Neodemia : "Nous ne sommes pas concurrents des agences de e-learning"

Laurent Boinot a créé Neodemia, une startup spécialisée dans l'hébergement de MOOC.

En 2013, Laurent Boinot a fondé Neodemia avec Samuel Soubeyran, une startup spécialisée dans l'hébergement de MOOC. Dans ce contexte, l'entreprise a travaillé avec des entreprises comme BNP Paribas, le cabinet BDO, les éditions "Aux forges de Vulcain" sur l'écriture d'oeuvre de fictions, ou sur le don de vie avec l'association Laurette Fugain. Je suis donc allé à la rencontrer de Laurent pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de son projet.

La Tribune - Qu'est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans la création de cette entreprise ?

Laurent Boinot - En 2011, j'étais manager dans un cabinet de conseil. J'étais plutôt très occupé mais je me suis inscrit par curiosité à un cours d'intelligence artificielle proposé gratuitement sur internet par l'université de Stanford.

Cette expérience m'a convaincu de m'intéresser de près aux bouleversements en cours dans l'éducation. L'explosion des MOOC aux États-Unis, puis leur arrivée en Europe restait très universitaire. J'y ai donc lancé un projet avec un angle diffèrent.

Vous vous êtes plutôt spécialisés aux entreprises, qui commencent à montrer un intérêt croissant pour la question. Quelle est l'origine de ce choix de votre part ? Quels étaient les objectifs des entreprises partenaires en se lançant dans de tels projets ?

Il me semblait que, comme la presse ou l'industrie du disque avant elle, les institutions d'enseignement supérieur se lançaient dans les MOOC pour y renouveler leur modèle d'affaires.

Je pensais que les entreprises et associations avaient aussi quelque chose à gagner à faire des MOOC. C'est ce que nous démontrons avec le succès de Neodemia.

De même, vous vous focalisez davantage sur l'aspect hébergement du MOOC - via la technologie Open edX du MIT - que sur les questions de scénarisation ou de conception des cours. Pourquoi cette orientation ?

En effet Neodemia est principalement une plateforme de MOOC d'entreprises / associations. Nous n'avons pas vocation à concurrencer les agences de e-learning. Au contraire, certaines agences sont même devenues des partenaires avec qui nous travaillons sur des projets de cours.

Ceci étant dit, nous avons un regard sur le contenu des cours et sommes à même d'accompagner nos clients sur la scénarisation. Sur chaque projet, un ingénieur pédagogique Neodemia est l'unique interolocuteur de nos clients.

Vous avez plus d'une demi-douzaine de MOOC à votre actif. Quels sont les premiers retours d'expérience de la part des entreprises partenaires ? Des histoires inattendues ?

Honnêtement, dans notre domaine, les histoires inattendues ont tendance à être la norme. Les deux saisons du MOOC "Écrire une oeuvre de fiction", conçues avec les éditions Aux forges de Vulcain, ont permis d'identifier des auteurs prometteurs actuellement en cours de publication.

Ce que nous n'envisagions pas en revanche c'est que près de 2000 participants du cours retranscrivent et enrichissent le cours via notre onglet de travaux partipatifs. Cette version texte 'crowdsourcée' d'un cours qui n'était qu'oral a ensuite été financé participativement sur la plateforme Kiss Kiss Bank Bank et sera disponible en librairie avant la fin de l'année.

La boucle est désormais bouclée puisqu'à la demande des participants, David Meulemans, le président de la maison d'édition, propose dorénavant une version en présentiel de notre atelier d'écriture virtuel.

Et comment imaginez-vous la suite ? D'abord pour vous, et ensuite pour le marché des MOOC ? Pensez-vous que le format soit amené à se développer rapidement au cours des années à venir, en particulier dans le monde de l'entreprise ?

Pour ce qui de Neodemia tout d'abord, nous souhaitons aller plus loin dans la même direction en apportant toujours plus de valeur à nos clients et à nos utilisateurs.

Sur le cours "Devenir ambassadeur Laurette Fugain des dons de vies" nous organisons par exemple un concours qui permet aux participants de travailler en groupe sur le plan de communication de l'association Laurette Fugain. Pour ce qui est du marché des MOOC, bien malin qui pense pouvoir prédire les évolutions à venir !

Malheureusement, au-delà même de toute considération sur l'évolution de l'écosystème, l'acronyme est victime de son succès et est aujourd'hui incroyablement galvaudé.

Ce qui est sûr c'est qu'il faut distinguer la vente de MOOC aux entreprises (une légère évolution de la vente de elearning sur étagère) de la conception de MOOC avec des entreprises.

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