Le président de la Banque nationale suisse s'explique

La décision de Thomas Jordan, le président de la Banque nationale suisse (BNS), de laisser flotter le franc suisse a surpris tout le monde. Elle a provoqué un séisme sur les marchés des devises et à la Bourse de Zurich, et risque de fragiliser l'économie du pays. Thomas Jordan s'est justifié dans la presse locale samedi.
Thomas Jordan, lors de l'annonce le 15 janvier de la décision de mettre fin au plancher défendu par la Banque nationale suisse de 1,20 franc suisse pour 1 euro.

Deux jours après l'annonce surprise de la Banque nationale suisse (BNS) de l'abandon de sa politique d'intervention sur le franc, qui a provoqué un séisme sur les marchés financiers, le président de la Banque centrale suisse a tenté de calmer le jeu samedi.

Selon Thomas Jordan, qui est vivement critiqué dans les médias et les milieux économiques suisses et internationaux, les marchés financiers ont réagi de manière excessive, et ont poussé le franc suisse vers des sommets surévalués.

Le franc suisse, qui n'est plus poussé à la baisse artificiellement par la BNS depuis jeudi dernier, est "nettement surévalué par rapport au dollar et à l'euro", a estimé Thomas Jordan, dans une interview publiée samedi par les journaux suisses Le Temps et la Neue Zuercher Zeitung (NZZ).

"Nous observons d'importants excès dans les cours actuels", a déclaré Thomas Jordan, alors que le franc suisse s'est apprécié de 20% depuis que la BNS n'intervient plus.

Pour le patron de la BNS, les marchés vont devoir trouver progressivement leur équilibre, "ce qui pourra prendre du temps",  précisant que la BNS était consciente que sa décision inattendue pouvait avoir un fort impact.

Annonce surprise

La banque centrale suisse a pris les marchés par surprise jeudi en annonçant l'abandon du cours plancher, ce qui a fait bondir le franc face à la devise européenne et entraîné une chute des titres des grandes sociétés  helvétiques cotées en Bourse, et dont les exportations risquent de souffrir.

Vendredi vers 18h15, la monnaie unique européenne valait 0,981 franc suisse pour 1 euro, contre 1,20 franc suisse pour 1 euro, qui était le cours garanti par la BNS.

Le dollar cotait pour sa part à 85,22 centimes pour 1 dollar, contre 1,01 franc suisse pour 1 dollar avant l'annonce de la BNS.

Le maintien du taux plancher n'était plus possible

Thomas Jordan, qui a déjà donné une conférence de presse jeudi à Zurich après l'annonce choc de la banque centrale, a répété samedi que le maintien du taux plancher, fixé il y a 3 ans et demi quand le franc suisse était au plus haut, n'était plus possible.

"Si la BNS avait poursuivi cette politique, elle risquait de perdre le contrôle de sa politique monétaire de long terme", a-t-il déclaré.

Pendant 3 ans et demi, la BNS est intervenue massivement sur les marchés des changes, chaque fois que les investisseurs achetaient trop de francs suisses, ce qui faisait grimper la monnaie helvète. La BNS est intervenue en achetant des euros à tour de bras, ce qui a fait gonfler ses réserves dans la monnaie européenne, multipliées par 10 en 4 ans.

"Nous étions conscients des difficultés que la décision allait engendrer pour les entreprises", a ajoutéThomas Jordan, en réponse à la levée de boucliers constatée en Suisse dans les milieux économiques. Le patron de la BNS demande cependant aux patrons de ne "pas surréagir et d'analyser la nouvelle situation de manière approfondie". Le directeur de la banque centrale rappelle encore que le taux plancher était une mesure exceptionnelle d'une durée limitée. Il devait être "abandonné" un jour.

Mesure efficace

Pour la BNS, il n'était pas possible de sortir du taux plancher de manière graduelle, il fallait prendre les marchés par surprise pour que la mesure soit efficace. Des patrons de sociétés suisses, telles que Nick Hayek (Swatch Group) et des banquiers comme Michel Juvet, associé-gérant aorès de la banque privée suisse Bordier & Cie, ont publiquement fait part de leur surprise et de leur incomprénhension, face à cette mesure de la BNS, qui a provoqué deux jours de panique à la Bourse suisse, avec -8,7% jeudi et -6% vendredi.

Pour Michel Juvet, il s'agit clairement "d'un krach". Des commentateurs dans la presse suisse ont même demandé la démission de Thomas Jordan. "Cet homme doit partir", écrit ainsi le journal suisse-allemand Blick. Pour Christoph Blocher, leader du parti UDC (droite populiste) et premier parti suisse, il faut attendre pour évaluer correctement les conséquences de l'abandon du taux plancher. Il estime cependant que "tous ceux qui s'excitent aujourd'hui contre cette mesure n'ont pas assez anticipé ces dernières années" l'abandon du taux plancher.

