NATIONS UNIES (Reuters) - Les ambassadeurs occidentaux au Conseil de sécurité des Nations unies ont critiqué mercredi la Russie pour son "récit fantasmé" de la crise dans l'est de l'Ukraine en prévenant que la situation pourrait échapper à tout contrôle.

"La propagande belliciste systématique visant l'Ukraine et ses autorités provisoires est un jeu extrêmement dangereux", a dénoncé l'ambassadrice lituanienne, Raimonda Murmokaite, dont le pays était à l'initiative de la réunion du Conseil de sécurité.

"Comme nous l'avons bien des fois, y compris en République centrafricaine, il est beaucoup plus facile de libérer le mauvais génie de la haine et de l'incitation à la violence que de le contrôler par la suite", a-t-elle dit.

Le Conseil de sécurité était réuni pour débattre du rapport sur la situation en Ukraine présenté par le secrétaire général adjoint pour les droits de l'homme, Ivan Simonovic, qui a conclu que des membres de la communauté russe de l'est de l'Ukraine ont prétendu de manière mensongère être victimes d'agressions afin de justifier une intervention de la Russie.

Ivan Simonovic a déclaré devant les 15 membres du Conseil que des agressions avaient bien eu lieu, mais qu'elles n'étaient "ni systématiques, ni généralisées".

"Il s'agissait d'incidents isolés qui ont été montés en épingle grâce à une couverture médiatique orientée, distillant un sentiment de peur et d'insécurité au sein de la communauté russe", a-t-il témoigné.

L'ambassadeur russe auprès de l'Onu, Vitali Tchourkine, a répété la position de Moscou selon laquelle ce rapport serait biaisé et destiné à appuyer des conclusions pré-écrites.

Son homologue britannique, Mark Lyall Grant, a dénoncé le "récit fantasmé" de Moscou sur la situation dans l'est de l'Ukraine, le représentant français, Gérard Araud, estimant que la "réalité virtuelle" de la propagande russe a volé en éclat après la publication du rapport d'Ivan Simonovic.

L'ambassadrice américaine, Samantha Power, a accusé pour sa part la Russie de mener "une campagne professionnelle bien orchestrée d'incitation à la violence, au séparatisme et au sabotage de l'Etat ukrainien".

Les Etats-Unis ont annoncé mercredi que de nouvelles sanctions seraient probablement prises contre Moscou à l'issue de la réunion quadripartite sur la crise ukrainienne jeudi à Genève.

La Russie est apparue très isolée mercredi au Conseil de sécurité, son allié traditionnel, la Chine, se contentant d'évoquer une "situation complexe" et d'appeler à une désescalade de la tension.

(Louis Charbonneau; Tangi Salaün pour le service français)