Smoking or no smoking

Chaque semaine, découvrez les chroniques sur la vie au bureau réalisées par Sophie Péters. Anecdotes, conseils, expériences : pour sourire mais aussi mieux se sentir dans son job.


La semaine prochaine, le 9 novembre très exactement, le prix des cigarettes augmentera de 6 %. Les Marlboro ? les plus vendues ? vont passer de 5,30 euros à 5,60 euros. C'est la première hausse depuis l'été 2007, mais l'objectif n'a pas varié d'un iota : inciter les fumeurs à en finir avec cette addiction en les frappant au portefeuille. Les premiers froids devraient aussi permettre à certains de lever le pied, cette addiction devant désormais s'exercer le plus souvent en plein air. À moins que le coup de grâce ne vienne de l'étiquette « mauvais élève de la classe ». Insidieusement, elle commence à coller à la réputation des fumeurs dans les entreprises. Trois ans après l'interdiction de fumer sur le lieu de travail, l'Office français du tabagisme a fait mener l'enquête par le CSA sur les habitudes des fumeurs actifs et son impact dans l'entreprise. Résultat : un portrait peu flatteur des fumeurs, stigmatisés comme moins productifs, moins concentrés, plus souvent malades? et renvoyant la balle à l'entreprise pour l'inciter à prendre en charge les « nicotino-dépendants ».


Mieux informé


Si tous les fumeurs n'allument pas une cigarette sur leur lieu de travail ? un sur deux seulement ?, l'étude indique que ceux-ci multiplient les pauses en fonction de leur consommation. Monsieur de La Palisse n'aurait pas dit mieux. Huit cigarettes égalent donc huit pauses et, au final, un total de quatre-vingts minutes d'arrêt. Arrêt ? Mais dans quelles conditions peut-on parler d'arrêt de travail ? Un salarié qui quitte son bureau pour aller fumer rencontre inévitablement un autre salarié? lui aussi fumeur. De quoi parlent-ils ? Eh bien de travail. J'ai mené de mon côté l'enquête auprès des fumeurs. Résultat : un fumeur averti vaut deux non-fumeurs? Il n'y a rien de mieux informé sur la vie de l'entreprise et le baromètre des rumeurs, qu'un accro de la clope. On devrait les inclure dans toutes les réunions sur l'ambiance au travail. Chacun peut dire comment vont Jean ou François, pourquoi le dossier WF n'avance pas, si le déménagement aura bien lieu comme prévu dans six mois ou encore si les actionnaires approuvent la stratégie de la direction. « On est plus détendu après une cigarette. Devant l'ordinateur, on rêvasse moins et on va deux fois plus vite », m'a confié l'un d'entre eux. À l'heure où l'on parle de souffrance au travail, on devrait peut-être réfléchir à l'impact de ce genre d'étude. En stigmatisant les fumeurs comme de mauvais travailleurs, on continue à raisonner en termes de performance de l'individu et de rentabilité.


Les chefs ne sont pas mieux lotis dans cette étude. Les fumeurs sont en effet 13 % plus nombreux à allumer une cigarette sur leur lieu de travail si leur chef partage cette habitude, soit 64 %, contre 51 % pour ceux dont le manager ne fume pas. Et pour cause ! On leur fait moins de reproches. Mais le plus intéressant est d'écouter le chef. « Depuis que je me suis remise à fumer, je n'ai jamais été aussi bien renseignée. J'ai accès à des informations très précieuses que je n'aurais pas autrement. Je découvre aussi des personnalités, et cela m'aide énormément dans le management de mon équipe. Je me félicite presque d'avoir repris la cigarette », confie en riant Florence, cadre très supérieur dans le groupe L'Oréal. Quant à Sabine, elle constate que « sa sale habitude » a un vrai bon côté : « Je parle avec d'autres métiers avec lesquels je n'échangerais pas sinon, même pas devant la machine à café. »


Alors, si de voir agglutiner devant les portes de l'entreprise toujours les mêmes, la clope au bec, agace prodigieusement les non-fumeurs, ils seraient bien inspirés de regarder leurs petits arrangements avec leur temps de travail. Combien de fois par jour parlent-ils de leurs enfants à leur voisin de bureau, vont-ils à la machine à café, ou surfent-ils pour repérer la location de leurs prochains congés ? Le bien-être au travail passe par la tolérance et l'acceptation des travers de chacun. Interrogez les fumeurs : tous vivent un peu douloureusement d'être stigmatisés comme des drogués et avouent rêver de pouvoir s'arrêter.

Commentaire 1
à écrit le 05/02/2010 à 16:35
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Belle illustration de l'age de pierre de l'ère de la communication. Si chacun disposait de son profil avec photo et expérience sur l'intranet ça pourrait favoriser les contacts non ? ou sinon Faites comme moi , créer votre blog

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