Cadres : comment (vraiment) profiter de ses vacances ?

Plus de la moitié des cadres ne parviennent pas à se couper du travail pendant les congés, selon une étude menée par le site de recrutement Experteer. Même sur la plage, difficile de ne pas regarder ses mails ou d'ignorer son téléphone. Conseils pour profiter tout de même d'un repos indispensable.
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Cet été, pas de vacances pour les ministres, a affirmé le chef de l'Etat. Mais y en aura-t-il pour les cadres dirigeants ? Même officiellement en "pause", difficile de se sentir tout à fait en vacances quand les "smartphones" et autres ordinateurs portables incitent les "accros" au travail à suivre leurs dossiers, même sur un coin de plage.

Si 74% des managers de haut niveau prennent des congés cet été, plus de la moitié disent emporter avec eux leurs téléphones professionnels, et 62% d'entre eux consultent leurs mails tous les jours. C'est ce qu'indique une enquête menée sur Internet par Experteer, auprès de plus de 5.000 de ses clients européens.

Dans ce domaine, hommes et femmes ne sont pas logés à la même enseigne. Les premiers sont 46% à déclarer mettre leur travail de côté pendant les vacances alors que 56% des femmes en sont capables. Ces dernières oublient leur travail plus rapidement. "Les femmes sont encore nombreuses à être chargées des tâches familiales", commente Monica Perez, directrice régionale chez Experteer.

Au niveau européen, ce sont les italiens qui ont le plus de mal à se couper du travail. Ils sont 61% à avoir besoin de plusieurs jours pour se sentir en vacances, contre 16% chez les Allemands.

Partout, les nouvelles technologies rendent difficile la coupure. "Les nouvelles technologies n'aident pas à décrocher", confirme Monica Perez. Faudrait-il pour autant en limiter l'usage, imposer de laisser les "smartphones" professionnels au placard pendant les vacances ? "Ce ne sont pas tant les entreprises qui harcèlent leurs cadres que ces derniers qui ne peuvent s'empêcher de suivre les dossiers", estime-t-elle.

Oublier l'image du cadre débordé
"Notre culture à tendance à valoriser l'image du cadre débordé", critique Maryse Hania, "coach" spécialisée dans les profils de haut niveau. "Pourtant, elle est loin d'être partagée partout. Dans certaines entreprises, il est très mal vu de répondre tout le temps au téléphone, où de travailler pendant des heures", ajoute cette conseillère qui travaille avec des cadres dirigeants depuis vingt ans. Travailler trop et tout le temps, ce serait aussi le signe que l'on n'est pas capable de mener à bien ses projets en temps et en heure ou que l'on ne sait pas travailler en équipe.

S'organiser longtemps à l'avance
La clé, pour des congés utiles, c'est-à-dire reposants, c'est d'apprendre à lâcher prise, et, pour cela, à faire confiance à ses équipes. "Nous avons mené une enquête auprès des entreprises qui travaillent pour nous et nous avons découvert que 30% des messages dits "urgents" avaient pu trouver une solution sans qu'aucune réponse n'ait été donnée aux mails dont ils faisaient l'objet", raconte cette spécialiste de la gestion de carrières. Imposer des limites pour n'être dérangé qu'en cas de nécessité, voilà la seule concession que devraient, selon elle, s'autoriser les managers en vacances.

Pour une délégation efficace des responsabilités, Patrick Buffet, directeur adjoint de Visconti Coaching et ancien PDG, préconise, comme pour les entreprises anglo-saxonnes, de prévoir un document où chaque responsabilité est définie. Ce texte doit définir "qui prend les décisions, du conseil d'administration jusqu'au deuxième ou troisième degré de management afin qu'il n'y ait plus d'ambiguïté."

Fractionner les congés
Le consultant propose même de diviser les congés en deux types. Les "vraies" vacances où les téléphones et les ordinateurs sont éteints, à multiplier dans l'année, et les "semi-vacances" au cours desquelles des plages de travail sont prévues et communiquées aux équipes. Cela revient certes à du télétravail mais "cela permet d'utiliser toutes ses vacances et d'avoir assez de temps pour pas avoir à travailler le week-end", souligne Patrick Buffet. Pas question de supprimer ses vacances, donc. Mieux vaudrait au contraire multplier les congés courts avec aux moins une plage de deux semaines d'affilée. De quoi partir ainsi l'esprit tranquille.

Commentaire 1
à écrit le 09/08/2011 à 9:08
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Je serai moins lapidaire que Toubab, mais je le rejoins. Déléguer, former ses collaborateurs, faire confiance, c'est le rôle du manageur. Je suis parti trois semaines, sans ordinateur portable ni tel professionnel. A mon retour l'entreprise existait ...

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