L'Expo universelle Paris 2025 serait « un grand village connecté »

Jean-Christophe Fromantin, le successeur de Nicolas Sarkozy à la mairie de Neuilly-sur-Seine, est à l'origine d'une candidature au modèle économique original pour l'Expo universelle de 2025, faisant la part belle à la ville connectée. L'enjeu : donner au Grand Paris « un formidable coup d'accélérateur, sans aucune inflation de coûts ».
Selon Jean-Christophe Fromantin, « Notre patrimoine sous-tend notre performance économique. Il faut continuer à être cité pour notre image. Nous avons un devoir impérieux de toiletter tout cela ».

LA TRIBUNE. Vous allez boucler dans quelques jours la mission d'enquête parlementaire sur l'Exposition universelle de 2025. Avez-vous l'impression que l'idée prend ? Qu'elle est viable ?

JEAN-CHRISTOPHE FROMANTIN. Le concept est de mieux en mieux compris. L'idée de départ, notre idée forte, est de monter une Exposition universelle qui ne soit pas une exposition. Du moins pas au sens littéral du terme. Ce sera une rencontre, un partage de cultures, et le fait d'exposer aura beaucoup moins d'importance que celui de se rencontrer et d'échanger. Le modèle économique n'est donc pas celui de la débauche de moyens et de constructions, mais celui de la rencontre et celui, surtout, de l'hospitalité. C'est cela qui, pour moi, rend le projet à la fois excitant et raisonnable. Il est très nouveau dans son approche, et sa réussite ne dépend absolument pas des montants investis.

Rien à voir avec l'Expo de 2010 à Shanghai ou celle de 2020 à Dubaï, dans laquelle 5 milliards vont être investis ?

Absolument rien. D'ailleurs, cela ne marchera jamais chez nous si nous travaillons sur le modèle des pays émergents. Nous n'en avons ni les moyens, ni l'appétence. La Chine et les Émirats arabes unis font une démonstration de force : ils regorgent de capitaux et tout est à construire chez eux. Nous ne sommes pas dans la même équation : nous avons, même s'il se délite un peu, un héritage incroyable et un regard sur la mondialisation radicalement différent. C'est peut-être un peu l'erreur de Milan 2015 : les Italiens ont voulu une Exposition classique avec des pavillons à la périphérie de la ville. Mais ils n'ont pas la puissance financière de Dubaï et je ne crois pas que Milan et sa banlieue aient un pouvoir d'attraction très considérable. À Rome, peut être... Nous, en revanche, c'est magique ! Nous allons croiser le patrimoine et la modernité. Ceux qui viennent à Paris pour le patrimoine vont le découvrir totalement modernisé. L'effet va être énorme. Nous allons construire une Exposition universelle en partant de ce que nous sommes, pas en prenant trois cents hectares de champ de patates en Picardie et en construisant un métro pour y aller.

Comment allez-vous faire entrer toute une Exposition universelle en plein coeur de Paris sans rien dénaturer ?

Il y a en fait trois cercles dans notre projet. Le premier, le coeur de l'Expo, le village de l'Exposition universelle, c'est le pôle entre La Défense, le Louvre, les Invalides, le Champ de Mars et la Seine. Ce périmètre c'est toute l'histoire des expositions universelles avec le pont Alexandre III, le Grand Palais, la Tour Eiffel... ce sont tous les monuments sur lesquels pourront s'adosser les pays accueillis. À chaque pays nous allons proposer de s'adosser à l'existant de manière à éviter la surenchère dont le pays hôte est forcément prisonnier.

Dans une Expo classique, les Américains nous diraient, par exemple, qu'ils vont dépenser 100 millions dans un pavillon sur le Champ de Mars. Nous ne pourrions pas faire moins que d'en mettre 200 ou 300 !

Nous évitons cette surenchère de pavillons en adossant les gens à l'existant. En leur demandant de réinvestir l'existant, nous évitons l'inflation des coûts car dans ce village personne n'aura de pavillon. Mais nous allons installer, c'est encore à imaginer, des balises pour tous les pays avec des thèmes de rencontres. À eux, avec le numérique, le virtuel, la réalité augmentée, de faire leur show. Nous leur dirons : ce village est improbable mais ce sera le plus beau village du monde pendant six mois dans la ville la plus touristique du monde. Vous n'aurez pas de pavillon mais toutes les connexions possibles. Ils partageront même la tour Eiffel, Orsay, le Grand Palais, et le monde entier se promènera dans ce village connecté.