Un problème pour les entreprises exportatrices suisses

Ce sont surtout les entreprises exportatrices qui sont en première ligne. "De telles sociétés doivent redoubler d'efforts, sinon elles ne survivront pas", a estimé Christoph Blocher, qui contrôle une grande société suisse EMS-Chemie.

La décision jeudi de la BNS a provoqué une onde de choc dans l'économie helvétique et encore secoué les marchés financiers vendredi. Les actions des banques et de l'industrie du luxe ont subi les baisses les plus spectaculaires durant les 2 jours de panique boursière.

En outre, pour la première fois, le taux d'emprunt à 10 ans de la Suisse sur le marché obligataire secondaire est devenu négatif, avec un taux de -0,031%, contre +0,076% la veille à la clôture. Concrètement, cela signifie que celui qui veut prêter de l'argent à la Suisse doit payer pour le faire.

Taux négatifs

Ces taux négatifs devraient donc en principe décourager les investisseurs de placer en franc suisse et les inciter à se tourner vers d'autres monnaies comme l'euro. La grande banque suisse UBS a aussi sabré ses prévisions de croissance pour la Suisse en 2015, en raison de cette nouvelle donne financière : elle table désormais sur une progression de 0,5% du PIB en 2015, au lieu de 1,8% précédemment, et d'1,1% en 2016, au lieu d'1,7%.

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Commentaires 39
à écrit le 20/01/2015 à 14:40
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La définition du "vol" : "Le vol est une infraction qui consiste en la soustraction frauduleuse de la chose d'autrui. Le vol est ainsi défini à l'article 311-1 du Code pénal. C'est un délit sanctionné de 3 ans de prison et 45 000 euros d'amende. Cet...

à écrit le 19/01/2015 à 15:36
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Qui disait des suisses doucement doucement…Après ce coup là les allemands commencent moins discrètement à s'interroger. Quitter l'Euro qui chaque jour attaqué n'est plus à l'image d'un DM fort, là ça devient sérieux et une Europe sans Allemagne pourr...

à écrit le 18/01/2015 à 17:06
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Les fonds speculatifs avaient accumulees des positions vendeuse massives sur le CHF. Le rationnel etait simple : vendre a decouvert CHF/EUR le plus pres possible des 1.20 , et profiter des petites hausses (1.2255 1.23) pour realiser des benefices, ma...

le 18/01/2015 à 17:37
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"C''etait bingo garanti avec risque NUL des lors.."

à écrit le 18/01/2015 à 14:46
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Acheter de l'euro pendant 3 ans au plus haut et la BNS va devoir les vendre ... Avec une sacrée moins value !!!

à écrit le 18/01/2015 à 12:00
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on va pouvoir dire maintenant " y' a le feu au lac " !

à écrit le 18/01/2015 à 10:31
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fifi et nini l'histoire de valeur refuge !

à écrit le 18/01/2015 à 10:07
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La Suisse est aussi une grande place universitaire, EPFL HEC ... Fréquentée par énormément d'€uropéens et en 5 ans l'€/CHF est passé de 1.40 à 1

le 18/01/2015 à 10:54
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La prochaine rentrée se fera suivant l'épaisseur du portefeuille à Papa.

le 18/01/2015 à 13:48
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La jeunesse dorée qui étudie en Suisse est moins européenne qu'Anglo-Saxonne, les américains en tête. Tous des petits fils (et filles) à papa, et papa est souvent très riche. Donc, il n'y aura quasiment pas de différence pour ceux qui payaient en US ...

à écrit le 17/01/2015 à 21:11
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Les entreprises d'adapteront. JE connais une entreprise filiale d'un groupe suisse en France dont les profits vont exploser d'un coup..... Les suisses ne peuvent plus vendre... Mais ils vendront par une tierce entreprise c'est tout.

à écrit le 17/01/2015 à 19:48
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en 4 ans la BNS a depense 95% du PIB pour maintenir la parite 1 20= 1 euro! Ils en ont assez. La vraie parite est 1 FS = 1 euro Eh oui les messieurs de bras casses europeens ( sauf les Casques pointues qui bossent )

le 18/01/2015 à 16:41
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Mince les pauvres suisses...

à écrit le 17/01/2015 à 19:11
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mettez vous a sa place: vous faites de la meme maniere.et meme plutoet il y a au mpoins 4 ans c est pour dire t

à écrit le 17/01/2015 à 19:06
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Comme les allemands imposeront un QE rikiki, ça va se régulariser et par contre le CAC va boire le bouillon. Merci ANGELA!

à écrit le 17/01/2015 à 18:05
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des taux négatifs, le franc suisse en hausse, le pétrole en baisse .... c'est la guerre économique !

