Autolib' : une partie de billard à trois bandes se joue entre la ville de Paris, Bolloré et Eurazéo

Autolib', le service de location de voitures électriques en libre service, devra modifier son nom, a décidé la Cour d'Appel. Eurazeo, l'actionnaire unique d'Europcar, a donc gagné la deuxième manche face à la mairie de Paris et au groupe Bolloré, concessionnaire jusqu'en 2023 de ce service. Mais le match n'est pas terminé...

La société Europcar propose un service dénommé "AutoLiberté", proposant des locations de voitures. "C'est une marque déposée depuis le début de l'année 2000. La mairie de Paris était parfaitement au courant", explique Patrick Sayer, le président du directoire du groupe Eurazeo, l'actionnaire unique d'Europcar, dans une interview accordée au journal "Le Parisien".

 En première instance datant du mois de mars, la justice avait donné raison à la Ville de Paris, mais la Cour d'Appel a contredit la première décision vendredi dernier. "Autolib" devra donc se parer d'un nouveau nom alors que la Ville de Paris s'est empressée de se pourvoir en cassation. La Cour d'Appel, devrait quelque peu refreiner les espoirs de l'Hôtel de Ville. L'instance judiciaire a précisé que la décision est exécutoire, même dans le cas d'un pourvoi en cassation "La Cour fait interdiction, sous astreinte, à la Ville de Paris de poursuivre l'utilisation de la marque Autolib' et la condamne à réparer le préjudice causé à Europcar par ses actes de contrefaçon".

Pour Bolloré, c'est la ville qui doit assumer les conséquences financières

Se disant dans un communiqué "convaincue" qu' "il n'y a aucune confusion possible" entre les marques "Autoliberté" et "Autolib'", déclinaison du Vélib', la Ville examine toutes les procédures d'urgences possibles pour que le service public d'Autolib' ne subisse "pas d'entraves majeures".

De son côté,, le groupe Bolloré, concessionnaire jusqu'en 2023 de ce service, prend note de la décision et souligne que "la marque Autolib' lui avait été concédée par la Ville de Paris. [...] C'est la Ville de Paris, par l'intermédiaire du Syndicat Mixte qui a choisi cette marque et en est donc responsable contractuellement". Le groupe Bolloré prévient également que la Ville de Paris est aussi responsable "des conséquences financières pouvant résulter du changement de celle-ci" comme le marquage sur les véhicules, les bornes, les abris, les badges des abonnés, les outils de communication. Selon "Le Parisien", si la décision de la Cour d'Appel venait à être confirmée, " Autolib'" devra procéder à ces changements dans un délai d'un mois...

1 500 voitures en circulation, 500 stations

Sept mois seulement après le lancement dans les rues de Paris "Autolib'", ce conflit est un premier coup dur pour le service mis en place par le groupe Bolloré. A la fin du premier trimestre 2012, 1 500 voitures ont mises en circulation, 500 stations ont été installées et le groupe revendique 18 000 personnes qui se sont abonnées et plus de 120 000 utilisations. Une augmentation en flèche car en février il y avait seulement 6 374 abonnés dont 2 790 annuellement. De plus, le groupe ambitionne de lancer un service aux entreprises. Alors que le nombre de locations grimpe de 10% par semaine, le groupe avait fait part au marché en juin dernier que le point mort devrait être atteint à 80 000 -100 000 abonnés avec environ 150 000 locations par semaine.

La diversification afin de repartir mieux les risques

Sur le front boursier, en dépit d'un trou d'air (-25%) l'été dernier sur fond de débâcle sur le marché parisien, le titre s'est depuis stabilisé entre un range compris entre 150 et 160 euros. Mais le titre a retrouvé un nouveau souffle depuis le mois de juin et s'adjuge sur un mois plus de 6% sur les 170 euros. Une résilience qui traduit la confiance des investisseurs dans le business model du groupe diversifié. Il ne date pas vraiment d'hier, depuis une vingtaine d'années, la stratégie de l'entreprise s'oriente vers la diversification afin de repartir mieux les risques. En plus d'une diversification sur les métiers, le panachage est aussi légion dans son implantation géographique. Au premier trimestre la période, le groupe diversifié a publié un chiffre d'affaires de 2,427 milliards d'euros en augmentation de 18% par rapport à l'année dernière et 14% à périmètre et taux de change constants. Toutes les activités de Bolloré ont contribué à ce dynamisme pour l'ensemble du groupe. Mais ce sont surtout les secteurs du Transport et de la logistique (+11%) ainsi que dans celui de la distribution d'énergie (+20%) qui ont tiré leur épingle du jeu et limité la chute des facturations dans secteur de l'Industrie. Bolloré couvre actuellement plus de 40 pays, ce qui rend le groupe peu sensible aux risques géopolitiques. Fondamentalement, le ratio « valeur entreprise sur chiffre d'affaires » reste sur des bases attractives à 0,66x. Une valeur typique de « fond de portefeuille » alors que le consensus de Thomson Reuters table sur un objectif de cours moyen terme à 202 euros, soit un potentiel de 17% environ.

 

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