Radoslaw Sikorski, diplomate venu de l'Est, à la place de Catherine Ashton ?

Le ministre des Affaires étrangères polonais Radoslaw Sikorski n'a pas l'allure policée des chefs de la diplomatie. Pourtant, il est un candidat très sérieux pour remplacer Catherine Ashton à la tête de la diplomatie européenne.
Florence Autret
Radoslaw Sikorski, ministre des Affaires étrangères de Pologne./ DR

La veste ouverte sur des bretelles à double boutonnage, un étui de portable accroché à la ceinture façon Wild West, Radoslaw Sikorski n'a pas l'allure policée des chefs de la diplomatie.

Pourtant, le ministre des Affaires étrangères polonais est l'un des candidats les plus sérieux pour succéder à Catherine Ashton en prenant la tête d'une diplomatie européenne naissante.

Les « europhiles » ouest-européens nous ont habitués à se montrer à la fois blasés quant aux mérites de l'intégration européenne et réticents à critiquer la machine bruxelloise, de peur d'être taxés d'euroscepticisme. Radoslaw Sikorski a une posture exactement inverse : il se montre à la fois reconnaissant et critique.

« Ces Ukrainiens qui manifestent dans le froid ne devraient-ils pas faire renaître en nous le sentiment que ce que l'on tient pour acquis est quelque chose dont les gens rêvent ? » interroge-t-il.

Il appartient à cette génération de dirigeants européens pour lesquels l'intégration européenne prend tout son sens avec la chute du Rideau de fer.

S'il est passé à « l'Ouest », ce fut presque par hasard

Leader des grèves estudiantines en 1981, il part au Royaume-Uni pour ce qui aurait dû n'être qu'un court séjour. La déclaration de la loi martiale à Varsovie en fait un réfugié politique pour dix ans.

« Le scepticisme est une saine approche des institutions européennes et de la politique en général », explique cet ancien journaliste qui fut reporter de guerre en Angola et en Afghanistan avant de devenir conseiller du magnat de la presse, Rupert Murdoch.

L'arrivée probable d'une escouade de députés eurosceptiques dans les rangs du parlement en juin prochain ne l'alarme pas plus que cela.

« Il est ironique de voir que les gens votent de moins en moins et que les eurosceptiques soient plus forts, alors que l'on donne au parlement de plus en plus de pouvoir ! » observe-t-il.

Les Polonais ne sont-ils plus que 30 % à souhaiter troquer le zloty pour la monnaie unique, contre 80 % en 2009 ? La faute au laxisme des pays fondateurs de la monnaie unique qui ont violé « plus de 60 fois » le pacte de stabilité, réplique-t-il :

« Nous avons besoin de recevoir la preuve que vous n'allez pas pécher à nouveau. »

Et d'espérer l'entrée de son pays dans la zone euro « avant la fin de la décennie ».

Un tribun européen

Récemment, Radoslaw Sikorski a croisé le fer avec David Cameron qui s'en est pris aux immigrés polonais supposés abuser d'un État providence britannique plus généreux qu'en Pologne.

Son tweet - « Si le Royaume-Uni accueille nos contribuables, ne devrait-il pas payer aussi leurs prestations ? » - a fait le buzz.

Quand le leader conservateur britannique brandit l'arme atomique d'un référendum sur une possible sortie du Royaume-Uni de l'Union, il préfère le « prendre au mot » et le penser capable de « convaincre ses citoyens de rester dans l'Union ».

À Berlin en novembre 2011, au plus fort de la crise, il avait été l'un des rares à trouver les mots pour exhorter à l'action une chancelière allemande paralysée par son opinion publique.

« Je crains moins la puissance de l'Allemagne que son inaction », avait-il lancé.

Face aux Russes, dont il qualifie les pressions sur Kiev d'« inacceptables », il prône une ligne à la fois ferme et pragmatique. Soucieux de ne pas compromettre des relations commerciales russo-polonaises en plein boom, Radoslaw Sikorski encourage en même temps la Commission à maintenir la pression sur Gazprom qui pousse ses intérêts en Europe au mépris des règles de concurrence.

« Un haut représentant doit jouer dans la ligue des leaders des plus grandes puissances », affirme-t-il quand on l'interroge sur ses ambitions.

Officiellement, il n'est candidat à rien. Il préférerait être jugé sur pièces.

Florence Autret

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Commentaires 3
à écrit le 04/02/2014 à 21:59
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Ca sera l'alignement inconditionnel aux US. Les polonais ne se sentent pas europeens mais. ... us

à écrit le 04/02/2014 à 1:27
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"Leader des grèves estudiantines en 1981, il part au Royaume-Uni pour ce qui aurait dû n'être qu'un court séjour. La déclaration de la loi martiale à Varsovie en fait un réfugié politique pour dix ans." La France détient probablement le record d'Euro...

à écrit le 03/02/2014 à 23:20
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Déjà l' auteur de cet article ferait mieux de revenir a l' école... apprendre ses cours d' histoire. Apres on voit la haine envers la Pologne. Du racisme???

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