Les Européens préparent de nouvelles sanctions contre Moscou

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Les Européens préparent de nouvelles sanctions contre Moscou[reuters.com]
(Crédits : Reuters.com)

par Justyna Pawlak et Adrian Croft

BRUXELLES (Reuters) - L'Union européenne a menacé mardi la Russie de durcir son régime de sanctions liées à l'Ukraine mais les ministres des Affaires étrangères, réunis à Bruxelles après la chute du vol MH17 de la Malaysia Airlines, n'ont pas pris de décision ferme.

Les chefs de la diplomatie des Vingt-Huit ont soulevé pour la première fois la possibilité de restreindre l'accès de la Russie aux marchés européens des capitaux, aux services financiers et aux technologies de la défense et de l'énergie. Ils ont chargé la Commission européenne de préparer cette semaine des propositions en ce sens.

Des sanctions de ce niveau nécessiteraient l'approbation de l'ensemble des chefs d'Etat et de gouvernement des Etats membres de l'UE et ne s'appliqueraient que si Moscou ne coopère pas à l'enquête internationale sur la destruction du Boeing de Malaysia Airlines jeudi dernier au-dessus d'une zone contrôlée par les séparatistes pro-russes de l'Est ukrainien ou ne stoppe pas les livraisons d'armes.

Le prochain sommet européen est prévu le 30 août, mais un conseil européen extraordinaire pourrait être organisé d'ici là, dit-on de source diplomatique à Bruxelles. Un diplomate estime même "hautement probable" que les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Huit se réunissent la semaine prochaine.

Les tentatives visant à former un front européen uni se heurtent toutefois à la controverse autour de la vente par la France de bâtiments de guerre de la classe Mistral à la Russie.

Signé en 2011 pour un montant de 1,2 milliard d'euros, le contrat Mistral, qui porte sur la livraison à la Russie de deux bâtiments de projection et de commandement (BPC), à la fois porte-hélicoptères, navire-hôpital et poste de commandement embarqué, fait l'objet de critiques régulières depuis le début de la crise en Ukraine.

Lundi, Londres l'a remis sur le devant de la scène, le Premier ministre britannique David Cameron jugeant "impensable" une telle vente au Royaume-Uni. "Il nous faut faire pression, avec tous nos partenaires, pour dire que nous ne pouvons continuer à faire des affaires comme à l'accoutumée avec un pays qui se comporte de cette façon", a-t-il dit lors d'un discours à la Chambre des communes.

François Hollande a répliqué en confirmant que le premier bâtiment serait bien livré à la Russie en octobre prochain. "Pour l'instant aucun niveau de sanction n'a été décidé pour empêcher cette livraison", a-t-il dit lors d'un dîner organisé lundi soir par l'association de la presse présidentielle.

Le président français a ajouté que la livraison du second bâtiment dépendrait de l'attitude de Moscou.

"EN FINIR AVEC LA MISTRALISATION DE NOTRE POLITIQUE"

Sa décision de livrer le premier Mistral a été saluée en France par une partie de la classe politique.

Invité mardi soir du 20-Heures de TF1, Laurent Fabius a déclaré que "les contrats signés et d'ailleurs payés doivent être honorés" et a invité les Britanniques à balayer devant leur porte. "Chers amis britanniques, parlons aussi de la finance. J'ai cru comprendre qu'il y avait pas mal d'oligarques russes à Londres", a-t-il dit.

En revanche, la décision française ne passe pas auprès de certains partenaires européens de Paris.

La présidente lituanienne Dalia Grybauskaite a ainsi comparé l'attitude de la France à la politique d'apaisement menée dans les années 1930 à l'égard de l'Allemagne nazie.

"Si les Etats européens continuent d'agir avec autant d'indécision, ce sera une invitation directe à l'agresseur pour qu'il aille plus loin", a-t-elle dit à la radio nationale lituanienne LRT.

"Tous les Etats européens doivent comprendre qu'après cette attaque si brutale contre l'avion (de la Malaysia Airlines), nous devons en finir avec la 'mistralisation' de notre politique", a-t-elle poursuivi.

A Bruxelles, plusieurs ministres ont réclamé un embargo sur les ventes d'armes à la Russie.

Le chef de la diplomatie ukrainienne, Pavlo Klimkine, a jugé pour sa part que dans les circonstances actuelles, les livraisons d'armes à la Russie allaient à l'encontre du code de conduite de l'Union européenne.

Les ministres européens sont aussi convenus d'élargir la liste des personnalités et des entités russes frappées par un gel des avoirs et une interdiction de visa.

La question sera examinée jeudi par les ambassadeurs des pays de l'UE.

Le nouveau secrétaire britannique au Foreign Office, Philip Hammond, a souligné que Londres souhaitait que les amis et les alliés de Vladimir Poutine soient ciblés. "Le mot, c'est 'copains', les copains de M. Poutine et sa clique au Kremlin, ce sont eux qui doivent ressentir la pression", a-t-il ajouté.

"Si les intérêts financiers du groupe qui entoure la direction russe sont affectés, la direction russe le saura", a-t-il ajouté.

(avec Barbara Lewis; Danielle Rouquié et Henri-Pierre André pour le service français)

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