"Les classements appauvrissent le choix"

Entretien avec Bernard Belletante, directeur général d'Euromed Management
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Quel regard portez-vous sur les palmarès diffusés par la presse ?
Les classements participent à la construction de la notoriété d'une école. Ils répondent également à un besoin des familles, perdues dans une masse d'informations, ne sachant plus comment faire le tri. Malheureusement, elles font trop souvent confiance- à ce qu'elles considèrent être la référence universelle. Il faut bien comprendre que les réponses apportées par les écoles dépendent des critères de classement. S'ils répondent à la réalité de l'école, il n'y a pas de problème. Mais, dès qu'un élément ne correspond par à la spécificité d'une école ou simplifie trop la diversité de notre métier, le risque d'information biaisée est énorme. Au final, les classements appauvrissent le choix du consommateur qui ne perçoit pas les spécificités de chaque structure. Il est dangereux de considérer que les classements sont homogènes, car certains étudiants, en ignorant les pédagogies et les identités des écoles, vont intégrer des établissements qui ne leur correspondent pas.
En revanche, j'ai pu constater que les palmarès ne jouent pas sur l'attractivité du corps professoral et des partenaires internationaux qui s'intéressent davantage aux accréditations. Celles-ci sont en effet un véritable processus de qualité avec des objectifs autres que ceux des classements. L'accréditation s'inscrit dans une démarche pérenne ; c'est très « boostant » pour une école. Le recul de places dans un classement n'équivaut en rien à une perte d'accréditation. Dans ce dernier cas, les sanctions peuvent être graves et immédiates.

Utilisez-vous ces classements ?
Nous les étudions en interne. Nous regardons notamment la manière dont Euromed Management est positionnée ainsi que les points positifs ou négatifs mis en exergue par les journalistes. Mais nous ne réagissons jamais par à coups en fonction d'un classement ; cela ne s'inscrit pas dans la stratégie à long terme de l'école. Par exemple, je n'ai pas modifié mon mode de recrutement de notre corps professoral pour coller au critère du recrutement des professeurs ayant un doctorat international valorisé par certains classements. Je ne vais pas sacrifier l'identité de l'école pour gagner quelques places dans les classements ! Mes leviers d'amélioration résultent principalement de la confiance que m'accorde mon conseil d'administration et de nos accréditations qui démontrent que l'école a réalisé les progrès fixés par son plan stratégique.

Quels conseils donneriez-vous à des étudiants pour choisir leur école ?
Avant d'étudier les choix qui leur sont offerts, les jeunes doivent impérativement s'interroger sur eux, définir qui ils sont et les objectifs qu'ils souhaitent atteindre. L'école leur permettra de se révéler en fonction de leur projet professionnel, il est donc important de sélectionner celle qui les aidera au mieux à le concrétiser. Par exemple, au moment des oraux d'admissibilité, je réunis tous les candidats pour leur présenter les objectifs de formation d'Euromed Management et nos attentes-. Si, à la suite de cet échange, certains étudiants décident de ne pas intégrer notre école, cela signifie que les messages ont été entendus et que certains jeunes ne se tromperont pas. En effet, l'école valorise un positionnement décalé, fondé sur la diversité des modes managériaux. Pour répondre- aux exigences de la mondialisation, notre ambition est de former des managers d'action capables de s'insérer dans les sociétés dans lesquelles ils vont vivre et de travailler avec des équipes dont les approches culturelles, religieuses, politiques peuvent- être diamétralement opposées.

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