Le projet de Bourse des valeurs moyennes entre dans sa phase finale

On devrait connaître les détails du projet dédié aux petites et moyennes valeurs à l'occasion du forum international de Paris Europlace les 3 et 4 juillet prochains. Certains redoutent une solution a minima qui ne répondrait ni aux attentes des nombreux professionnels boursiers ni à celles des entreprises. Pendant ce temps, la Bourse britannique, le LSE, fourbit ses armes pour proposer une offre alternative.
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Paris Europlace, l'association de lobbying de la Bourse de Paris tient son forum international les 3 et 4 juillet prochains. Elle compte, à cette occasion, faire des annonces importantes. Parmi celles-ci, les conclusions des travaux du comité d'orientation stratégique menés par Nyse Euronext et différents acteurs des marchés boursiers en vue de recréer une dynamique boursière pour les valeurs moyennes. Ce comité a été élaboré après la publication du rapport Giami/Rameix en février dernier, dénonçant le malaise des petites et moyennes valeurs cotées et de leurs difficultés à profiter des marchés boursiers pour se financer. Rapport qui mettait aussi en lumière le manque de proximité de l'entreprise de marché, Nyse Euronext, vis-à-vis de ces interlocuteurs lesquels se plaignent également de pratiques tarifaires exorbitantes et d'un désintérêt croissant des courtiers et des analystes à leur égard.

Quelle gouvernance pour la structure ?

Suite à la publication de ce rapport et sous l'impulsion du ministre de l'économie sortant, François Baroin, Nyse Euronext et la Caisse des Dépôts ont parallèlement pris langue afin d'élaborer la création d'une possible structure entièrement dédiées aux valeurs moyennes. La construction de cette entité n'est pas sans poser problème. Pour impulser un véritable changement, il faudrait que Nyse Euronext ne soit pas majoritaire. Or la CDC veut bien s'impliquer mais pas en position d'actionnaire majoritaire. Et faire entrer aujourd'hui des partenaires financiers dans un projet dont on ne sait pas s'il aura une véritable identité n'est pas chose aisée.

Du coup, certains redoutent que la solution trouvée entre les différentes parties prenantes ne soit déceptive. De fait, si la nouvelle structure créée a pour vocation de regrouper les plus petites entreprises de la cote française avec Nyse Euronext en actionnaire majoritaire, susceptible d'imposer les prix qu'il veut pour faire payer ses services, le schéma retenu ne sera guère ambitieux et sera très éloigné des attentes tant des professionnels boursiers que des émetteurs.

Une réelle attente de la part des professionnels et des entreprises

Et l'on sait que nombre d'intervenants financiers mais aussi industriels sont en réelle demande depuis plusieurs années. Et ce, d'autant plus depuis l'émergence de la crise des subprimes en 2008. Celle-ci a mis en évidence une tendance déjà ressentie par les professionnels depuis plus longtemps encore. Avec comme fil directeur, une régulière désaffection pour les actions au profit de produits alternatifs y compris obligataires. Ce qui ne fait pas les affaires des PME en mal de fonds propres et de financement, qui comptaient justement sur la Bourse pour pouvoir réduire leur dépendance à leurs banques.

A la frilosité des investisseurs pour les actions s'ajoute une profonde modification des missions et des ambitions des différents acteurs du marché. L'opérateur boursier Euronext a ainsi vu sa relation à l'économie française radicalement modifiée depuis son mariage avec l'américain Nyse, l'impératif du rendement ayant pris le dessus sur sa mission d'intérêt général. « Quelle place peut-on dès lors donner à un petit marché peu liquide, peu rémunérateur et peu prometteur ? » lance en guise de provocation Thierry Giami, président de l'Observatoire du financement des entreprises par le marché, co-auteur avec Gérard Rameix du fameux rapport qui intervenait mercredi matin dans le cadre d'une réunion du centre des professions financières.

Compte tenu des faibles niveaux de rémunération possible sur ces valeurs, les courtiers, eux-mêmes en situation financière très délicate, se désintéressent chaque jour un peu plus de cette catégorie. D'où le besoin impérieux de créer un compartiment bien spécifique pour ces entreprises avec des services et des tarifications adaptés à leur taille. Quitte à leur proposer des solutions de financement innovantes via des produits obligataires, manifestement plus prisés des investisseurs en ce moment que les actions. « La compétitivité de la France passe par ses PME. C'est une tragique erreur que d'avoir voulu accélérer le processus de mise en place de Bâle III. Les marchés financiers sont un outil indispensable qu'il faut absolument relancer » a plaidé, de son côté, Edmond Alphandéry qui préside, notamment, le Centre des professions financières.

L'espoir d'un projet ambitieux

Les annonces prévues les 3 et 4 juillet dans le cadre du forum de Paris Europlace seront-elles à la mesure des attentes ? D'après plusieurs sources ayant participé aux travaux de réflexion du Comité d'orientation stratégique, le projet finalement retenu ne serait pas « cosmétique » et serait susceptible d'offrir une réelle sortie par le haut, même si les discussions ont parfois été rudes. Il faut dire que les Français ont tout intérêt à présenter une offre convaincante car pendant ce temps, le London Stock Exchange (LSE) fourbit ses armes pour débarquer en France avec une solution efficace. L'opérateur britannique multiplie en effet les rendez-vous depuis plusieurs mois avec toutes les autorités françaises en vue de mettre sur pied une plate-forme dédiée aux valeurs moyennes. Plateforme qui regrouperait aussi bien un système de cotations qu'un service clients permettant aux émetteurs d'entrer en contact avec des interlocuteurs.

Le LSE se tient en embuscade

Le patron du LSE, Xavier Rolet, a toujours dit qu'il ne ferait rien sans la bénédiction des principaux acteurs du marché français. Il ne fait pourtant aucun doute que si le projet concocté par Nyse Euronext et la CDC accouche d'une souris, le numéro un de l'entreprise de marché britannique ne devrait pas hésiter à venir tenter sa chance. D'autant que depuis le rachat de la chambre de compensation LCH Clearnet, le LSE a un pied en France puisqu'il a finalement conservé des activités sur le sol national après l'échec du rapprochement de l'opérateur américano-européen avec Deutsche Börse. « Ce qui compte, au final, c'est de trouver des solutions efficaces et pérennes pour collecter de l'épargne longue avec les PME », lance un proche du dossier.
 

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