Euronext met la croissance externe au menu de son plan stratégique

Dans le contexte du projet de fusion entre le LSE et Deutsche Börse, l’opérateur des Bourses de Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne fait en partie reposer sa stratégie de développement d’ici à 2019 sur des acquisitions « ciblées », voire sur une opération « transformante. »
Christine Lejoux
Euronext table sur une marge d'excédent brut d'exploitation comprise entre 61% et 63% à l'horizon 2019, contre 54,7% à la fin 2015.

C'est fromage et dessert pour Euronext. Le plan stratégique dévoilé ce vendredi 13 mai par l'opérateur boursier paneuropéen repose à la fois sur la croissance organique et sur des acquisitions. Bien obligé : dans le contexte du projet de fusion entre le LSE (London Stock Exchange) et Deutsche Börse, l'opérateur des Bourses de Paris, Bruxelles, Amsterdam et Lisbonne risque d'être marginalisé, avec, notamment, une capitalisation boursière de moins de 3 milliards d'euros, quand son concurrent britannique pèse 11,3 milliards, et son rival allemand, près de 15 milliards d'euros.

Sur l'enveloppe de 100 à 150 millions d'euros qu'Euronext allouera à son développement d'ici à 2019, une partie sera donc consacrée au financement « d'acquisitions ciblées », a indiqué Stéphane Boujnah, PDG d'Euronext depuis novembre dernier, lors d'une conférence téléphonique. La veille, l'opérateur boursier, dont l'accord avec la chambre de compensation LCH Clearnet (qui appartient au LSE) prendra fin en 2018, avait d'ailleurs annoncé être en négociations exclusives avec EuroCCP, afin de prendre une participation de 20% dans cette chambre européenne de compensation (activité assurant la sécurité des transactions), pour 14 millions d'euros.

De nouveaux actifs pour Euronext ?

De fait, le développement de services de compensation est l'un des axes de croissance sur lesquels Euronext va se focaliser, au cours des quatre prochaines années, parallèlement à son ambition de devenir « la » Bourse des PME technologiques européennes, sans oublier un renforcement dans les matières premières agricoles, l'offre de données financières, et la fourniture d'une plateforme paneuropéenne d'ETF (fonds indiciels cotés).

Or, pour des raisons de concurrence, le nouvel ensemble qui naîtra du rapprochement entre le LSE et Deutsche Börse pourrait être contraint de céder des actifs dans le domaine de la compensation, en particulier Clearnet, la partie française de LCH Clearnet. « Nous suivrons activement l'évolution de la situation. Mais l'expérience montre que les opérations de grande envergure mettent toujours plus de temps que prévu pour aboutir. A ce stade, nul ne peut préjuger de la position que la Commission européenne adoptera [quant au feu vert à donner au projet de rapprochement entre le LSE et Deutsche Börse ; Ndlr] », a nuancé Stéphane Boujnah.

Les Bourses de Madrid, Varsovie et Milan en ligne de mire ?

Toujours en matière de croissance externe, Euronext n'exclut pas se montrer plus ambitieux encore. « Dans le contexte mouvant du secteur, nous examinerons soigneusement toute opportunité éventuelle d'une transaction transformante », a indiqué Stéphane Boujnah. Et le dirigeant de préciser sa pensée : « Il existe en Europe d'autres bourses indépendantes, qui pourraient envisager des alternatives stratégiques. »

Stéphane Boujnah n'en a pas dit davantage, mais il est difficile de ne pas songer à la Bourse de Madrid, dont un rapprochement avec Euronext permettrait de constituer un ensemble doté d'une une part de marché de 20% sur les actions en Europe. Comment ne pas penser, non plus, à la Bourse de Varsovie, ou encore à celle de Milan, dont le LSE pourrait être amené à se séparer, dans le cadre de sa fusion avec Deutsche Börse ?

Fédérer les places boursières d'Europe du Sud et d'Europe centrale permettrait en effet à Euronext de mener à bien sa « mission de financement de l'économie réelle européenne par les marchés. » Mais, comme l'a rappelé Stéphane Boujnah, le calendrier d'opérations aussi structurantes est par nature difficile à prévoir. C'est donc en « célibataire » qu'Euronext s'est fixé pour objectifs de faire croître son chiffre d'affaires de 5% par an d'ici à 2019, à 575 millions d'euros, contre 467 millions en 2015 (hors activités de compensation), et de réduire encore ses coûts, de 22 millions d'euros sur cette période. Le groupe table ainsi sur une marge d'excédent brut d'exploitation comprise entre 61% et 63% à l'horizon 2019, contre 54,7% à la fin 2015.

Christine Lejoux

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Commentaire 1
à écrit le 14/05/2016 à 18:52
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Je ne comprends pas ce chiffre de capitalisation donné en début d'article... entendez-vous par là qu'une OPA sur Euronext est possible ? Pour ma part, je pense que la fusion entre DB et LSE ne fonctionnera pas dans le contexte actuel. C'est évident.

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