Gare à la démotivation !

La démotivation gagne les troupes. Ici, ailleurs, on sent que le moral est au plus bas. Effet de la crise ? Seulement par ricochet. Depuis des mois on a tous appris à vivre avec. Non la lassitude dans les entreprises, l'épuisement, émergent de situations bien précises, touchant les individus de très près, au cœur même de leur activité.
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Le cabinet de conseil en direction générale Bain&Company s'est penché sur « l'alchimie de l'enthousiasme » ou comment des employés impliqués font des clients fidèles. « En France, le niveau de motivation des employés est en moyenne assez faible. Seul un petit nombre d'employés est véritablement prescripteur de leur entreprise. Ceci a un impact extrêmement fort sur l'expérience client : des employés motivés contribuent à rendre les clients prescripteurs, ce qui au final a un impact important sur la performance économique de l'entreprise. Il s'agit d'un cercle vertueux qui peut être mis en place en actionnant les bons leviers. » explique Domenico Azzarello, Associé du cabinet Bain & Company et responsable du pôle de compétences Stratégie Clients & Marketing. Comme selon ce cabinet de placer les employés au c?ur de la boucle du retour d'expérience client, de changer les indicateurs de performance qui au lieu d'être liés aux coûts peuvent s'ajuster sur la satisafction des clients(une recette qui a fait ses preuves), ou encore donner aux employés plus de liberté pour améliorer l'expérience client. L'étude de Bain&Company démontre que l'efficacité décisionnelle est étroitement liée à un plus fort taux d'engagement salarié.

Mais là où la démotivation est dangereuse c'est qu'elle est le plus souvent niée, voire ignorée par les responsables, toujours très satisfaits de leurs politiques et de leurs stratégies. Ces derniers sont persuadés qu'en maintenant de bonnes relations de travail entre leurs collaborateurs et avec les clients, cela suffira à satisfaire les salariés. Ce que veulent cependant ces derniers c'est qu'on reconnaisse leurs efforts et qu'on leur propose des évolutions de poste.

En matière de démotivation, c'est toujours le même ressort : la reconnaissance et l'écoute. Mise à part ceux qui arrivent à se passer du regard de l'autre -grâce souvent à une bonne estime de soi ou à des objectifs personnels ultra clairs- la majorité d'entre nous avons tous le même besoin (fondamental) : se sentir exister dans son travail. Or montrer à ses collaborateurs qu'on les apprécie n'est pas la même chose que leur faire un compliment. La considération ou l'estime s'adressent à des activités professionnelles. Dire à quelqu'un «tu es chic aujourd'hui » reste un compliment...sympa mais pas très efficace en matière de motivation ! En revanche dire « ta présentation était très bonne, ton projet excellent », là vous montrez que vous appréciez son travail. Soyez précis ! Dire « j'aime bien ce que tu fais » est différent de souligner « sur ce projet tu as vraiment donné le meilleur de toi ». Là cela constitue une vraie récompense (donc une motivation) pour l'effort fourni. Enfin demander conseil, écouter les propositions, tenir compte des avis, reste de bon augure. Rien de pire que le flou, la masse d'éloges qui tombent du ciel -cela nuit à la crédibilité- et le trop plein. Inutile d'exprimer ce que vous n'appréciez pas. Dites plutôt ce que vous souhaitez. Restez positif et clair en toute circonstances. Quand les collaborateurs sont démotivés, c'est bien souvent que la direction n'a pas trouvé le bon moyen. C'est-à-dire la façon de considérer ses salariés, de les impliquer, d'affronter les problèmes. Et surtout de faire valoir les valeurs qui animent ce corps social. L'objectif n'étant d'ailleurs pas de motiver les individus mais d'éviter qu'ils ne se démotivent et de leur donner suffisamment d'éléments pour qu'ils puissent maintenir leur auto-motivation (la seule qui fonctionne) et leur estime d'eux-mêmes.

Si l'on en croit les recherches en neuro-sciences et sciences du comportement, la motivation dite « primaire » reste la plus durable d'entres toutes. Certes, elle se constitue dès le plus jeune âge mais se traduit ensuite par l'adhésion à certaines valeurs que nous considérons comme fondamentales dans notre existence ou encore par un art de vivre qui nous correspond vraiment. « Elles renvoient à la notion de plaisir en soi et ne sont liées ni à un quelconque résultat ni à la reconnaissance des tiers. Elles restent stables tout au long de la vie », note Jean-Louis Prata, directeur R&D de l'IME Institut de Médecine Environnementale) et de l'INC (Institute of NeuroCognitivism). D'où l'importance de les mobiliser pour permettre de se ressourcer et de s'épanouir.

