Paris prend un risque mesuré sur le déficit à 3% en 2015

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Paris prend un risque mesuré sur le déficit à 3% en 2015[reuters.com]
(Crédits : Reuters.com)

par Marc Joanny

PARIS (Reuters) - La France s'est finalement engagée à ramener son déficit public à la limite européenne de 3% du produit intérieur brut fin 2015 alors que son message sur la nécessité de préserver la croissance est entendu, y compris par la Banque centrale européenne.

Paris, qui avait obtenu l'an dernier un délai supplémentaire de deux ans pour revenir sous 3%, s'est refusé pendant des semaines à confirmer cet horizon et a même laissé entendre qu'il pourrait solliciter un nouveau report, à la faveur du changement de gouvernement.

Les rappels à l'ordre que ces atermoiements ont suscités, aussi bien de la part de l'Eurogroupe que de Bruxelles et de la BCE, ont pu contribuer à une clarification de l'exécutif français amorcée jeudi dernier et confirmée lundi.

Tirant les conséquences de l'austérité sur l'activité et l'emploi dans des pays comme la Grèce, l'Espagne ou le Portugal, la Commission européenne s'est toutefois convertie à l'idée que la capacité d'une économie à croître est le gage le plus sûr d'une amélioration durable de ses comptes publics.

Elle devra se prononcer avant la fin de son mandat sur le nouveau programme de stabilité de la France présenté en conseil des ministres le 23 avril et sur les suites de la procédure pour déficit excessif ouverte en 2009. La Commission devrait se prononcer le 2 juin, selon une source européenne.

La BCE n'a pas été sourde non plus aux appels de Paris. Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre, Manuel Valls, l'avait interpellée sur le niveau trop élevé de l'euro.

Son président, Mario Draghi, a déclaré samedi qu'une poursuite du renchérissement de la monnaie européenne nécessiterait un assouplissement de la politique monétaire de la BCE pour maintenir une position aussi accommodante qu'elle l'est actuellement.

Le Fonds monétaire international (FMI) a aussi estimé la semaine dernière que la France pourrait tenir son engagement de ramener son déficit à 3% du PIB fin 2015 après 3,7% en 2014, en anticipant une croissance de l'économie française de 1% cette année et de 1,5% l'an prochain. Le FMI a cependant utilisé pour 2013 une estimation du déficit à 4,2%.

Le déficit public s'est élevé à 4,3% du PIB en 2013 au lieu de 4,1% prévu auparavant, compliquant encore le maintien d'une trajectoire qui prévoyait jusqu'à présent de le ramener à 3,6% fin 2014 et 2,8% fin 2015, sur la base d'hypothèses de croissance de 0,9% et 1,7% respectivement.

HORS D'ATTEINTE ?

Sans même prendre en compte le dérapage du déficit de l'an dernier, la Cour des comptes avait estimé qu'il pourrait manquer jusqu'à 6 milliards d'euros de recettes cette année pour atteindre l'objectif prévu.

Le gouvernement avait répondu que 7 milliards d'euros de crédits avaient été mis en réserve pour cette année qui seraient mobilisés à cette fin.

Manuel Valls a annoncé un collectif budgétaire pour le début de l'été qui permettra de corriger ces dérives, voire d'aller au-delà pour anticiper sur l'impact des mesures annoncées lors de son discours de politique générale.

La cible des 3% peut sembler d'autant plus hors d'atteinte quand les baisses de charges des entreprises attendues l'an prochain, qu'il faudra compenser, atteignent 16 milliards d'euros, soit à peine moins que l'effort d'économies programmées sur le total de 50 milliards annoncés pour la période 2015-2017.

Sur les 16 milliards de baisses de charges, la moitié correspond toutefois à la mise en oeuvre de la deuxième tranche du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE), dont le financement est déjà intégré dans les 50 milliards d'économies.

Le solde de quelque 8 milliards correspond aux nouvelles mesures annoncées par Manuel Valls, dont l'impact interviendra dès 2015. Il recouvre une baisse des cotisations patronales (4,5 milliards) et salariales (2,0 milliards) au voisinage du smic, une baisse des cotisations famille des travailleurs indépendants et artisans (1 milliard) et une première tranche de la suppression de la contribution sociale de solidarité des sociétés, la C3S, (un milliard).

Il représente environ 0,4 point de PIB et porterait le déficit à 3,2% dans la trajectoire précédente.

Avec ces mesures, le gouvernement privilégie par ailleurs le soutien au pouvoir d'achat et à l'embauche des personnes peu qualifiées dans un premier temps, autrement dit le soutien à la demande, ouvrant la voie à une légère révision en hausse des prévisions de croissance.

Le gouvernement, qui a transmis mardi au Haut Conseil des finances publiques les hypothèses de croissance retenues pour bâtir la nouvelle trajectoire des finances publiques, prend ainsi un risque mesuré en s'engageant à ramener le déficit à 3% en 2015.

(Edité par Sophie Louet)

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