Investir en bas de cycle : le cas ArcelorMittal (2/2)

Le marché mondial de l'acier est en surcapacités. Comment réagit l'un des leaders mondiaux, ArcelorMittal? Deuxième volet de l'examen de la situation du groupe par les analystes de L'Investisseur Français (*).
Lakshmi Mittal, patron d'ArcelorMittal.

--> Investir en bas de cycle : le cas Arcelor Mittal (1/2)

C'est un sort décidément ingrat qui s'acharne sur le premier sidérurgiste mondial : après une nouvelle perte sèche de 711 millions de dollars ce trimestre, ses prévisions de résultats pour l'année qui s'achève sont revues à la baisse. D'un EBITDA ambitionné de six à sept milliards en début d'exercice, le management n'espère plus guère encaisser qu'entre 5,2 milliards et 5,4 milliards de dollars.

La calamité du business, c'est de n'avoir aucun contrôle sur ses prix de vente : l'acier est vendu au prix que le marché veut bien en donner, or celui-ci ne fait que diminuer.

Net ralentissement économique en Chine

Production mondiale en surcapacité notoire, net ralentissement économique en Chine (doublé d'une grande braderie des producteurs locaux en difficulté, prêts à tout pour écouler leurs stocks), appréciation du dollar... Quitte à parler de calamités, on les voit ici s'additionner.

Chaque année, le management annonce la reprise. Et chaque année, il est contrarié par des circonstances capricieuses : quand ce ne sont pas les Etats-Unis, c'est l'Europe ; et quand ce n'est plus l'Europe, c'est la Chine.

Le Meilleur Business du Monde nous l'a appris : dans une industrie difficile comme la sienne, ArcelorMittal n'a qu'une seule et unique alternative pour survivre à long-terme - contrôler ses coûts, et sanctuariser un bilan forteresse capable d'absorber les chocs (par exemple, une récession mondiale prolongée).

Les largesses d'avant la crise - Lakshmi Mittal parlait alors de « nouvelle donne économique » - sont bel et bien de l'histoire ancienne. L'entreprise fait (enfin !) le travail, et coupe dans le gras en poursuivant un agressif programme de désendettement (il y a urgence).

Suspension du dividende

Le dividende n'a cependant été suspendu que tardivement, alors que le stress lui ne date pas d'hier. Dommage : cette mesure simple et symbolique aurait sensiblement contribué à l'amélioration de la situation financière (précaire) du groupe.

Si la maturité de la dette a été rallongée (à après 2020), les ratios de dette nette sur fonds propres (environ 20 milliards de dette pour 30 milliards de fonds propres, dont la plupart sont des installations industrielles difficiles à monnayer dans le contexte actuel) et de couverture des intérêts (moins de deux fois l'EBITDA moins les investissements projetés en 2015) demeurent insuffisants pour qualifier le financement du sidérurgiste de conservateur, malgré les récents (et indéniables) progrès.

Pour l'investisseur, l'effet de levier d'une telle entreprise présente certes une opportunité rêvée de démultiplier son capital en cas de reprise des prix de l'acier - mais il ne manquera pas de jouer en sa défaveur dans le cas contraire...

Chez l'IF, la préservation du capital est un impératif quasi-religieux. A ce titre, l'amélioration de la situation de liquidité demeure une condition sine qua non pour que nous puissions (éventuellement) envisager d'investir dans ArcelorMittal. En l'état, nous pensons trouver nettement mieux (et nettement plus sûr) à faire ailleurs.

"Saisir le rebond"

Ladite amélioration de la situation de liquidité ne peut ici être obtenue que de deux manières : grâce à une augmentation des prix de vente, sinon une réduction de la dette - idéalement les deux en simultané, mais on verse sans doute dans l'utopie : quand le prix d'une ressource augmente, ses producteurs investissent souvent dans leurs capacités de production pour « saisir le rebond ».

Un refinancement de la dette via une émission d'actions à ces niveaux de cours serait très préjudiciable pour les actionnaires. Seul (potentiel) garde-fou : au premier rang d'entre eux figure Lakshmi Mittal (et quelque chose nous dit qu'il tient à ses milliards).

Espérons pour l'ensemble des parties prenantes que l'entreprise parvienne à ses fins, même si elle souffre d'un contrôle très approximatif sur son destin.

--> Investir en bas de cycle : le cas Arcelor Mittal (1/2)

>> (*) Pour aller plus loin, retrouver toutes les analyses de L'Investisseur Français sur son site.

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Commentaires 5
à écrit le 25/11/2015 à 9:40
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Commentaires qui glacent le sang. Ca fait peur pour l'avenir du pays, quelle nullité. @benben, une entreprise qui ne controle pas ses prix de vente n'a aucun controle sur son destin, c'est l'idée.

à écrit le 24/11/2015 à 23:16
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Pompeux, verbeux, approximatif, puéril et surtout plein d'arrogance. Étonnant qu'un journal comme La Tribune publie ce genre de médiocrité.

à écrit le 24/11/2015 à 17:42
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Question : est-ce l'IF et ses abonnements à 1 000 euros par ans sont rentables ? Vu la qualité pitoyable des papiers et recommandation, moi je pense que oui. Un beau petit club qui n'est là que pour encaisser les euros sur le dos de benêts prêts à "r...

à écrit le 24/11/2015 à 17:06
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L'IF, c'est pas les guignols qui ont recommandé il y'a 1 an maintenant SHLD et IBM à l'achat ? D'ailleurs, leurs recommandations, sont-elles bien en ligne avec la réglementation des Marchés Financiers ? On attend que l'AMF se saisisse du cas IF et de...

à écrit le 24/11/2015 à 14:40
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Cher représentant de L'investisseur Français, Qui êtes vous pour parler de la sorte ? "elle souffre d'un contrôle très approximatif sur son destin" Et vous vous contrôlez quoi de votre destin? Ecrire des articles approximatifs et surtout misérab...

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