moyens pendant la crise chypriote, a manifesté beaucoup de doigté sur le dossier de l'Union bancaire. S'il devait rester, il lui faudrait renoncer quoi qu'il en soit à ses fonctions ministérielles à La Haye, les dirigeants de la zone euro souhaitant faire de ce poste un job à temps plein.

La nomination du conservateur espagnol Cristóbal Montoro, ministre des Finances dans le gouvernement Rajoy, permettrait d'octroyer un poste au « Sud ».

Le Conseil européen

Après avoir inauguré la fonction, Herman Van Rompuy ne rempilera pas à la présidence du Conseil européen, le cénacle des chefs d'État et de gouvernement des Vingt-Huit. La tête de liste du PPE, Jean-Claude Juncker, est officieusement candidat. Mais il y a fort à parier que la présidence du Conseil européen, un poste à temps plein qui ne peut revenir qu'à un ancien chef de l'exécutif, servira de variable d'ajustement dans le mercato postélectoral.

Florence Autret

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Commentaire 1
à écrit le 15/04/2014 à 15:05
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On nous montre surtout ici des atlantistes. Si l'Europe doit être sous influence, je préfère encore qu'on en sorte.

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