Radiographie du marché de l'art

Avec près de 5 milliards de chiffre d'affaires annuel et 50.000 emplois, le marché de l'art tricolore est un secteur en pleine évolution économique. Il se regroupe, s'internationalise, se spécialise. Mais perd chaque année du terrain face à ses concurrents américains et britanniques. et désormais aussi chinois. Une étude pour mieux appréhender cette nouvelle donne.

Observateur du marché de l'art français, Jean Marie Schmitt est un juriste universitaire: ses études et articles font référence, même si elles sont parfois un peu en retard par rapport à une actualité qui, notamment en ce moment, s'accélère: avec la crise, les ventes aux enchères de ces dernières semaines marquent un sévère recul, notamment pour les pièces de qualités moyennes et l'art contemporain.

De même, très centré sur les salles de ventes et les galeries, l'enseignant a tendance à négliger un marché en plein développement mais peu maîtrisé, les ventes électroniques, depuis celles organisées par certains sites de maisons reconnues aux transactions entre particuliers, sans parler de l'explosion des brocantes et autres foires de seconde zone. autant d'activités qui génèrent un chiffre d'affaires colossal, qui concurrencent les professionnels (qui parfois s'y approvisionnent) et sans beaucoup de réglementions ni de contrôles.
 

Il n'empêche: sa dernière publication sobrement intitulée « Le marché de l'art » dans la très sérieuse collection des « Etudes de la Documentation française » est une mine pour mieux comprendre les mécanismes, complexes, de cette activité devenue médiatique et populaire. Dans un découpage très clair fait de chapitres bien marqués - la pédagogie est de rigueur - sont ainsi passés en revue les différents aspects du marché, en commençant par sa singularité économique fait d'éparpillements et d'habitudes. La commercialisation d'oeuvres culturelles répond, surtout en France, en effet à des critères particuliers, mais, mondialisation oblige, la spéculation, la financarisation et la globalisation viennent mettre à mal les bonnes vieilles traditions hexagonales.

Le marché tricolore, longtemps leader n'est plus que quatrième mondial, sa part ne cessant de baisser, loin désormais derrière ses rivaux anglo-saxons et même aujourd'hui dépassée par la Chine et talonnée par d'autres pays européens, Allemagne ou Italie notamment. Il s'agit donc pour le marché français de faire face à cette révolution, accélérée par l'extraordinaire envol de l'art contemporain, par l'agressive attitude des grandes maisons de vente, par la flambée de nouvelles fortunes à la recherche d'un statut social via l'art et par une médiatisation mondiale du marché. Mais même non dépourvu d'atouts, et depuis peu, d'encouragements des autorités, le marché français doit rapidement faire sa propre mutation . Ce livre est là pour lui faire prendre, une fois de plus, conscience de l'urgence d'un changement d'état d'esprit.

« Le marché de l'art » par Jean Marie Schmitt, La documentation française 245 pages, 19,50 euros

 

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