Mesdames, osez négocier le même salaire qu’un homme !

A poste et expérience équivalents, l’égalité salariale hommes/femmes n’est pas encore acquise. Le premier obstacle est dans la tête de la femme qui pense qu’elle ne mérite pas un meilleur salaire.
58% des professionnels interrogés en France ont demandé ou négocié une augmentation de salaire, dont 72% d'hommes et 44% femmes.

À poste et expérience équivalents, les femmes touchent 9% de moins que les hommes (source Observatoire des inégalités), état des lieux 2013 des inégalités de salaires hommes-femmes - en toutes lettres ce chiffre s'écrit discrimination.

Par ailleurs, selon une enquête mondiale d'Accenture, réalisée en ligne en novembre 2013 auprès de 4.100 personnes dans 32 pays du monde, 58% des professionnels interrogés en France ont demandé ou négocié une augmentation de salaire, dont 72% d'hommes et 44% femmes. L'écart, significatif, fait écho au titre de l'ouvrage « Women don't ask — Negotiation and the gender divide », de Linda Babcock & Sara Laschever et rappelle que les stéréotypes intériorisés ont la vie dure.

En 2015, il faut donc avoir conscience que le combat de nos mères n'est pas fini. « Elles se sont beaucoup plus battues que nous pour leur émancipation et la nouvelle génération a tendance à s'endormir sur leurs lauriers », remarque Gaëlle Ottan, fondatrice de Myexperteam.com.

« Les femmes sont comme les abeilles, elles travaillent super bien dans leur coin et pensent qu'on s'en rendra compte »


On mettra ces différences de traitement sur le compte des stéréotypes et on aura raison à condition d'ouvrir les yeux et de les voir chez tout le monde. D'abord chez les femmes, évidemment, conditionnées dès l'enfance à rester à leur place, à attendre qu'on les remarque, voire, à s'excuser d'être née fille. Christine Naschberger, professeure associée en Gestion des Ressources Humaines chez Audencia Nantes, remarque :

 « Les femmes sont comme les abeilles, elles travaillent super bien dans leur coin et pensent qu'on s'en rendra compte. Le monde scolaire, où se distinguent sans mal les filles, demande de fournir un bon travail mais le monde de l'entreprise est beaucoup dans l'apparence qui induit la capacité à se mettre en avant - on écoute celui qui parle le plus fort -, et l'enseignement supérieur ne sensibilise pas assez à cela ».

On écoute donc celui qui parle le plus fort et l'on remarque ceux qui sont là quand d'autres sont partis : l'évolution professionnelle et salariale passe aussi par du réseautage, une pratique informelle qui se développe plutôt entre 18h00 et 21h00, quand la plupart des femmes ont quitté le bureau.

Risque d'image oblige, les entreprises progressent en matière de parité, mais les stéréotypes y sont également profondément ancrés - il suffit de sortir du salariat, d'emprunter la voie de l'indépendance, de l'entrepreneuriat ou de la politique (les élues touchent les mêmes indemnités que leurs homologues masculins) pour s'affranchir de l'inégalité de rémunération. Sur le terrain, loin des discours corporate, il faut continuer à sensibiliser l'encadrement pour qu'une réponse telle que « Pourquoi tu demandes plus ?, tu n'en as pas besoin, tu as un mari qui gagne bien » ne vienne même plus à l'esprit d'un manager. Pour Gaëlle Ottan, la parentalité représente 80% du problème :

« Aujourd'hui, en France, un homme qui prend un congé paternité prend potentiellement un risque, le poids de la parentalité pèse sur la femme. Et au moment de l'embauche, l'entreprise anticipe le risque de la maternité en le répercutant sur le salaire. »

Les femmes qui par choix ou par défaut ne seront jamais mères apprécieront.

« Tout ce qu'on gagne sur le terrain du quotidien permet de gagner en assurance pour la négociation salariale »

Des lois pour lutter contre les discriminations et des dispositifs pour favoriser l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes existent et font bouger les lignes. Ces dernières bougent d'autant mieux que les femmes prennent conscience qu'elles sont les meilleurs artisans de ce qui leur arrive. Gaëlle Ottan souligne :

« Quand on est en couple, il faut faire en sorte que la négociation commence d'abord dans le couple. Au-delà du couple, tout ce qu'on gagne sur le terrain du quotidien permet de gagner en assurance pour la négociation salariale ».

La demande des femmes de plus d'égalité professionnelle rencontre d'ailleurs les aspirations de plus en plus d'hommes, à plus d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Pour mieux négocier son salaire à l'embauche ou une augmentation, une femme doit être préparée mentalement, avoir réfléchi aux objections qu'on va lui opposer, de l'ordre du cliché ou du prétexte pour botter en touche. Christine Naschberger ajoute :

« Il importe aussi de savoir comment on fonctionne soi-même, de connaître ses propres stéréotypes, et de se questionner sur son projet global : quel est mon projet professionnel ?, quelle est ma vision des choses ?, quelle est ma stratégie ?, comment est-ce que je me vois dans cinq ans ? ».

En répondant à ces questions, on gagne en confiance en soi car on sait d'où vient cette demande et sur quoi elle se fonde, ainsi, on la légitime. Puis, tous les principes de la négociation salariale s'appliquent : il faut connaître le prix du marché et savoir se situer par rapport à lui pour connaître sa valeur, grâce aux grilles de salaire de l'entreprise, à son bilan social, grâce aux informations recueillies auprès des collègues avec qui il est possible de parler d'argent sans tabou, mettre en avant ses réalisations, argumenter sur du factuel, des chiffres...

Enfin, la communication bienveillante, neutre, est une meilleure option que la confrontation et la revendication féministes. Pour donner le moins de prise possible aux stéréotypes, rien de tel que de « laisser de côté l'idée qu'on est une femme », conclut-elle.

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