Iran : Le défi impossible

La politisation de la politique monétaire en Iran serait-elle en passe d'être un mauvais souvenir? Pour sa première intervention devant les médias internationaux depuis sa prise de fonction en août dernier, le gouverneur de la banque centrale iranienne, Valiollah Seif, a confirmé que l'institution qu'il dirige va gagner en indépendance.

Le nouveau président iranien, Hassan Rohani, aurait ainsi plaidé en faveur d'une séparation plus stricte entre la politique monétaire et la politique budgétaire, comme cela a court notamment dans les grands pays développés.

Sous le mandat de l'ancien président Mahmoud Ahmadinejad, un véritable flou artistique existait en la matière. Afin de conserver le soutien populaire, il n'avait pas hésité à recourir à la planche à billets, avec pour conséquence une inflation qui demeure parmi les plus élevées au monde, à 40% encore en septembre. Seul le Venezuela fait pire en la matière.

Il avait notamment forcé la banque centrale à faciliter l'accès aux prêts avec pour conséquence un accroissement dangereux du nombre de prêts non performants, c'est-à-dire des prêts qui ne peuvent pas être remboursés. Selon les données du FMI, le ratio de prêts non performants était à 23% en 2010 avant de chuter à 16% début 2011 avec une stagnation depuis autour de 15%. Ce qui a eu pour effet de fragiliser un secteur bancaire déjà pénalisé grandement par les sanctions internationales contre le pays du fait de son programme nucléaire.

Si les annonces se confirment, la dépolitisation de la politique monétaire et l'indépendance accrue de la banque centrale devraient permettre au nouveau gouverneur de s'attaquer au défi principal du pays: l'inflation. Ceci devrait se traduire par une limitation stricte des prêts octroyés en parallèle d'un assainissement du secteur bancaire, la fin de la politique monétaire (et budgétaire) expansionniste des huit dernières années, et également un meilleur contrôle du taux de change. De juin 2012 à juin 2013, la devise nationale, le rial a ainsi perdu près de la moitié de sa valeur sur le forex face au dollar américain. Cependant, les signaux de meilleure gestion politique et l'ouverture d'un dialogue avec les Etats-Unis depuis l'élection de Hassan Rohani ont permis un rebond du taux de change de 20% et maintenant, une certaine stabilisation.

La tâche du nouveau gouverneur et du président élu sera cependant difficile car les perspectives restent très mauvaises en termes de croissance économique, avec une hausse du PIB proche de 0% cette année après une contraction de 5.4% en 2012. Pour espérer un rebond, il faudra donc une meilleure allocation des ressources existantes sans chercher à recourir encore à l'arme budgétaire, dont l'inefficacité est manifeste. Enfin, un assouplissement des sanctions internationales, qui n'est pas totalement exclu, pourrait également fortement améliorer l'activité économique, c'est certainement l'un des paris du nouveau président.
 

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