LVMH, Hermès, L'Oréal...Pourquoi les valeurs du luxe décrochent en Bourse ?

Cette semaine, les entreprises du luxe cotées à la bourse parisienne sont rouge Louboutin. A l’origine de ce décrochage qui est bien plus important que celui subi par le Cac40, des notes de grandes banques qui se montrent pessimistes sur les perspectives de ce secteur à court et moyen terme.
Maxime Heuze
le cours de LVMH a décroché de plus de 6 % en quatre jours suite à la note de Deutsche Bank évoquant des perspectives plus moroses pour le secteur.
le cours de LVMH a décroché de plus de 6 % en quatre jours suite à la note de Deutsche Bank évoquant des perspectives plus moroses pour le secteur. (Crédits : BENOIT TESSIER)

[Article publié le 25 mai à 19h, mis à jour le 26 mai, 14h, avec actualisation des cours]

Alors qu'on les croyait invincibles, les valeurs du luxe affichent, cette semaine, des chutes brutales de leurs cours de Bourse. Tandis que le CAC 40 a perdu 3,1% depuis le début de la semaine, Hermès et LVMH ont corrigé de plus de 6 % depuis le début de la semaine. La spirale baissière marque cependant une pause ce vendredi à 14h. Hermès a repris 0,81% tandis que LVMH grimpe de 1,31% en séance.

Comme un rappel à modération après les records successifs engrangés par les champions français du luxe. Sur un an, l'Oréal a gagné 30 %, LVMH 48% et... Hermès près de 85% !

Lire aussiBourse : LVMH valorisé à plus de 400 milliards d'euros, une première en Europe

« Il y a eu un véritable engouement des marchés sur les valeurs du luxe car elles ont délivré des résultats trimestriels très positifs et ont affiché une constante croissance liée à la réouverture de l'économie et du tourisme », analyse Alexandre Hezez, stratégiste chez la banque Richelieu. Mais, voilà, dernièrement, les perspectives se sont singulièrement assombries.

Dégradation des perspectives économiques en Chine et aux Etats-Unis

L'étincelle qui a mis le feu aux poudres boursières cette semaine vient de la publication de deux banques sur le secteur du luxe. Morgan Stanley a d'abord souligné, le 25 avril dans une note, que l'absence de rebond (plus) important en Chine et les risques de récession aux Etats-Unis font naître des doutes quant à la poursuite de la croissance du secteur. Un mois plus tard, Deutsche Bank fait un constat équivalent, notamment sur le ralentissement de la consommation aux Etats-Unis, ce qui provoque un fort courant vendeur sur le secteur.

« L'Asie et les États-Unis sont des marchés importants pour les sociétés de luxe européennes. L'Asie hors Japon représentait 30 % des ventes de LVMH en 2022, tandis que les États-Unis en représentaient 27 %. On considère que d'ici 2025, la moitié des achats d'articles de luxe devrait être effectuée par des clients chinois et 28% du chiffre d'affaires mondial sera réalisé en Chine continentale, contre 11% actuellement », confirme, dans une note, John Plassard, directeur chez la banque Mirabaud.

Des valeurs chères qui servent de variable d'ajustement aux investisseurs

Deutsche Bank souligne également que le secteur est fortement valorisé. LVMH et Hermès affichent des ratios cours sur bénéfices (Per), de respectivement de 26 et 52 ! « Swatch, par exemple, a une valorisation beaucoup moins chère avec un Per de 12. Donc on pourrait avoir un rattrapage de ces valeurs moins chères sur leurs concurrents qui enchaînent les plus hauts historiques. Mais il va falloir attendre les prochains résultats », avance Antoine Fraysse-Soulier, analyste chez le courtier eToro.

« Historiquement, le luxe fait mieux que le marché en période de hausse et de baisse. Mais ces dernières semaines, on était en apesanteur sur ces valeurs. La note de Deutsche Bank a fait office de prétexte pour revenir à des niveaux plus bas », ajoute-t-il.

Et l'ampleur de la baisse s'explique aussi par le poids de ces valeurs sur l'indice parisien. « Elles sont devenues des valeurs incontournables (près d'un tiers de la valeur du Cac 40, ndlr), tout le monde en a en portefeuille donc quand il y a un phénomène de mini-krach comme on a eu cette semaine dû aux tensions sur la dette américaine, les investisseurs les utilisent comme valeurs d'ajustement », analyse Alexandre Hezez.

Autrement dit, les investisseurs qui ont engrangé des gains importants ces derniers mois sur LVMH, Hermès et autres L'Oréal ont profité de cette période de baisse pour vendre ces valeurs et prendre leurs profits.

Toujours de belles perspectives à moyen et long terme

Pour le stratégiste de Richelieu, pas de panique néanmoins : « les résultats sont très bons et nous savons que la reprise de la croissance chinoise est attendue au deuxième semestre ».

John Plassard partage aussi cet optinisme sur le secteur. Selon lui, cette correction n'est autre qu'une respiration après le rallye haussier de 2023 et  les cours devraient continuer de grimper à l'avenir. « Il y a toujours des relais de croissance forts tels que les consommateurs « millennials » (nés entre 1980 et 1995) qui sont des acheteurs réguliers de produits de luxe. Selon les chiffres de Bain & Compagny, ils représentaient 35 % du marché en 2019 et pourraient atteindre 45% en 2025. Le cabinet anticipe aussi que la base de clientèle du marché du luxe pourrait atteindre 450 millions de clients en 2025, contre 390 millions en 2019 », détaille le banquier. De quoi rassurer les investisseurs sur la croissance future du secteur.

Les actions plombées par les craintes sur la dette américaine

Le temps n'est pas maussade que sur le secteur du luxe. Que ce soit le Cac40 (-3,1% depuis lundi), l'eurostoxx 600 (-2,1%) ou le S&P500 (-1,8), la plupart des indices boursiers mondiaux sont franchement orientés à la baisse.

A l'origine de cette forte aversion au risque, les craintes de récessions en Europe et aux Etats-Unis, l'absence de la reprise de la consommation en Chine mais surtout : les discussions autour du rehaussement du plafond de la dette américaine. « Les cours avaient monté la semaine dernière suite à des rumeurs positives sur l'issue des discussions. Or les négociations s'enlisent ce qui a provoqué un repli des marchés qui craignent qu'aucun accord ne soit trouvé et que les Etats-Unis fassent défaut sur leur dette », explique Antoine Fraysse-Soulier.

Maxime Heuze

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Commentaires 3
à écrit le 26/05/2023 à 12:34
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Le Lucre c'est mauvais pour la santé ! Mentale puis physique... C'est comme le sucre ! il faut des camps de rééducation pour les rentiers. Ils n'ont pas la valeur travail !

à écrit le 25/05/2023 à 23:15
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Une cotation accessoirement tenu, à la hausse par des rachats d'actions, un PER hors de toute proportion et control, plus dure sera la chute.

à écrit le 25/05/2023 à 19:43
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Une correction en effet du fait de recherches de valeurs sûrs qui ont été certainement surcotées par défaut, c'est un secteur solide qui ne risque rien c'est juste que c'est la crise, le gâteau est de moins en moins gros.

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