à écrit le 17/01/2015 à 17:58
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J'ai fait un tour sur les sites en ligne de migros et coop/suisse....c'est édifiant! Faites un tour pour toucher de près la sur surévaluation du franc suisse!!!! Le salami à 59 FS le kilo = 58 euros, les côtes d eporc en promo à 14.90 FS = 14 euro...

le 17/01/2015 à 18:11
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Pourquoi attaquer la Suisse? Elle réussit trop bien? Quelle belle mentalité française.....

le 17/01/2015 à 18:25
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pourquoi restreindre ??? Justement si les Suisses ont un fort pourvoir d'achat ils pourront acheter des produits juste de l'autre de leurs frontières et booster léconomie locale des pays concernés ! De même les travailleurs frontaliers viennent de re...

le 17/01/2015 à 22:17
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je sais pas si vous etes comme moi mais chaque fois que je mange un salami suisse et un salami rital ainsi que une cote de porc suisse et une cote de porc francais je me suis dit il n y a pas de photo. Un delice contre un bas cout. Avez vous goute...

le 17/01/2015 à 23:57
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ce serait pas plutôt en Europe qu'il y aurait un problème ?

le 18/01/2015 à 9:40
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Comparaison n est pas raison ce que nous disons a Gueret prefecture de la Creuse. Avez vous visite une porcherie en Suisse? Ce n est pas comme chez nous les porcs ne mangent pas du soja ogm chinois mais des cereals cultives en Suisse dans le regle d ...

à écrit le 17/01/2015 à 17:51
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Oui la BNS revient aux racines du succès de ce pays. L'Europe est un tas de m---- spécialement la France pire que tout car profiteuse, jalouse et arrogante. Elle compte sur les allemands pour financer son contre-modèle mais ça craquera. Alors là on a...

le 17/01/2015 à 18:54
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truc assez drôle .... les français qui avaient un compte en suisse ont été remboursés pas chèque ! looooooooooool

le 17/01/2015 à 22:18
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je pensais comme vous j allais le dire

le 18/01/2015 à 18:05
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les suisses qui nous parlent d'arrogance ou qui nous accuse de profiter... On reparle de la 2nde guerre mondiale ? En attendant, ce qu'on voit, c'est que le secret bancaire suisse est à l'agonie, l'économie suisse est à bientôt à l'agonie, et le fran...

à écrit le 17/01/2015 à 17:42
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Payer pour placer son argent (en Suisse!). Il faut vraiment ne pas vouloir payer d'impôts pour accepter une tel deal.

le 17/01/2015 à 19:00
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Il y a encore Hong-Kong et l’île de Man CQFD Jérôme !

le 17/01/2015 à 19:57
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C'est peut-être aussi pour éviter que le gouvernement socialiste confisque son argent. Pour info, celui qui a mis son argent en Suisse a gagné la semaine passé 20 %, ce n'est pas négligeable.

le 17/01/2015 à 20:59
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pas forcément... les règles de gestion de risque imposent de prendre quasi automatiquement des produits de pays bien très bien notés. Donc même avec des taux négatifs la Suisse récupèrera quand même des investissements. Pour info c'est ce qui nous a...

le 18/01/2015 à 9:44
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si on placait 100 fs en suisse avec un interet negatif -0.25 en 4 ans ca fait grosso modo -1%. Avec le franc reevalue de 20/30 % on ne peut dire bravo les Helvetes

à écrit le 17/01/2015 à 16:27
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Le pb n'est pas pour les suisses qui se retrouvent assis sur une montagne d'or mais pour les autres.

le 17/01/2015 à 21:01
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le problème va se poser très vite pour tout les transfrontaliers: il gagne en pouvoir d'achat... si ils gardent leur boulot. Or la petite panique que la BNS a déclenché aura d'une façon ou d'une autre un impact sur l'économie Suisse et en particulier...

à écrit le 17/01/2015 à 15:29
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Il faut juste revenir aux fondamentaux de la théorie économique, l'économie suisse c'est 8 millions d'habitants, avec un pnb équivalent à l'ile de France soit 550 milliards de francs suisse, une balance des transactions courantes de 11 milliards de f...

le 17/01/2015 à 15:39
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c'est sur en Europe les produits suisses sont chers mais au Bangladesch et en Chine non ...

le 17/01/2015 à 16:24
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L'avenir est vers l'Asie, pour combien de temps ? C'est comme la belle histoire du TGV, que les Chinois ne pourraient pas imiter, résultat quelques années plus tard, ou est le TGV Français en Chine. Et cela sera la même chose pour toutes les technol...

le 17/01/2015 à 18:00
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Ah bah c'est sûr, avec l'envolée du franc suisse, les produits suisse deviennent trop cher pour l'europe. Mais aussi pour le reste du monde qui n'a pas encore le même niveau de vie. Magnifique krack économique en perspective et pour quoi ? car il fau...

le 17/01/2015 à 21:11
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Il ne faudrait pas trop s'enflammer sur l'Asie. Oui c'est la zone du monde qui est actuellement la plus dynamique (quoique cela commence à se tasser à plusieurs endroits) mais elle a plusieurs épées de Damoclès au dessus d'elle (notamment le risque d...

le 18/01/2015 à 10:50
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Vous voulez dire que la stratégie du pays et des grandes entreprises Suisses est faite par les financiers de de la BNS ? Et elle aurait décidée du jour au lendemain que son avantage compétitif dans la mondialisation est la rente ? Pour faire court, d...

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