Créer des emplois d'avenir en Antarctique, c'est possible !

Pour notre contributeur Mika Mered, la France doit élargir son champ de vision temporel et géographique pour espérer sortir de la crise. Et pour lui, il reste à l'Hexagone une carte maîtresse à jouer: le développement des iles subantarctiques françaises, qui pourrait générer des emplois, augmenter ses ressources, et asseoir sa puissance diplomatique.
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Arraché par le tandem Hawke-Rocard en 1991, le Protocole de Madrid protège en théorie l'Antarctique des velléités d'exploitation commerciale jusqu'en 2048. Cependant, toutes les grandes puissances prennent actuellement les devants en développant des plans antarctiques pluri-décennaux aux ambitions d'exploitation commerciale.
Avec la Russie et la Chine, fossoyeurs du Protocole de Madrid, l'exploitation sera une réalité bien avant 2048 comme le démontre notamment Anne-Marie Brady, professeur à l'Université de Canterbury (Nouvelle-Zélande), depuis plusieurs années. Dès lors, devant ce scénario se pose une question légitime : pourquoi la France devrait-elle une nouvelle fois être spectatrice de son futur ?

KERGUELEN, L'ATOUT-MAÎTRE

La France a une carte maîtresse à jouer dans la course à l'Antarctique avec ressources, croissance, et puissance diplomatique accrue à la clé : le développement de Port-aux-Français aux Îles Kerguelen. Abritée et viable toute l'année, peuplée d'une centaine d'âmes passionnées, Port-aux-Français est aujourd'hui la plus grande base polaire française (9.000m2). Elle fut dans les années 50 l'objet d'une étude visionnaire pour l'implantation d'un terrain d'aviation qui, malgré sa faisabilité alors prouvée, n'a jamais été réalisé.

Aujourd'hui, faire de Port-aux-Français le premier hub polaire à l'horizon 2050 est plus qu'un objectif réalisable, c'est un projet de développement prometteur à bien des égards.
Située à quasi équidistance entre Afrique et Australie, à la limite des océans Indien et Austral, Port-aux-Français jouit de la proximité du continent Antarctique sans en partager la rigueur du climat. Ile volcanique subpolaire, asismique, aux températures rarement négatives, grande comme six fois la Martinique, Grande-Terre est l'Islande du grand sud : isolée, lunaire, mais aisément colonisable, elle est la porte d'entrée du cercle polaire Antarctique et l'avenir de la mission polaire française.

Projet d'envergure historique, ce hub polaire serait une vitrine du génie français du XXIè siècle au même titre que le Concorde, Kourou, ou encore la filière nucléaire au siècle précédent. Port-aux-Français pour faire rêver la planète et prouver aux puissants que le Made in France est le plus beau joyau de notre couronne républicaine. Attractive de par sa plateforme multimodale révolutionnaire, Port-aux-Français serait, comme l'Islande, exclusivement alimentée par des sources d'énergie renouvelable, permettant ainsi enfin l'éclosion d'une filière cleantechs d'envergure mondiale en métropole mais surtout à La Réunion. L'administration des Terres Australes et Antarctiques Françaises étant implantée à Saint-Denis, voilà de nouvelles perspectives concrètes de développement industriel et universitaire durables pour l'île ?perspectives dont sa voisine Mayotte profiterait également à terme.

UN PONT ENTRE NATIONS ENGAGEES
De plus, en amont d'un tel outil, ne pourrait-on pas rêver d'une Agence Antarctique Européenne sur le modèle de l'Agence Spatiale Européenne ? La France doit être capable de développer le même type d'alliance vertueuse avec ses voisins européens, Norvège, Italie et Belgique en tête. Dans la course polaire, Japon, Corée du Sud, Inde, Chine et Russie dépendent d'Etats riverains de l'Antarctique alliés dans certains cas, mais ayant tous des intérêts directs divergents à long terme. Face à cette limite technique à leurs aspirations, ces acteurs majeurs sont demandeurs d'une nouvelle offre de sécurité politique dans leur logistique polaire pour assurer leurs futures stratégies d'exploitation.

Or, grâce à la centralité de Port-aux-Français pour les clientèles européennes et asiatiques, moteurs premiers du futur marché Antarctique, la facilité de liaison avec Dubaï, futur numéro un mondial de la logistique, et des infrastructures multimodales révolutionnaires ils pourraient trouver en la France un partenaire polaire idéal. De surcroît, ils pourrait être assurés d'une convergence des intérêts stratégiques car la France pourrait profiter d'assumer le leadership logistique des BRIC, pour durablement se poser comme l'intermédiaire privilégié du dialogue Nord-Sud, renforçant ainsi sa place sur la scène mondiale et son attractivité politico-économique chez les émergents. A ces titres, Port-aux-Français jouirait à long terme d'une attractivité supérieure à ses concurrents directs, Port Stanley (Malouines, R-U) et Hobart (Tasmanie, Australie), desquels les émergents cherchent à se passer. En somme, les externalités positives d'un tel projet sont potentiellement innombrables sur le papier.

La crise est une chance!

