Les sociaux-démocrates à l'offensive

Alors que l'on s'attendait à une bataille entre institutions, c'est bien sur un affrontement droite-gauche qu'ont débouché les élections.
Junker - Schulz : le bras de fer continue. / DR

C'est l'été à Bruxelles... mais pas encore les vacances. Les chefs d'Etat et de gouvernement ont désigné le 27 juin Jean-Claude Juncker comme candidat à la présidence de la Commission européenne.

La guerre avec le Parlement européen qui s'annonçait si les « chefs » n'avaient pas choisi la tête de liste du Parti populaire européen n'aura donc pas lieu. Mais cela ne veut pas dire les jeux soient faits car le nouveau président par le Parlement et Martin Schulz, le patron des députés sociaux démocrates, a averti : nous élirons Juncker...

À condition que la politique économique prescrite par la Commission européenne change et soit tournée vers l'investissement et la lutte contre le chômage. Mais qu'elle change comment exactement ?

Le bras de fer qui a lieu au sein même du Conseil européen donne une indication. François Hollande est arrivé à Bruxelles le 27 juin avec un « agenda pour la croissance en Europe » qui n'était pas du tout du goût de la chancelière allemande. Le président français plaide pour un plan de relance de 2% du PIB, soit 240 milliards d'euros par an, le double du budget européen, et bien sûr pour plus de « flexibilité » dans l'assainissement budgétaire.

Il n'exclut pas une nouvelle recapitalisation de la BEI et défend la création d'une capacité budgétaire pour la zone euro financée par l'épargne des Européens. En clair des euro-obligations.

En prélude au sommet, un conseiller d'Angela Merkel confiait, je cite :

« nous avons déjà décidé d'un pacte pour la croissance il y a deux ans. Il comprenait des projectbonds et un accroissement des engagements de la banque européenne d'investissement, cela devrait encore produire ses effets ».

On ne peut être plus clair.

Alors que va-t-il se passer ? Est-ce que la gauche du Parlement européen est vraiment prête à mettre son veto à l'élection de Jean-Claude Juncker si le Conseil européen n'achète pas le gigantesque plan de relance français ?

La réponse est « non ». D'abord parce que les sociaux-démocrates ne sont pas majoritaires au Conseil européen et surtout que les projets des socialistes français ne font pas l'unanimité à gauche. Le SPD allemand, s'il soutient le principe d'une inflexion politique, ne reprend à son compte ni les chiffres faramineux de l'Elysée, ni ses idées d'euro-obligations.

En réalité la « réserve » formulée par Martin Schulz est un message  adressé aux chefs d'Etat au sujet de la nomination des successeurs d'Herman van Rompuy, le président du Conseil européen, et de Catherine Ashton, la Haute représentante, autrement dit le chef de la diplomatie européenne.

Les sociaux-démocrates rêvent d'engranger les deux postes. Ils verraient bien Helle Thorning Schmidt, la Danoise, pour le Premier, et Federica Mogherini, une Italienne, pour le second. Mais la droite ne l'entend pas de cette oreille. Angela Merkel fait la cour à Mark Rutte, le premier ministre néerlandais, pour qu'il prenne le job.

Et c'est justement pour échapper à cette pression du Parlement et des sociaux-démocrates que les chefs d'Etat ont décidé de se revoir le 16 juillet à Bruxelles, autrement dit au lendemain de l'élection de Jean-Claude Juncker, pour boucler ce deuxième « paquet » de nominations.

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