Arnaud Montebourg pour un big bang dans les pharmacies

reuters.com  |   |  602  mots

par Emmanuel Jarry

PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Economie propose la constitution de "chaînes de pharmacies", parallèlement à la remise en cause du monopole des officines sur la vente de certains médicaments, a déclaré mardi à Reuters la présidente de l'Ordre nationale des pharmaciens.

Arnaud Montebourg souhaite également ouvrir le marché français des médicaments à la vente sur internet, a ajouté Isabelle Adenot, qui a été reçue vendredi par le ministre.

Deux propositions contre lesquelles s'élève la présidente de l'Ordre des pharmaciens, qui dénonce un "double langage" du gouvernement, le ministère de la Santé défendant pour sa part le monopole des pharmacies sur la vente de médicament et leur rôle de commerce de proximité.

Selon Isabelle Adenot, Arnaud Montebourg a confirmé son intention de permettre la vente en grande surface ou dans des magasins de parapharmacie de médicaments comme le Doliprane, le Spasfon, l'Aspégic, le Nurofen, l'Humex ou le Fervex, ainsi que le propose un rapport de l'Inspection générale des finances.

Les services du ministre de l'Economie estiment, dans une note obtenue par Reuters, que "la théorie économique plaide pour la suppression du monopole des pharmacies sur l'ensemble des produits accessibles sans ordonnance", ce qui représente un chiffre d'affaires cumulé de 2,1 milliards d'euros.

Cette mesure est susceptible de faire baisser les prix de 20%, estiment les auteurs de la note, selon lesquels le gain de pouvoir d'achat des consommateurs pourraient être de 327 à 420 millions d'euros selon le scénario retenu.

Des chiffres jugés "purement hypothétiques" par Isabelle Adenot, selon qui cela ne représente au demeurant, de l'aveu même de Bercy, qu'un gain de cinq euros par an et par personne.

"MODÈLE DU PASSÉ"

Les auteurs de la note admettent qu'il en résulterait une baisse du chiffre d'affaires des pharmaciens de 1,4% à 1,7%.

"Le ministre nous a dit avoir compris que cela poserait un problème de proximité", déclare Isabelle Adenot. "La solution qu'il nous propose, lui le ministre anti-mondialisation, c'est d'ouvrir le capital des pharmacies et de créer des chaînes."

"Arnaud Montebourg nous a dit : 'l'officine est aujourd'hui incontestablement enfermée dans un modèle capitalistique du passé'", ajoute la présidente de l'Ordre des pharmaciens.

Le ministre suggère, selon elle, que les pharmaciens puissent céder par exemple 25% de leur fonds de commerce à des investisseurs - comme cela s'est déjà fait pour les laboratoires de biologie médicale - pour créer ces chaînes de pharmacies.

Il a assuré que cette mesure serait assortie de "règles prudentielles" pour éviter une désertification pharmaceutique dans les zones les moins rentables, précise Isabelle Adenot.

"Il nous a également dit que les Américains allaient venir avec des plate formes numériques au Luxembourg pour vendre des médicaments sur internet", déclare-t-elle encore. "Ils nous a dit que nous devions, nous aussi, nous ouvrir au numérique."

Arnaud Montebourg, qui a promis de "restituer" six milliards d'euros de pouvoir d'achat aux Français en cassant le monopole de professions réglementées, a reçu mardi le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques, Philippe Gaertner.

Isabelle Adenot assure que l'Ordre et les pharmaciens en général sont d'accord avec la ministre des Affaires sociales, Marisol Touraine, pour moderniser le secteur de la santé.

"Ce qui nous exaspère, c'est qu'il y ait un double langage au gouvernement. Les pharmaciens ne savent plus à quel saint se vouer, ils n'ont plus de visibilité", déplore-t-elle.

(Edité par Yves Clarisse)

tag.dispatch(); var button = document.getElementById("optout-atinternet"); if (button != null) { button.addEventListener("click", function () { var transaction = Didomi.openTransaction(); transaction.disablePurpose('audiencem-xedeU2gQ'); transaction.disableVendor('c:atinterne-cWQKHeJZ'); transaction.commit(); tag.privacy.setVisitorOptout(); tag.dispatch(); }); } });