Comment la « tech » a supplanté la finance dans le palmarès des méga-capitalisations

Cette année, avec un poids de quelque 3.000 milliards de dollars, les valeurs technologiques ont pris le pas sur les valeurs financières, à l’échelle mondiale, selon une récente étude de PwC.
Christine Lejoux
Si Apple était la seule valeur technologique à figurer dans le « top 5 » en 2011, elle est désormais rejointe par Alphabet, qui pèse 534 milliards de dollars, et Microsoft (447 milliards).

Apple est la première capitalisation boursière mondiale depuis cinq ans, même si Alphabet (ex-Google) lui dispute de temps à autre ce titre. Et ce ne sont pas les 14,5 milliards de dollars (13 milliards d'euros) d'arriérés fiscaux que la Commission européenne lui réclame depuis le 30 août qui remettront en cause cette prédominance. En effet, colossale dans l'absolu, cette ardoise fiscale, si tant est qu'elle soit intégralement due, compte tenu des recours annoncés par Apple, ne fera qu'égratigner les 231,5 milliards de dollars de liquidités dont dispose le géant américain de l'électronique. Les investisseurs ont d'ailleurs à peine cillé à l'annonce de la somme exigée par la Commission européenne : le cours de Bourse de la firme à la pomme a cédé 0,77% seulement le 30 août, maintenant sa capitalisation boursière au-dessus de 570 milliards de dollars.

Au-delà d'Apple, c'est le secteur américain de la technologie qui domine aujourd'hui le classement des méga-capitalisations boursières mondiales. Si Apple était la seule valeur technologique à figurer dans le « top 5 » en 2011, elle est désormais rejointe par Alphabet, qui pèse 534 milliards de dollars, et Microsoft (447 milliards). Cette domination du secteur technologique américain pourrait encore se renforcer dans les prochains mois, Facebook et Amazon figurant déjà parmi les dix premières capitalisations boursières mondiales, avec un poids de 361 milliards de dollars pour le réseau social et de 365 milliards pour le mastodonte du commerce électronique.

Un inversement de tendance qui couvait depuis la crise financière de 2008

D'ores et déjà,  « les valeurs technologiques ont pris le pas sur les financières, cette année », indique le cabinet d'audit PwC, dans une étude publiée au mois de juillet, et selon laquelle « la tech » pèse désormais quelque 3.000 milliards de dollars en Bourse, à l'échelle mondiale, contre 2.700 milliards pour la finance. Certes, les valeurs financières ont vu leurs capitalisations boursières fondre de 13%, en moyenne, en l'espace d'un an, contre une progression de 7% pour les valeurs technologiques. Mais cet inversement de tendance couvait depuis plusieurs années : depuis les plus bas niveaux historiques touchés par les marchés actions dans le monde en mars 2009, dans le sillage de la crise financière de 2008, le rebond des technologiques (+167%) a été environ deux fois supérieur à celui des financières (+80%), selon PwC.

Dans le détail, la capitalisation boursière d'Apple a gonflé de quelque 500 milliards de dollars entre 2009 et 2016, alors que celles de poids-lourds du secteur bancaire comme les américaines JPMorgan, Citigroup et Wells Fargo se sont étoffées au mieux de 184 milliards. Ce changement de paradigme boursier reflète les stigmates de la grande crise financière de 2008, dont le point d'orgue fut la faillite de la banque américaine Lehman Brothers, et l'avancée de la révolution numérique. Ces dernières années, du fait de l'alourdissement de leurs coûts, lié notamment aux réglementations décidées dans la foulée de la crise financière, et de revenus sous pression en raison de la faiblesse des taux d'intérêt et de la concurrence naissante de nouveaux entrants, les banques ont dû faire une croix sur leurs niveaux de rentabilité des fonds propres d'avant la crise.

Une bulle ne semble pas se profiler sur les valeurs technologiques

Au contraire, les groupes de technologies n'ont cessé de bénéficier de la transformation digitale de l'économie, avec des résultats financiers en progression. Ils atteignent aujourd'hui une phase de maturité qui leur permet, aux yeux des investisseurs, d'être non seulement des valeurs de croissance, mais également des valeurs de rendement, grâce aux dividendes versés à leurs actionnaires. Le fait que le secteur technologique pèse à présent plus lourd en Bourse que la finance, à l'échelle mondiale, « témoigne du caractère (à la fois) innovant et résistant de ces entreprises », souligne PwC. Des entreprises qui sont en outre parvenues à se doter d'une « dimension internationale inégalée », insiste le cabinet d'audit.

Les Cassandre ne manqueront pas de souligner le risque de la formation d'une bulle sur les valeurs technologiques. Mais, aujourd'hui, les chiffres ne vont pas dans le sens d'un tel scénario : selon les données de l'agence Bloomberg, les valeurs américaines des technologies de l'information pèsent 20% dans la capitalisation globale du S&P 500, une proportion qui correspond exactement à leur contribution au total des résultats opérationnels dégagés par les entreprises qui composent cet indice boursier. En 2000, juste avant l'éclatement de la bulle Internet, les valeurs technologiques pesaient près d'un tiers du S&P 500, alors que leur part dans le résultat opérationnel cumulé des 500 plus importantes sociétés cotées à Wall Street n'excédait pas 15%.

Christine Lejoux

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