Les espoirs des marchés sur une augmentation de la taille du FESF risquent d'être déçus

L'euphorie des places boursières, qui rêvent d'une deuxième augmentation du fonds de secours européen en moins de six mois, pourrait se heurter à la réalité politique.
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Repoussée en mars, puis appliquée a minima en juillet, l'idée d'un renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) pour combattre la spéculation refait surface. Ce mardi, la ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter, a confirmé la tenue, lundi prochain, de discussions sur la nécessité ou non d'accroître les capacités de ce fonds créé en mai 2010, lors des premiers soubresauts de la crise grecque.

Initialement destiné à financer les pays incapables de le faire sur les marchés, le FESF a vu ses attributions évoluer. En mars, après une nouvelle poussée de fièvre spéculative, les dirigeants européens ont décidé d'autoriser le fonds à intervenir lors des émissions de dette d'État (le marché « primaire »), afin de prévenir tout problème de liquidité. Puis de nouvelles turbulences ont conduit les autorités européennes, le 21 juillet, à élargir le spectre des achats du FESF au marché « secondaire ». Depuis ces accords, toujours en ratification, le fonds dispose en théorie d'une puissance de frappe de 440 milliards d'euros ? contre 250 milliards à l'origine ? qu'il tire d'emprunts auprès d'investisseurs internationaux.

« La panique généralisée observée depuis l'été provient en grande partie du fait que les accords du 21 juillet n'ont toujours pas été mis en application », souligne Nicolas Forest, stratégiste taux chez Dexia AM. « Surtout, ces accords comportent deux lacunes : le montant de 440 milliards d'euros est trop faible et le fonds doit au préalable emprunter avant de racheter de la dette », ajoute-t-il. Selon Royal Bank of Scotland, il faudrait jusqu'à 2.000 milliards d'euros de dotation pour prévenir une contagion de la crise à l'Espagne et à l'Italie, dont les taux d'emprunt sont désormais supérieurs à 5 %. Mais l'accroissement de la taille du FESF mettrait une fois de plus à contribution les 17 pays membres de la zone euro. Ces derniers ont déjà dû augmenter de 440 à 780 milliards d'euros les garanties offertes à la structure, qui jouit ainsi de la notation AAA et de coûts de financement avantageux.

Contourner l'impasse

Alors que ses parlementaires doivent entériner ce jeudi les accords du 21 juillet, l'Allemagne a prévenu par la voix de son ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, qu'elle « n'a pas l'intention d'augmenter » la taille du FESF, car ce sont les pays garants notés AAA qui risqueraient de voir leur notation dégradée. Pour contourner cette impasse, les marchés spéculent désormais sur plusieurs scénarios. « Transformer le FESF en institution bancaire lui permettrait d'utiliser la force de frappe de la BCE, avec à la clé plus de force et de rapidité d'exécution », souligne Nicolas Forest, en référence à la possibilité des banques de venir se refinancer au guichet de la BCE. Un montage qui « poserait cependant la question du versement en cash par les États d'un capital de départ », tempère Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC.

Proposée par Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor américain, une autre solution consisterait en un accord de la BCE pour fournir des prêts au FESF, à l'image du Talf (« Term Asset-Backed Securities Loan Facility ») mis en oeuvre par la Fed lors de la crise des subprimes. « Elle suppose que la BCE obtempère, ce qui n'est pas forcément dans l'esprit de l'institution », avance Christian Parisot.

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