Trump président : gros coup de tangage sur les marchés

C'est gagné pour Trump. Que va-t-il se passer sur les marchés maintenant ? Retour sur la dégringolade de ce matin, dans la dernière ligne droite de cette élection sous haute tension, à mesure que le républicain progressait. Au Japon, le Nikkei plongeait de près de 6%, les marchés américains de plus de 5%. Tandis que les valeurs refuges (emprunts d'Etat, franc suisse, or...) grimpaient. Paris ouvre en baisse de 3%.
A 2h41 (8h41 heure de Paris), c'était plié, Trump engrangeait 276 grands électeurs, passant haut la main la barre des 270 qu'il lui fallait pour l'emporter. Ci-dessus : la une ("front page" du site internet) du "New York Times" à 3h28 du matin à New York, (9h28, heure de Paris), ce mercredi 9 novembre 2016, affiche la victoire du républicain, avec un score encore amélioré, à 279.

Article publié le 9 novembre à 7h18, mis à jour à 9h45

A 9 heures, le compteur de grands électeurs affichait 276, donnant définitivement la victoire à Donald Trump. Rarement une élection américaine a provoqué un tel suspense. Et les marchés n'ont pas tardé à réagir.

Dans une redite du Brexit, les marchés et les monnaies plongeaient aux Etats-Unis et au Mexique, ainsi qu'en Asie. En Europe, les principales Bourses ont ouvert mercredi en nette baisse avant de réduire leurs pertes, réagissant négativement mais sans panique à la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine. Vers 08h15 GMT, l'indice CAC 40 perd 1,6% à 4.404,98 points. À Francfort, le DAX laisse 1,8% et à Londres, après avoir cédé 0,5%, le FTSE est repassé dans le vert peu avant 10 heures GMT. L'indice EuroStoxx 50 de la zone euro perd 1,8%, le FTSEurofirst 300 1,3% et le Stoxx 600 1%. Le parallèle avec la victoire du Brexit, le 23 juin dernier, dont l'issue avait pris les marchés par surprise, est évident mais l'effet pourrait cette fois être plus profond et plus durable, font valoir les observateurs. Les replis les plus marqués sont pour l'automobile (-2,7%) et les banques (-2,2%). Les seuls secteurs en hausse sont les ressources de base (+0,7%) et la santé (+2,6%).

Les marchés craignent que l'entrée du milliardaire à la Maison-Blanche ouvre une période de turbulences et d'incertitudes économiques et politiques alors qu'ils anticipaient mardi la victoire de la démocrate Hillary Clinton, considérée comme la garante du statu quo. Au cours de la campagne, Donald Trump a menacé de remettre en cause plusieurs grands accords de libre-échange multilatéraux et d'imposer des barrières douanières aux importations américaines en provenance de pays comme le Mexique ou la Chine, ce qui pourrait peser sur le commerce international et donc sur la croissance mondiale.

"Une terrible colère de l'électorat."

Vers 6h GMT, alors que Donald Trump était donné en tête sur sa rivale sans pour autant s'être assuré les 270 grands électeurs nécessaires pour l'emporter, les marchés actions, le dollar, et la plupart des matières premières étaient en forte baisse tandis que des valeurs refuges comme les emprunts d'Etat, le yen japonais et l'or étaient recherchés.

Vers 7h du matin heure de Paris, Reuters rapportait les propos de Daniel Alpert, associé de Westwood Capital à New York :

"Quel que soit le résultat final, il traduit une terrible colère de l'électorat. Les marchés vont tanguer et ensuite, les gens raisonnables de l'entourage de Trump vont lui dicter un discours destiné à calmer les marchés. Mais ça n'est pas le problème: le problème, c'est qu'il ne peut pas tenir les promesses de son premier cercle, des fous qui, en même temps, reflètent réellement les préoccupations de ceux qui se sont dressés contre le consensus de Washington."

Le peso mexicain (le "thermomètre Trump") à son plus-bas

Le peso mexicain plongeait de près de 12% face au dollar mercredi matin, après avoir touché un plus-bas historique face au dollar. Le dollar, lui, chutait face aux principales devises internationales tandis que les Bourses asiatiques dévissaient à mesure que le candidat républicain Donald Trump accumulait les victoires dans les Etats clefs dans la course à la Maison-Blanche. La devise mexicaine, considérée comme le "thermomètre Trump", est tombée à un plus bas historique face au billet, pâtissant des menaces de Donald Trump de remettre en cause les accords de libre-échange entre les Etats-Unis et le Mexique.

Aux Etats-Unis, les contrats à terme sur les deux principaux indices du marché - qui reflètent le sentiment des investisseurs pour l'avenir - décrochaient aussi, de plus de 4%.

A Londres, à quelques heures de l'ouverture, la Bourse perdait près de 5% sur les marchés à terme.

