Kiev ordonne la reprise de l'offensive dans l'Est

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(Crédits : Reuters.com)

par Darya Korsunskaya et Alastair Macdonald

KIEV/MOSCOU (Reuters) - Le président ukrainien par intérim, Oleksander Tourtchinov, a ordonné mardi aux forces gouvernementales de reprendre leur offensive "antiterroriste" contre les séparatistes pro-russes dans l'est du pays, après la découverte près de Slaviansk du corps d'un élu de son propre parti Batkivchtchina.

Dans un communiqué, Oleksander Tourtchinov a annoncé que deux corps "sauvagement torturés" avaient été retrouvés près de cette ville de l'Est tenue par des militants séparatistes pro-russes.

L'un de ces cadavres est celui de Volodimir Ribak, un élu de la ville de Horlivka, près de Donetsk, enlevé mercredi dernier par des "terroristes", selon le pouvoir à Kiev.

"Ces crimes sont perpétrés avec le soutien total et l'indulgence de la Fédération de Russie", a accusé Oleksander Tourtchinov. "J'appelle les services de sécurité à relancer et à mettre en oeuvre des mesures antiterroristes efficaces, dans le but de protéger des terroristes les citoyens ukrainiens vivant dans l'est de l'Ukraine."

En visite à Kiev, le vice-président américain, Joe Biden, soucieux d'apporter un soutien sans ambiguïté au gouvernement ukrainien, a promis un plan d'aide à Kiev et, jugeant que "le temps presse", exigé de la Russie qu'elle passe des paroles aux actes pour apaiser la situation en Ukraine.

Le plan d'aide américain ne s'élève qu'à 50 millions de dollars, une goutte d'eau en comparaison au milliard de dollars de garanties de prêts déjà promis, mais il donne une idée de la volonté de Washington d'appuyer le gouvernement ukrainien.

Plus haut responsable américain à se rendre à Kiev depuis la chute de l'ancien président pro-russe Viktor Ianoukovitch le 22 février, Joe Biden a demandé à Moscou de "cesser de parler et de commencer à agir" afin de désarmer les séparatistes pro-russes qui, selon les autorités, tentent de saper l'élection présidentielle prévue le 25 mai.

BIDEN APPELLE KIEV À COMBATTRE LA CORRUPTION

Le vice-président américain voit cette échéance "comme l'élection la plus importante dans l'histoire de l'Ukraine".

Sur les 50 millions de dollars du plan américain, 11,4 sont d'ailleurs destinés à aider au bon déroulement du scrutin, précise la Maison blanche dans un communiqué.

Le soutien apporté par Joe Biden n'est pas pour autant un blanc-seing donné aux nouvelles autorités, qui doivent selon lui régler un problème de corruption endémique, un poison pour l'économie et la confiance des Ukrainiens en leurs institutions.

"Pour être très franc à ce sujet (...), vous devez combattre le cancer de la corruption", a-t-il dit aux parlementaires ukrainiens.

A l'adresse de la Russie, Joe Biden a répété que Washington pourrait prendre de nouvelles sanctions et a demandé à Moscou de retirer ses troupes massées le long de la frontière avec l'Ukraine.

"Nous avons clairement dit que de nouvelles provocations de la part de la Russie auraient un coût supplémentaire et conduiraient à un plus grand isolement", a-t-il souligné. "Nous ne permettrons pas que tout cela devienne un processus sans fin. Le temps presse pour accomplir des progrès."

Sur le même ton, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, dans un entretien téléphonique avec son homologue américain John Kerry, a souligné la nécessité pour le gouvernement ukrainien de prendre d'urgence les mesures prévues par l'accord de Genève afin de faire baisser la tension.

Sergueï Lavrov a demandé que l'armée ukrainienne ne se mêle pas de la crise, que le groupe ukrainien d'extrême droite Secteur droit soit désarmé, que les militants pro-russes arrêtés dans le sud-est de l'Ukraine soient libérés et que le gouvernement de Kiev engage des réformes constitutionnelles.

"POLITIQUE DU XVIIIe SIÈCLE"

Moins dépendants du gaz russe que les Européens et donc plus prompts à menacer le Kremlin, les Etats-Unis ont déjà pris un train de sanction à la suite du rattachement en mars de la Crimée à la Russie, sous la forme d'interdictions de visas et de gels de comptes.

Pour la diplomatie américaine, le temps presse d'autant plus qu'elle a annoncé qu'elle déciderait de prendre ou non des mesures de rétorsion dans les "jours" suivant la signature, jeudi dernier, de l'accord de Genève par la Russie, les Etats-Unis, l'Ukraine et l'Union européenne.

S'exprimant après sa rencontre à Kiev avec le vice-président américain, le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a déclaré que les forces spéciales russes étaient actives dans l'est de l'Ukraine afin d'empêcher le bon déroulement de l'élection présidentielle prévue le 25 mai.

Les personnalités qui ont émergé ou sont revenues dans le jeu politique à Kiev critiquent également la position du Kremlin, à l'image de Ioulia Timochenko, dirigeante de Batkivchtchina et candidate à la présidentielle.

"Ce que fait Poutine, c'est de la folie. Une politique du XVIIIe siècle, alors que les frontières sont devenues transparentes. Et voilà qu'on commence une guerre médiévale", déclare l'ancien Premier ministre dans une interview publiée dans Le Monde daté de mercredi.

A en croire le Premier ministre russe, Dmitri Medvedev, les menaces de Washington n'effraient guère Moscou qui se dit capable d'amortir l'impact d'éventuelles sanctions.

(Avec Jeff Mason, Natalia Zinets, Richard Balmforth et Nigel Stephenson; Simon Carraud, Bertrand Boucey et Guy Kerivel pour le service français)

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