Les Bourses votent pour la crise

Toutes les places financières européennes (Paris a reculé de 2,83%) ont fortement dévissé au lendemain du premier tour des élections présidentielles françaises. L'avance du candidat socialiste n'est pas, loi s'en faut, la raison majeure de ce nouveau coup de mou. Les inquiétudes autour de la dette des pays de la zone euro continuent de miner le moral des investisseurs.
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Les élections présidentielles françaises auraient-elles plombéé le moral des investisseurs européens ? C'est un peu ce que l'on pouvait croire en voyant, dès l'ouverture, l'orientation prise par l'ensemble des places boursières du Vieux Continent et plus particulièrement celles de Madrid et Milan en recul de plus de 3%. La Bourse française, quant à elle, a débuté de façon moins tranchée, cédant environ 1,8% avant de lâcher davantage. Pour finir, le CAC 40 a reculé de 2,83% à 3.098,37 points. Plus que la perspective de voir la gauche revenir aux affaires en France, les investisseurs ont, semble-t-il, sanctionné le score réalisé par le FN. Même si un mouvement de radicalisation se dessine très nettement en Europe depuis que la crise financière a multiplié ses effets d'appauvrissement des populations.

La chancelière allemande Angela Merkel a ainsi jugé que "ce score était préoccupant", si l'on en croit un porte-parole du gouvernement à Berlin. Et la profonde inquiétude des milieux financiers que susciterait la victoire du candidat socialiste lors du deuxième tour des élections présidentielles françaises? Nombre de spécialistes ne veulent pas y croire. « La gauche risque sans doute de se faire bizuter, dans un premier temps, par la finance sans visage. Mais lorsque l'on y regarde de plus près, vue toutes les réformes fiscales et prudentielles intervenues ces derniers mois, les investisseurs n'ont plus rien à perdre et un gouvernement de gauche ne pourra pas faire pire », commente le directeur général d'une banque privée, pour qui la France paie aujourd'hui les frais d'une mauvaise réforme des normes comptables, prudentielles et de l'amateurisme des agences de notation. « J'ai la chance d'être à l'intérieur d'une banque de gestion privée n'ayant pas besoin d'avoir recours à ces agences. Et j'en suis bien aise », ajoute ce responsable.

La bourse de Madrid a perdu 20% depuis le début de l'année

Manifestement, la déprime des Bourses européennes de ce lundi avait d'autres origines et celles-ci étaient, en outre, multiples. En Espagne, la situation économique est des plus préoccupantes. Le déficit public espagnol s'est bel et bien établi à 8,5% du PIB en 2011, comme l'a confirmé lundi l'office européen de statistiques Eurostat, alors que de nombreuses voix en Europe mettaient en doute le chiffre avancé jusqu'ici par les autorités espagnoles. Par ailleurs, les instances gouvernementales tentent coûte que coûte d'organiser le sauvetage des banques. Elles viennent de leur donner quelques semaines supplémentaires pour transférer leurs actifs immobiliers dans une société holding ad hoc, et ce afin de sécuriser les actifs des établissements bancaires. Cette nouvelle structure qui devrait voir le jour d'ici à l'été serait dissoute au bout de 10 ans.

En février dernier, le gouvernement espagnol a contraint les banques à déprécier la valeur des projets fonciers et immobiliers non aboutis, ainsi que les propriétés saisies. Soit la troisième étape d'une douloureuse restructuration. Madrid a dépensé en l'espace de quelques années plus de 18 milliards d'euros pour renflouer certaines banques et en reprendre cinq autres pour les assainir et les revendre une par une. Selon des données de la Banque d' Espagne, la valeur totale des actifs immobiliers dans les bilans des banques, y compris les prêts au secteur du BTP, atteignait presque 400 milliards d'euros à la fin 2011. Sur ce total, la société holding recueillerait autour de 176 milliards d'euros d'actifs immobiliers douteux. Ces décisions n'empêchent pas la Bourse de Madrid de perdre 20% depuis le début de l'année, soit la pire performance de toute l'Europe, sachant que la place allemande s'adjuge pendant ce temps 11%, la Bourse française lâchant près de 2%.

