La viande de porc, mètre étalon des prix alimentaires

Le gouvernement chinois a mis en place, cet été, des mesures pour faire baisser l'inflation. Les effets se font déjà sentir.
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Madame Li, vendeuse de porc dans un marché au gros dans la banlieue de Pékin, souffle... un peu. Le prix du porc, qui s'était envolé de plus de 60 % depuis le début de l'année, a légèrement baissé depuis le mois dernier. Il est passé de 24,3 yuans par kilo en août à 22,3 yuans début octobre. Il ne coûtait que 15,7 yuans par kilo, il y a encore un an.

Pour madame Li, qui s'est mise à son compte il y a trois ans persuadée que les profits suivraient, la facture a été salée. Elle ne vend plus que 5-6 cochons par jour contre 10 avant la hausse des prix. « À ce prix là, plus personne ne veut acheter du porc », se lamente-t-elle. Son prix s'est mis à grimper en mars de l'année dernière. Les raisons sont autant structurelles que conjoncturelles : le porc est en effet la viande préférée des Chinois, la pression sur la demande est donc constante. Et l'offre s'est tassée, avec une réduction du cheptel depuis 2008, qui recommence tout juste à progresser.

Dans le même temps, la raréfaction de l'offre de maïs au niveau mondial est venue prendre les producteurs par surprise : elle a entraîné une forte hausse des coûts de production. La Chine a dû, pour la première fois de son histoire, importer cette année des quantités importantes de maïs, alors même que le bilan mondial reste tendu.

Résultat : les prix du porc ont explosé, tirant avec eux l'inflation. L'alimentation compte pour environ 30 % dans l'indice des prix. Le porc à lui seul, y compte pour 10 %. C'est pourquoi le gouvernement n'a pas attendu pour réagir. Dès juillet, le Premier ministre Wen Jiabao avait déclaré : « Un marché du porc stable relève de l'entière responsabilité du gouvernement ».

Coup de pouce gouvernemental

Plusieurs mesures ont donc été mises en place pour tenter d'infléchir le prix de la viande préférée des Chinois : déstockage de viande congelée et vendue à prix fixe par des agences du gouvernement, subventions aux éleveurs et 2,5 milliards de yuans d'aide ont été prévus pour la filière. Les vendeurs ont tout de suite senti le coup de pouce, même si leurs revenus restent encore sensiblement entamés par l'inflation dans son ensemble. Les économistes estiment que le pire est passé. « L'aide du gouvernement a été la bienvenue. Mais il faudra encore attendre six mois avant de voir un réel effet sur les prix », explique madame Li. Le temps d'élever de nouveaux cochons. Entre-temps, elle a dû renvoyer sa fille chez elle, à la campagne, faute de pouvoir subvenir à ses besoins à Pékin. Ses coûts ont augmenté d'environ un tiers depuis un an.

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