L'Ukraine et les Etats-Unis parlent d'incursions russes

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L'Ukraine et les Etats-Unis parlent d'incursions russes[reuters.com]
(Crédits : Reuters.com)

par Richard Balmforth et Anton Zverev

KIEV/DONETSK (Reuters) - L'Ukraine a accusé mercredi la Russie de lancer une nouvelle offensive militaire sur son territoire, des déclarations qui ont douché l'espoir d'une détente au lendemain d'une rencontre entre Vladimir Poutine, le président russe, et Petro Porochenko, son homologue ukrainien.

Relayées notamment par les Etats-Unis, les accusations de soutien direct de Moscou aux séparatistes pro-russes d'Ukraine sont similaires à celles qui ont conduit l'Occident à adopter des sanctions contre la Russie en dépit de ses dénégations et qui ont porté la tension avec l'Otan à un niveau sans précédent depuis la Guerre froide.

Un groupe de soldats russes a franchi la frontière sur des blindés de transport de troupes de l'infanterie et un camion Kamaz, avant d'entrer dans la ville d'Amvrossiivka, non loin de l'endroit où l'armée ukrainienne a fait prisonnier 10 soldats russes lundi, a déclaré Andriy Lissenko, porte-parole de l'armée ukrainienne, à Kiev.

Il a ajouté que les combats dans deux autres localités, Horlivka et Ilovaïsk, situées au nord de Donetsk, avaient fait environ 200 morts côté séparatiste et permis à l'armée de détruire des chars et des lance-missiles. Treize soldats ukrainiens ont été tués et 36 autres blessés depuis 24 heures, a-t-il précisé.

A Washington, une porte-parole du département d'Etat a déclaré que les nouvelles incursions de militaires dans l'est de l'Ukraine laissaient penser qu'une "contre-offensive dirigée par des Russes" était probablement en cours à Donetsk et Louhansk, les deux bastions rebelles de l'est de l'Ukraine.

Le ministère russe de la Défense n'a fait aucun commentaire dans l'immédiat sur les prétendues incursions. La Russie dément régulièrement fournir des armes et des soldats à la rébellion ukrainienne et explique que les hommes faits prisonniers lundi avaient franchi la frontière par erreur.

MERKEL DEMANDE DES EXPLICATIONS À POUTINE

Les nouvelles accusations de Kiev contre Moscou tranchent avec les propos encourageants tenus la veille après l'entretien Poutine-Porochenko à Minsk, en Biélorussie.

Le président ukrainien avait notamment déclaré vouloir travailler à une "feuille de route" ouvrant la voie à un cessez-le-feu rapide avec les rebelles et Vladimir Poutine avait assuré que Moscou ferait "tout pour soutenir ce processus de paix, s'il a lieu".

Angela Merkel s'est entretenue mercredi avec le chef du Kremlin et lui a demandé des explications sur les dernières informations faisant état d'incursions russes en Ukraine, a déclaré un porte-parole de la chancelière allemande.

"Elle a souligné la responsabilité majeure de la Russie dans une désescalade et dans la surveillance de ses propres frontières", a-t-il ajouté.

Cinq mois de guerre civile dans l'est de l'Ukraine ont fait plus de 2.200 morts selon le dernier bilan en date établi par les Nations unies, qui inclut les 298 victimes du crash d'un avion de la compagnie Malaysia Airlines dans une zone tenue par les rebelles.

La crise a conduit les Etats-Unis et l'Union européennes à imposer des sanctions aux secteurs financier, pétrolier et militaire russes, sanctions auxquelles Moscou a riposté par un embargo sur la majeure partie des produits alimentaires occidentaux.

KIEV ACCUSE MOSCOU DE VOULOIR COUPER LE GAZ CET HIVER

Ces tensions commerciales menacent désormais la Russie de récession et plombent la reprise dans plusieurs pays européens.

Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que son pays ne souhaitait pas une nouvelle escalade des tensions commerciales. "Nous n'avons aucun intérêt à une confrontation ou à la création d'une spirale des sanctions", a-t-il lors d'une intervention devant des étudiants.

La prochaine étape du processus diplomatique devrait être une réunion à Minsk du "groupe de contact" rassemblant des représentants de Moscou, de Kiev, des rebelles et de l'OSCE, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, a-t-il ajouté, sans préciser quand cette réunion pourrait se tenir.

Un conseiller de Petro Porochenko a expliqué que les propos du président sur un possible cessez-le-feu ne devaient pas être interprétés comme l'annonce d'un arrêt prochain de l'offensive militaire contre les rebelles.

"S'il y a des attaques de terroristes et de mercenaires, alors notre armée a le devoir de défendre le peuple", a dit Valéry Tchali.

Signe supplémentaire de la défiance de Kiev envers Moscou, le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a déclaré que son pays attendait des "décisions capitales" lors du sommet de l'Otan le mois prochain.

Il a également dit savoir que la Russie avait l'intention d'interrompre les livraisons de gaz naturel vers l'Europe cet hiver, des propos démentis par le ministre russe de l'Energie.

Le commissaire européen à l'Energie, Günther Oettinger, a annoncé que des consultations sur le gaz auraient lieu à Moscou vendredi entre l'UE, la Russie et l'Ukraine.

(Tangi Salaün, Jean-Philippe Lefief et Marc Angrand pour le service français)

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