Après avoir raté le train de 2000-2020, la relance de notre modèle social et économique passe aujourd'hui par la préparation des enjeux de milieu de siècle. Au-lieu de chercher à s'adapter au présent avec des contrats de génération sans lendemain, et un endettement sans retours sur investissement, accordons-nous le temps de retrouver une envie d'avenir, un projet national.

La crise nous impose de jouer aux Jules Verne et imaginer l'avenir. A cet égard, Port-aux-Français offre à la France bien plus que la possibilité déjà enviable de rebattre les cartes du jeu Antarctique. Dès lors, en faire une vitrine logistique d'envergure mondiale, voilà un des enjeux premiers de la politique polaire française de ce siècle !

 

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Commentaires 19
à écrit le 21/06/2013 à 5:02
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Pour qui connait les TAAF , ( je ) mais quel article crétin ! Je passe sur les coms, c'est de la même veine L'humanité finalement a t-elle encore un sens ? !

le 22/06/2013 à 21:19
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Pas complètement convaincu par ce plaidoyer qui mérite approfondissement, mais pour qui connaît les TAAF (je), c'est vraiment trop dur pour certain de voir l'avenir. Le changement c'était pas maintenant?

à écrit le 19/06/2013 à 17:14
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On pourrait déplacer les prisonniers en longue peine aux Kerguelen. Il y aurait là bas pleins de moutons, de l'espace, mais ils seraient enfermés sur une île. La plus grande île-prison au monde. D'autres pays pourraient y participer. Après tout ceux ...

le 19/06/2013 à 21:53
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Yuk... c'est sérieux ça?

à écrit le 19/06/2013 à 12:01
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J'avoue ne pas très bien comprendre cette plaidoirie pour Kerguelen. Ces îles sont battues par des vents extrêmement violents la majeure partie de l'année ce qui rendrait l'atterrissage des avions très périlleux. Quant au climat, il rend illusoire to...

à écrit le 18/06/2013 à 17:29
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Article intéressant, très "lateral thinking". L?idée de construire un hub logistique dans les TAAFs est sans doute à creuser. Mais il faudra développer ces îles afin de pouvoir gagner la compétition face à des zones plus développées et situées à peu...

à écrit le 18/06/2013 à 16:35
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Quand on nous communique une information aussi importante, ne devons-nous pas d'abord remercier les journaux ? Tout comme les reporteurs, qui, après leurs recherches, publient leur article. Il n'est pas très intelligent de traiter les gens comme vou...

à écrit le 18/06/2013 à 15:11
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pour faire de vraies économies, il faudrait aussi supprimer le conseil économique et social et le sénat

à écrit le 18/06/2013 à 13:36
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Avant l'Antarctique on pourrait un peu plus se préoccuper de mettre en valeur tout le périmètre ZEE de la France (le second au monde quand même) au lieu de laisser les autres puissances ratisser, et mal, les ressources de ces territoires.

le 18/06/2013 à 15:39
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90% de la ZEE française est située dans l'hémisphère sud, il faut avoir les moyens de nos ambitions... Il y a juste 3 bâtiments de la Royale pour surveiller les TAAF !

à écrit le 18/06/2013 à 12:59
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On peut effectivement se demander pourquoi cette île n'est pas davantage mise en valeur. Si c'est pour ne rien en faire, on pourrait la vendre aux Chinois.

à écrit le 18/06/2013 à 12:23
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Une rapide recherche sur la toile montre que ce fameux contributeur (consultant) prêche pour son propre business (Polariis AS). Objectivité...

le 18/06/2013 à 23:07
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C'est inscrit noir sur blanc sur la page d'accueil du blog... Faut pas voir le mal partout!

à écrit le 18/06/2013 à 11:10
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Incroyable de lire autant de stupidités provocatrices dans la presse Française. Mme et Mrs les journalistes vous n'avez vraiment plus aucune compétence et sujet utiles à traiter au point de laisser la plume à des petits Hitler de l'environnement ?? ...

le 18/06/2013 à 12:01
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en effet, il vaut mieux faire l'autruche et laisser les chinois utiliser les mers à leur guise. Sans les moyens de faire respecter ces "zones de protection intégrale", on se voile la face. Prendre en main le futur des ces zones et le faire évoluer en...

le 18/06/2013 à 16:17
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@comment pouvons nous tomber aussi bas!! je vous renvoie le compliment car le seul bon raisonnement acceptable serait de défendre le protocole de Madrid!!!! l'exploitation de l?antarctique est rendu possible par l'activité de l'homme et il faudrait a...

le 18/06/2013 à 17:49
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"Port-aux-Français serait, comme l'Islande, exclusivement alimentée par des sources d'énergie renouvelable, permettant ainsi enfin l'éclosion d'une filière cleantechs d'envergure mondiale en métropole mais surtout à La Réunion." On parle bien de bila...

à écrit le 18/06/2013 à 10:57
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et une fois, aux noms des sacro-saints "emplois", on aura tout pollué, comme le reste, on fera QUOI??? quel monde de C.NS !!

à écrit le 18/06/2013 à 10:31
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J'aurais aimé que ce papier explique surtout pourquoi l'Antarctique sera exploité sans nul doute selon l'auteur. C'est un sujet fort polémique que votre contributeur avait déjà proposé voilà quelques mois dans chez nous en suisse: http://www.rts.ch/l...

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