L'objectif consiste donc à donner envie et à permettre aux individus de se réaliser dans l'entreprise. Car la démotivation est dangereuse parce qu'elle sape la confiance en soi. Un travail qui permet à une personne de s'affirmer et de réaliser ses objectifs lui permet d'évoluer. L'essentiel étant de se sentir performant pour soi. Si maintenir son état d'enthousiasme exige un travail personnel, une philosophie de vie qui relativise les difficultés et permet d'accepter certaines contradictions, il faut aussi que le cadre dans lequel on évolue le permette. Et si vous vous sentez démotivé, ou si vous n'arrivez pas à motiver vos équipes, ne restez pas dans la passivité, source d'insatisfaction chronique. Ecoutez, sondez. Et embarquez- vous dans une analyse des peurs, des valeurs, des désirs. Mais pour accomplir la traversée, je vous préviens, il vous faut une sacrée dose de motivation !

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Commentaires 14
à écrit le 12/02/2013 à 12:43
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Nous sommes les premiers con-sommateurs d' antidépresseurs...normal, nos politiques et technocrates nous démotivent et nous rendent malade....Au moins un secteur florissant... l'industrie pharmaceutique..même si la sécu est en faillite...Si on pouvai...

à écrit le 06/02/2013 à 23:16
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Alors ce gouvernement qui n'en fait qu'à sa tête et néglige les aspirations des français à travailler pour simplement vivre, est bien issu de nos élites disjonctées.

le 07/02/2013 à 9:24
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Nos élites disjonctées, comme vous avez raison! mais , ils n'ont pas de souci que leur boite ferme, ces messieurs, ils retomberont toujours sur leurs pattes,ils ont de QUOI, derrière...!

à écrit le 06/02/2013 à 22:29
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Et bien sûr on travaille gratuitement parce qu'on veut se "réaliser" bénévolement... Avec leur mentalité marxiste, les dirigeants ne voient dans les salariés que des coûts qu'il faudrait réduire (sans foi ni loi) ou contraindre (compassion et paterna...

le 07/02/2013 à 8:20
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@toccata Celle la, il fallait oser. La France est peuplée de dirigeants d'entreprises adeptes du Marxisme. Avec une telle finesse d'analyse on n'a besoin de personne pour se couler tout seuls. Brillant, il n'y a pas d'autre mot. Avec une telle aisan...

le 07/02/2013 à 22:04
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Mais je confirme mes propos! Le problème est plus complexe et plus ancien. Et je simplifie en assimilant à du marxisme un certain mode de pensée économique qui existait déjà bien avant Marx, avec Colbert ou Steuart par exemple. Mais le résultat est l...

à écrit le 06/02/2013 à 22:01
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Majeure avec les us. La bas, il ya des chomeurs motives et chez nous des chomeurs demotives. ..

à écrit le 06/02/2013 à 21:10
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les DRH prefere la retorsion a la motivation, n ayant rien a proposer a moyen ou long terme leurs médiocrités s amoncellent malgré les coloques les seminaires ils ne proposent rien alors ils se replient sur le harcelement les bassesses du managment a...

à écrit le 06/02/2013 à 20:54
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en France quand les X ou autres gdes écoles qui managent les grandes boites auront compris que même quand on a pas fait une grande école , on vaut beaucoup plus qu'un simple exécutant, les boites françaises et donc la France iront beaucoup, mais alor...

à écrit le 06/02/2013 à 20:40
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Il y a deux chose qui démotivent les salariés: être dirigé par des incompétents et être pris pour des idiots payés en belles paroles. Au bon temps où l'Union était encore soviétique on disait à l'Est: "tu fais semblant de me payer, je fais semblant d...

à écrit le 06/02/2013 à 19:49
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Oui c'est vrai la démotivation est à son comble quand on travaille dans une entreprise qui ferme ses portes dans 15 mois. Crédit Immobilier de France, 2500 salariés licenciés, 80 millions de bénéfices. Dans le plus grand silence et le plus grand mépr...

à écrit le 06/02/2013 à 19:10
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avec un pays qui va au tas et des syndicats dont le but ultime est de faire la lutte des classes en coulant les boites, ca laisse pas bcp d'ouverture pour le futur... vt mieux changer de pays

à écrit le 06/02/2013 à 18:29
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Que d'enfonçage de portes ouvertes ! Tout le monde est au courant, sauf les principaux acteurs, à savoir les DRH et les cadres dirigeants.

le 14/02/2013 à 9:34
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Bien vrai ! Je penche plus pour les DG qui n'écoutent pas la DRH (leur présence donne bonne conscience à la DG et permettent d'assurer l'admin). Le DRH a appris durant toute sa formation que ce qui compte dans une entreprise c'est le capital humain.....

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