Rien à toucher, à voir « en vrai » ?

Si, mais dans le deuxième cercle, celui de l'animation. Tout autour de Paris, nous allons organiser des pôles thématiques. À Saclay, le lieu de l'innovation, à Plaine commune celui de la création, etc. Et là, nous reprendrons le modèle du XIXe siècle : dans le pôle de l'innovation tous les pays présenteront des innovations; ailleurs, ils organiseront des spectacles, et ils participeront tous au plus grand restaurant du monde que nous allons créer à Rungis, avec 7.000 places. Là aussi, nous nous adossons à l'existant : les pays ne dépenseront rien pour les pavillons, mais ils animeront les lieux par leur culture ou leurs innovations. Ils mettront du contenu, de la rencontre - notre thème, c'est l'hospitalité.

Bien sûr, le nouveau modèle de transport, la ligne 13, le métro du Grand Paris, le Charles-de-Gaulle Express sont essentiels. Ce projet est en fait un plan de relance, un accélérateur d'infrastructures, et je crois aussi que c'est comme cela que le gouvernement est en train de l'intégrer. L'idée, c'est que l'on puisse faire le tour du monde avec le Grand Paris Express. Et, avant 2025, il va falloir construire beaucoup.

En fait, ce n'est pas Expo France, c'est plutôt Expo Grand Paris ?

Non. Nous sommes en train de faire le tour des grandes métropoles françaises pour qu'ils accueillent les grands colloques thématiques. Les maires des grandes villes sont en train d'arriver dans l'opération.

Votre modèle économique n'a rien à voir avec celui d'éventuels Jeux olympiques ?

Nous avons fait en sorte que le sujet des sites ne soit plus un sujet inflationniste, comme ce fut le cas pour toutes les autres Expositions universelles. Pour l'instant, le projet agit comme un catalyseur. Pour les entreprises comme pour les communes. Je suis étonné car ces dernières, sans qu'on leur demande, viennent signer. Les conseils généraux s'y mettent, tout le monde arrive. Regardez la liste des partenaires (1). Je pense que l'on peut vraiment retourner l'opinion sur ce Grand Paris que personne n'a encore très bien compris. C'est un peu flou, des rails et du câblage, cela ne fait pas forcément rêver. Là, nous avons un projet et les gens vont comprendre à quoi sert ce câblage.

La rivalité avec Londres pour avoir l'Exposition vous stimule ?

Nous ne sommes pas dans la même stratégie. La France est dans une stratégie d'image à l'international. L'économie de la France est sous-tendue par son image, de l'agroalimentaire au luxe en passant par la santé, l'hôtellerie ou le bien-être. Notre patrimoine sous-tend notre performance économique. Il faut continuer à être cité pour notre image. Nous avons un devoir impérieux de toiletter tout cela, et notre vrai message c'est de donner un énorme coup de booster au patrimoine, montrer qu'il n'est pas désuet et qu'il est en phase avec la modernité et le réintermédier dans notre politique de l'offre dans le monde entier. L'enjeu est de requalifier le patrimoine, de revisiter ce que l'on a, de le retravailler.

(1) www.expofrance2025.com

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Commentaires 5
à écrit le 30/10/2014 à 11:21
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La ville connectée, c'est quasiment un pléonasme, et c'est fait depuis longtemps. Encore une guerre de retard, Monsieur le Maire de Neuilly ?

à écrit le 30/10/2014 à 8:59
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D'ici a 2025, les pavés auront volés !

à écrit le 30/10/2014 à 8:24
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Et au final c est le contribuable qui paie...

à écrit le 29/10/2014 à 23:08
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Bon projet

à écrit le 29/10/2014 à 17:54
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Il nous faudrait décupler, centupler, "millierpler" etc ... ce genre d'initiatives à la Disney ! La France doit etre exploité au maximum pour son attrait connu mondialement et toutes les régions doivent etre associé. Ce plan de travail ne peut que s...

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