Au Japon, une grande dégringolade

En Asie, l'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo chutait de près de 6% mercredi à moins d'une heure de la clôture, les acteurs du marché craignant de plus en plus une victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine.

L'indice Nikkei des 225 valeurs vedettes a perdu 928,93 points (5,41%) à 16.242,45 points. L'indice élargi Topix de tous les titres du premier tableau a cédé 62,33 points (4,57%) à 1.301,16 points après avoir pourtant passé, comme le Nikkei, une grande partie de la matinée en territoire positif. L'activité était très dense à Tokyo, avec près de 3 milliards de titres échangés sur le premier marché une heure avant la fermeture, soit près du double d'une journée moyenne ces derniers mois.

Et la chute pourrait être plus lourde encore, avertit Daisuke Uno, chez Sumitomo Mitsui Banking, rappelant que l'indice boursier japonais Nikkei avait lâché près de 8% le 24 juin, juste après le choc du Brexit. Le ministère des Finances et la Banque du Japon (BoJ) devaient se réunir sous peu.

Hong Kong lâchait au même moment près de 3%, Sydney 2%, Shanghai 1,3% et Bombay jusqu'à 6%, affecté en outre par une annonce choc du gouvernement indien pour lutter contre l'argent noir.

Franc suisse, or... les valeurs refuges à la hausse

Dans ce contexte, l'or, valeur refuge, s'appréciait nettement, à 1.337,38 dollars l'once, contre 1.268,30 dollars en début de matinée. Les investisseurs se précipitaient aussi sur le marché de la dette: le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans reculait à 1,722%, contre 1,867% quelques heures auparavant, et celui des obligations japonaises glissait en terrain négatif.

Le franc suisse, une valeur refuge par excellence -de celles derrière lesquelles les investisseurs viennent se retrancher dans les phases de turbulences sur les marchés-, grimpait mercredi matin face au dollar, reflétant la nervosité des marchés en attendant le verdict définitif  des urnes sur l'élection présidentielle américaine.

A 6H07 GMT, le franc suisse s'appréciait de 2% face au dollar, la parité se situant 0,9583 dollar pour un franc suisse, après avoir amorcé un mouvement de nette hausse dans le milieu de la nuit.

A noter enfin, le déclin des cours du pétrole. Vers 05H00 GMT, le baril de light sweet crude (WTI), référence américaine du brut, pour livraison en décembre, fléchissait de 1,56 dollar à 43,42 dollars et le baril de Brent, référence européenne, pour livraison en janvier, cédait 1,41 dollar à 44,63 dollars.

(avec AFP et Reuters)

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Commentaires 9
à écrit le 10/11/2016 à 12:22
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elle est où la panique annoncée ? Les commentateurs semblent plus compétents que la Tribune ! Allez-vous nous la rejouer en 2017 pour Marine Le Pen ? Vous rendez-vous compte à quel point vous vous discréditez avec ces prédictions bidons (Brexit,...) ...

à écrit le 09/11/2016 à 16:28
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Et voilà qu'on va nous rejouer le Brexit ! Bien entendu qu'il y a des gens qui ne souhaitent pas que cela change pour eux, mais bien dans quelques jours, on en reparlera plus :-)

à écrit le 09/11/2016 à 14:15
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Panique ? Vous connaissez mal les marchés... de votre part c'est inquiétant...

à écrit le 09/11/2016 à 14:05
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Je ne comprends pas trop, tous les spécialistes avaient prédit un effondrement des bourses en europe. Ils se trompent tellement que parfois la notion de spécialiste est à revoir. Mon chirurgien est il autant un spécialiste que ces derniers ? J'ai un...

à écrit le 09/11/2016 à 11:55
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Seulement le temps que les capitaux des oligarchies financières se replacent et tout ceci sera oublié dans la journée. Certains financiers seront rassurés car sachant qu'ils feront de juteux bénéfices grâce à Trump, d'autres s'aligneront sur Trum...

à écrit le 09/11/2016 à 11:47
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c'est la fin des carrieriste de la politique. tel sarko et hollande. et autre qui n'ont jamais travaille et bientôt la destruction de l'ena a remplace par des brevet de travail manuell

à écrit le 09/11/2016 à 11:25
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la finance rebondira vite comme pour le brexit ; l'effondrement annoncé ne s'est pas produit , allez on en reparle dans 1 mois !

à écrit le 09/11/2016 à 8:34
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Avec une majorite de chaque chambre, il est temps d'attacher les ceintures...Trump arrive plus que jamais

à écrit le 09/11/2016 à 8:25
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Il y a des journées comme celles-ci qui commencent bien. Lorsque la démocratie reprend ses droits face aux puissances de l'argent et la corruption, je suis satisfait.

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