"Je veux produire, peu mais bien, des livres qui restent"

Entretien avec Diane de Selliers, PDG fondateur de la maison d'édition éponyme
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Après un poste chez Tchou, Diane de Selliers a créé sa maison d'édition en 1980, à 25 ans. « Elle dépendait de Duculot, mais quand, en 1992, la société a été mise en vente, j'ai décidé de reprendre les rênes, en partant du constat qu'on éditait beaucoup trop d'ouvrages. L'énorme taux de rotation alimentait un système où l'on produit toujours plus pour compenser les retours des libraires. On se retrouvait prisonnier d'une spirale inflationniste desservant tout le monde. »

En vingt ans, avec la collection « Les grands textes de la littérature illustrés par les plus grands peintres », les éditions Diane de Selliers ont publié une vingtaine d'ouvrages en tout point magnifiques, qui leur ont permis de s'imposer comme une référence en matière de livres d'art. Qu'il s'agisse du « Dit du Genji » de Murasaki-Shikibu illustré par la peinture japonaise traditionnelle, du sublime « Ramayana » de Valmiki, qui comprend 700 miniatures indiennes (à paraître le 15 septembre), ou encore des « Voyages en Italie, Rome, Naples et Florence » de Stendhal, où des toiles romantiques ressuscitent l'Italie telle que la connut l'auteur de « Le Rouge et le Noir », chaque livre met en miroir un chef d'oeuvre littéraire et une iconographie d'exception.

Nécessitant des années de recherches dans les musées et les collections privées, assortis de commentaires de spécialistes qui déploient les oeuvres dans toute leur dimension, ces ouvrages présentent une qualité de reproduction, de papier et de reliure qui achève d'en faire des objets d'exception.

Passionnante et passionnée, Diane de Selliers a dans le même temps réussi à concilier exigence éditoriale et équilibre financier, suivant un modèle économique des plus atypique. Le prix de vente des ouvrages est déterminé d'après les coûts de production, sans véritablement de limite, l'idée étant d'aboutir à l'oeuvre la plus achevée et la plus documentée possible. Au rythme d'une parution par an (à laquelle s'ajoutent depuis 2007 les rééditions en « petite collection ») et en refusant toute mise au pilon, la maison affiche 800.000 euros de chiffre d'affaires. « Je préférais être un artisan au coeur de mes livres plutôt que d'être à la tête d'une maison où je m'occupais de problèmes de gestion. Je me suis lancée avec la volonté de produire peu et bien, non des coffee-table books, mais des livres qui restent. »

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