En Syrie, la guerre se rapproche des provinces côtières

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(Crédits : Reuters.com)

LATTAQUIE Syrie (Reuters) - Une offensive lancée depuis trois semaines par les insurgés syriens au nord de Lattaquié, dans le réduit alaouite, a rapproché la guerre des provinces côtières de la Syrie, jusque-là épargnées globalement par les combats.

Les rebelles sont désormais dans les collines qui dominent la mer, et le port de Lattaquié est à portée de leurs armes. Il y a un mois, un tir de roquette a fait huit morts à un barrage routier de ce secteur.

Les souvenirs de l'offensive rebelle lancée en août dernier dans la même province sont encore vifs parmi les habitants qui se bousculent dans les rues de Lattaquié, le berceau de la famille Assad.

Des dizaines de villageois alaouites, branche de l'islam chiite à laquelle appartiennent les Assad, avaient été tués par des djihadistes appartenant notamment à l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL, lié à Al Qaïda).

Depuis que la crise syrienne a basculé dans la guerre civile, de nombreux soldats et miliciens pro-gouvernementaux sont partis des provinces de Lattaquié et de Tartous, plus au sud, pour aller combattre sur d'autres champs de bataille du pays. Mais la guerre restait cependant à distance et un sentiment de sécurité relative habitait les habitants de Lattaquié.

"Ici, tout le monde a envoyé ses fils se battre dans d'autres régions de Syrie, et chaque jour, nous entendons les sirènes et les funérailles de ces soldats", dit une militante basée à Lattaquié qui se fait appeler Yasmine.

"Mais aujourd'hui, il s'agit de combats véritables. Nous pensions que nous étions quasi invincibles, comme si les rebelles n'arriveraient jamais jusqu'à nous. Mais c'était faux", ajoute-t-elle.

Yasmine rapporte que des écoles sont pleines de familles alaouites qui ont fui leurs villages plus au nord. Un phénomène courant dans d'autres parties du pays, mais une nouveauté sur la côte.

DES RENFORTS VENUS D'IRAK ET DU LIBAN ?

Les combats en cours ont éclaté le mois dernier, lorsque des rebelles venus de Turquie ont pris le poste frontière de Kassab, le dernier que contrôlaient les forces gouvernementales sur la frontière turque.

Ils ont aussi pris position sur une plage rocheuse dans le nord de la province de Lattaquié, un gain symbolique - "c'est le premier secteur côtier de Syrie à être libéré!", déclarait alors un insurgé dans une vidéo mise en ligne fin mars - et affronté les forces d'Assad pour le contrôle d'un petit massif côtier incluant le Point d'Observation 45, un site de communications par satellite.

Impossible de dire pourtant si la percée des rebelles dans le Nord méditerranéen de la Syrie marque un tournant décisif dans le conflit qui a déjà fait 150.000 morts et contraint plus de 2,6 millions de Syriens à fuir leur pays.

A Lattaquié, les rues sont toujours aussi animées, les bus bondés.

Un signe pourtant: il n'y avait dans la première semaine d'avril qu'un bateau au mouillage dans le port, contre des dizaines en temps normal. C'est de là que doivent être transférés, d'ici la fin du mois, les derniers éléments de l'arsenal chimique syrien.

Les autorités locales semblent inquiètes.

Il y a deux mois, elles ont fait couper les "routeurs" internet dans les lieux publics tout le long de la côte, empêchant des internautes de communiquer discrètement.

Sur la route côtière, les contrôles d'identité sont resserrés. La vérification des cartes d'identité est assez rapide, mais pour les personnes contrôlées, la procédure paraît une éternité. De nombreuses interpellations ont eu lieu lors de contrôles de ce type.

Des habitants rapportent par ailleurs que des miliciens chiites irakiens commencent à arriver dans la région, comme pour renforcer l'armée syrienne, également soutenue par des combattants du Hezbollah libanais et des officiers iraniens. On a aussi croisé la semaine passée des hommes sans armes mais en uniforme militaire portant des insignes chiites s'exprimant avec un fort accent libanais.

La mort d'Hilal al Assad, un cousin du président syrien tombé lors d'affrontements avec les insurgés islamistes, a accru ce sentiment nouveau de vulnérabilité. Il était présenté comme le chef des Forces nationales de défense dans la province de Lattaquié.

(Henri-Pierre André pour le service français)

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