Les banques européennes, loin de leurs objectifs de rentabilité

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(Crédits : Reuters.com)

par Laura Noonan

LONDRES (Reuters) - Les grandes banques européennes sont encore loin des objectifs de rentabilité des fonds propres (ROE) qu'elles se sont fixé après la crise financière, pénalisées par la faible croissance du crédit et le niveau élevé des pertes sur prêts qui annihilent les progrès réalisés dans la maîtrise des coûts.

Les 30 premières banques européennes cotées ont certes amélioré leur coefficient d'exploitation l'année dernière malgré des milliards d'euros d'amendes et de provisions pour risques juridiques. Mais le rendement des fonds propres est si faible que les investisseurs risquent de s'interroger sur leur profil de risque.

Les deux tiers de ces banques ont affiché des objectifs chiffrés de ROE d'au moins 10% dans tous les cas, de 12% voire plus pour la plupart et de 15% ou autour de ce seuil pour quelques unes.

Si elles se sont donné jusqu'à 2016 pour les atteindre, force est de constater que les progrès sont lents. Le ROE des 26 établissements qui le communiquent est ressorti à 6,6% en 2013 contre 3,9% l'année précédente, selon les calculs effectués par Reuters.

Des niveaux bien en-deçà de ceux qui prévalaient avant la crise financière. Le ROE du même échantillon s'établissait en moyenne à 19% environ en 2006 avec des pointes à 34,6% pour BBVA, 25,5% pour Lloyds et 24% pour Bank of Ireland.

Le relèvement des exigences de fonds propres imposées par les régulateurs fait qu'il est peu vraisemblable que les ROE retrouvent jamais les niveaux d'avant crise mais les investisseurs souhaiteraient qu'ils se redressent plus rapidement.

"DES OBJECTIFS TROP AMBITIEUX"

"(Les ROE)demeurent bien trop bas surtout si l'on considère à quel point beaucoup de banques européennes sont sous-capitalisées", estime Charles de Vaulx, responsable des investissements chez International Value Advisors dont les actifs sous gestion atteignent 18 milliards de dollars.

Le ROE moyen du marché actions européen est 2,5 fois plus élevé que celui du secteur bancaire, souligne Ian Scott, responsable de la stratégie sur les actions européennes de Barclays, qui est à l'achat sur les banques en raison de leur potentiel de redressement.

Si les tests de résistance que doit conduire la Banque centrale européenne (BCE) sur les principales banques européennes cette année font apparaître des besoins additionnels de fonds propres, le ROE du secteur risque toutefois de baisser.

Pour Charles de Vaulx, les objectifs affichés par les banques elles-mêmes sont dans certains cas trop ambitieux.

"A moyen terme, 10% à 12% nous semble bien plus réaliste que des niveaux autour de 15%."

Mark Denham, gérant chez Aviva Global Investors, relève que les valeurs bancaires ont déjà bien monté, soutenues par les anticipations de reprise de l'économie de la zone, et il n'y a pas pour lui de motifs évidents justifiant la poursuite de leur surperformance.

"Une amélioration raisonnable du rendements des fonds propres est désormais intégrée dans les cours, aux niveaux actuels, et même si ce n'est pas le cas, les actions ont tellement bien performé que je serais réticent à me renforcer."

FORTES DISPARITÉS

Depuis le début de l'année, le cours des actions des banques italiennes Banco Popolare et UniCredit a bondi de 38% et 31% respectivement tandis que celui de la banque portugaise Banco Comercial Portugues a pris 23%.

"Je préfère des entreprises avec une rentabilité élevée et durable et les banques ont montré au cours du précédent cycle que ces caractéristiques ne leur correspondent pas", poursuit Mark Denham.

Ian Scott se veut plus positif. "Nous serions acheteurs des banques. Comme le consensus, nous anticipons un rétablissement de rendement des fonds propres du secteur bancaire et une réduction de l'écart avec le reste du marché au cours des prochaines années et nous anticipons une baisse, sans doute assez forte, du coefficient de pertes sur prêts, et nous devrions aussi commencer à constater une certaine amélioration de la croissance des prêts."

La moyenne peu envieuse des ROE de l'échantillon recouvre toutefois de fortes disparités avec des banques scandinaves comme Swedbank, Handelsbanken et DNB déjà proches des 15% mais d'autres comme Barclays ou l'autrichienne Erste autour de 1% voire en-dessous.

En 2013, les ROE ont été tirés vers le bas par les frais juridiques plus élevés que prévu liés aux scandales sur la manipulation des taux d'intérêt et de change et à des pratiques commerciales litigieuses mais aussi par les dépréciations passées par les banques de la zone euro sur leur porte-feuille de prêts dans la perspective de la revue de la qualité des actifs et des tests de résistance conduits par la BCE, souligne Kian Abouhossein, responsable de la recherche sur les banques européennes chez JP Morgan.

Il s'attend à un rebond des ROE pour les banques de détail et pour les établissements d'Europe du Sud cette année mais insuffisant pour se rapprocher des objectifs en raison de la faible croissance du crédit et de coefficent de pertes sur prêts dans ces économies.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)

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