L'accord sur l'Ukraine s'annonce difficile à appliquer

reuters.com  |   |  914  mots

par Pavel Polityuk et Thomas Grove

KIEV/SLAVIANSK Ukraine (Reuters) - Les séparatistes pro-russes maintenaient leur mobilisation et continuaient d'occuper des bâtiments officiels dans plusieurs villes de l'est de l'Ukraine vendredi, exigeant des garanties supplémentaires après l'accord conclu la veille à Genève, déjà objet d'interprétations divergentes.

Cet accord à quatre (Etats-Unis, Russie, Union européenne et Ukraine) demande l'arrêt immédiat des violences et représente le meilleur espoir d'assister à une sortie de crise après des semaines de tension inédite entre Est et Ouest depuis la fin de la Guerre froide.

L'accord de Genève prévoit un désarmement des groupes illégaux, l'évacuation des immeubles occupés et le démantèlement des barrages dressés dans les rues, sur les places et sur certains axes routiers.

Sa mise en oeuvre s'annonce d'autant plus délicate que persiste une forte défiance entre les pro-russes qui souhaitent un rattachement à Moscou et les partisans de Kiev qui inclinent vers le camp occidental.

Moins de 24 heures après sa conclusion, l'accord fait déjà l'objet de divergences d'interprétation et apparaît menacé. Le représentant russe auprès de l'Union européenne, Vladimir Tchijov, a expliqué que les autorités ukrainiennes interprétaient de manière erronée les dispositions du texte.

Il reproche notamment à Kiev de considérer que les mesures ne s'appliquaient qu'aux provinces du sud et du sud-est et non à Maïdan, la place de l'Indépendance, à Kiev.

"Cela (l'accord) concerne les rues et les immeubles occupés illégalement par les manifestants", a pour sa part commenté le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andryi Dechtchitsia. "Autant que je sache, Maïdan est légal", a-t-il ajouté espérant que le week-end pascal serve à calmer les esprits et à démarrer la mission de surveillance de l'OSCE.

APPLICATION COMPLIQUÉE

Face aux blocages, les autorités intérimaires ont cherché vendredi à faire preuve de bonne volonté, d'abord en annonçant la préparation d'une loi d'amnistie au profit des séparatistes, ensuite en envisageant des réformes constitutionnelles.

Le président de transition Olexander Tourtchinov et son Premier ministre Arseni Iatseniouk sont apparus à la télévision pour annoncer que la loi fondamentale pourrait être amendée et inclure une décentralisation des pouvoirs et la reconnaissance du russe comme langue officielle dans les régions orientales. Mais dans l'est du pays comme au Maïdan à Kiev, berceau de la contestation qui a renversé le président Viktor Ianoukovitch en février, personne ne faisait mine de bouger vendredi comme si chaque camp hésitait à faire le premier pas.

La conclusion d'un accord lors de la réunion de Genève a été d'autant plus inattendue que la rhétorique du chef du Kremlin s'exprimant au même moment face au public à la télévision russe laissait peu de place à l'espoir.

Vladimir Poutine a enterré trois décennies de diplomatie post-Guerre froide en affirmant en mars que la Russie disposait du droit d'intervenir chez ses voisins de l'ex-URSS et que l'annexion de la Crimée était justifiée par sa sécurité. Sur le terrain, "l'opération antiterroriste" lancée par les forces ukrainiennes se poursuivait vendredi et sa durée va dépendre "du temps que les terroristes resteront dans notre pays", a déclaré un porte-parole des services de sécurité (SBU).

Le chef de la "république populaire" de Donetsk, la capitale régionale du Donbass, a annoncé quant à lui qu'il ne se jugeait pas tenu d'appliquer l'accord diplomatique et qu'il ne ferait évacuer les bâtiments occupés par ses hommes que lorsque les militants pro-européens à Kiev feront de même.

Denis Pouchiline a déclaré à des journalistes à Donetsk que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov "n'avait pas signé l'accord" au nom des militants pro-russes d'Ukraine mais "au nom de la Fédération russe".

BÉMOL RUSSE

Dans le camp des pro-russes, l'accord de Genève a changé la donne pour ceux qui percevaient Poutine comme leur champion et leur protecteur.

"Il apparaît que Vova (Vladimir) ne nous aime pas autant que nous le pensions", reconnaît Alexei, un milicien de Slaviansk, la ville qui est devenue le symbole de la contestation séparatiste.

A Kiev, la même crispation est perceptible sur la place de l'Indépendance où les manifestants affirment que les barricades demeureront en place jusqu'à l'élection présidentielle prévue le 25 mai.

"Les gens ne quitteront pas Maïdan. Ils ont promis de rester jusqu'à l'élection présidentielle afin que personne ne soit en mesure de truquer les résultats. Après l'élection, nous appliquerons l'accord", a commenté Viktor Palamariouk, 56 ans, originaire de Tchernivtsi dans l'ouest.

Pour Secteur droit, groupe nationaliste rompu aux actions de rue violentes, les mesures de l'accord de Genève ne s'appliquent qu'aux séparatistes. "Nous n'avons pas d'armes illégales, donc la mesure de désarmement ne nous concerne pas", a dit Artem Skoropadski, porte-parole du mouvement.

A défaut de concilier les positions, Genève a permis de détendre l'atmosphère ou faire émerger la possibilité d'une 'désescalade' comme l'a souligné Barack Obama.

Une position à laquelle la Russie s'est empressée d'apporter un bémol, jugeant "totalement inacceptable" le maintien d'une menace de nouvelles sanctions si elle n'agit pas rapidement pour mettre en oeuvre les mesures d'apaisement.

(Pierre Sérisier pour le service français)

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