L'euro en perte de vitesse face au dollar

Par ailleurs, l'euro a lui aussi fait preuve de faiblesse dès lundi matin face au dollar (à 1,3127 dollar contre 1,3216 dollar vendredi). Il faut dire que l'activité du secteur privé s'est fortement contractée en avril dans la zone euro et a atteint son plus bas niveau en cinq mois, laissant à penser que les pays de l'Union monétaire pourraient traverser une récession plus longue que prévu, selon plusieurs analystes. Mais les cambistes étaient surtout préoccupés lundi par des questions de politique européenne relatives aux Pays-Bas et à la France.
En effet, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte s'est rendu lundi au palais de la reine Beatrix à La Haye pour remettre à la souveraine, chef de l'Etat, la démission de son gouvernement, après l'échec samedi des négociations sur la réduction du déficit public.
"La chute du gouvernement néerlandais sur des coupes budgétaires a créé un regain d'incertitude politique dans un pays qui est un des principaux partisans de l'austérité selon les termes de l'Allemagne", commentait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

Les euro sceptiques plus présents que jamais

Une autre pierre dans le jardin des euro-sceptiques, toujours plus inquiets du règlement de la douloureuse problématique de la dette. « Pour moi, la garantie de l'Etat français ne vaut plus rien. Je préfère une entreprise privée qui marche bien. Sortir de la spirale infernale dans laquelle est prisonnière la zone euro sera difficile car elle doit impérativement se faire sans remettre en cause la croissance molle que nous connaissons, sans accroître le chômage ni alourdir la dette. Les remèdes structurels qui s'imposaient n'ont pas été trouvés et la crise de l'euro est loin d'être réglée », explique le banquier.
 

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Commentaires 15
à écrit le 24/04/2012 à 8:45
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L'inquiétant c'est de voir les valeurs moyennes massacrées hier en bourse ,moins sujettes au conteste Européen . La bourse n'avait pas intégrer le premier tour de la présidentielle ,le FN notamment ,La venue de FH inquiéte car la zone euros sera fra...

le 25/04/2012 à 22:57
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Ils sont tous démagogues ... Sauros .... tous ....

à écrit le 24/04/2012 à 1:58
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Et l'arrêt des cotations à Moscou sine die, personne ne trouve que cela mérite la moindre attention? Etonnant..

à écrit le 23/04/2012 à 23:46
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Depuis le temps que j'écris que l'euro va exploser... La sortie de l'euro, pronée par plusieurs candidats, va se faire, malgré tout... Et la douleur n'en sera que pus grande, car non prévenue et ses conséquences non planifiées. Donc, à nouveau, prépa...

à écrit le 23/04/2012 à 23:44
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Les marchés vont exploser ... après avoir tranferé la dette des subprimes aux états , ce qui a sauvé la finance ... celle ci attaque maintenant les mêmes états qui sont sommé de faire des économies pour rembourser quitte a jeter dans la pauvreté une ...

le 24/04/2012 à 16:56
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La décroissance : C'est tout ce que ne veulent pas les français ! La décoissance: -c'est la perte de leur pouvoir d'achat -c'est la fin de leur voyage en pays étranger -c'est la fin de leur consommation de distraction (e phone, web etc...) LES...

le 25/04/2012 à 22:53
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Jules c'est toi qui est ridicule ... Les verts veulent la décroissance et sont incapables de la mettre en oeuvre ... Toi et la droite ne la voulait pas et avec l'austérité généralisée (a tous les états Européens) vous la mettez en place !!! Cela s'ap...

à écrit le 23/04/2012 à 21:24
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Les résultats actuels du premier tour ont déjà été pris en compte par le monde financier dès janvier 2012.

à écrit le 23/04/2012 à 19:52
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Tiens ? La Tribune nous avait expliqué il y a quelques jours que Hollande n'inquiétait pas les milieux financiers.

le 23/04/2012 à 22:51
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tiens encore un type qui n'y comprend rien. La bourse c'est comme miser demain sur la qualif du barça ou pousser ta boite avec un tirage quinte flush ventrale. C'est une sorte de loterie où tu joues contre les autres investisseurs au lieu d'un bookma...

le 23/04/2012 à 22:58
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Il ne les inquiète pas plus que Sarkozy qui va devoir donner des gages pas très en phase avec "la finance" ou le libéralisme s'il veut être élu. Tout compte fait le plus dangereux n'est pas forcément celui qu'on croit.

le 23/04/2012 à 23:52
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vous avez lu l'article au moins ? non ? alors je vous résume : Hollande n'inquiete pas les milieux financiers, par contre le score du FN les inquiètes, et de plus le gouvernement neerlandais vient de remettre sa démission à cause des coupes budgétair...

le 24/04/2012 à 1:53
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Ben si vous savez lire, vous auriez compris que l'article ne fait que le répéter.

le 24/04/2012 à 15:01
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Tout le monde sait maintenant que Hollande va gagner, et que, comme d'habitude, les législatives vont amplifier la majorité. La gauche aura alors tous les pouvoirs: présidence, sénat, assemblée, régions. Le Front National va peut-être prendre des ...

le 25/04/2012 à 22:56
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Non Non Votons Sarko pour sauver la Finance !!!!

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