Valls pardonne à Taubira sa visite aux "frondeurs" à La Rochelle

reuters.com  |   |  944  mots
Taubira invitée surprise des frondeurs PS à La Rochelle[reuters.com]
(Crédits : Reuters.com)

par Elizabeth Pineau

LA ROCHELLE Charente-Maritime (Reuters) - Manuel Valls a affirmé samedi qu'il ne tenait pas rigueur à Christiane Taubira d'avoir assisté à une réunion des élus "frondeurs" socialistes, très critiques envers la politique de son gouvernement remanié en début de semaine.

A peine arrivé à La Rochelle pour participer à l'université d'été du PS, le Premier ministre a dû éteindre le début d'incendie provoqué par la visite surprise de la garde des Sceaux au rassemblement politique de l'aile gauche du parti.

"La Rochelle, c'est un moment de débat (...) Il est même assez logique et assez normal que des socialistes applaudissent des ministres et membres du gouvernement, donc ne retenez que ce qu'il y a de positif", a déclaré Manuel Valls à la presse.

"Christiane Taubira est membre du gouvernement, elle a confirmé son engagement au président de la République, à moi-même il y a une semaine. La cohérence, la clarté, la cohésion voulues par le président de la République ne sont pas évidemment mises en cause", a-t-il ajouté, cinq jours après le départ de plusieurs ministres en désaccord avec ses choix, dont celui de l'Economie Arnaud Montebourg.

"Le pays a des doutes, des interrogations, il a exprimé des colères et des frustrations encore à l'occasion des derniers scrutins, et il n'y aurait pas un débat ici? Non."

Comme une illustration de cette inquiétude, des dizaines de manifestants, représentant notamment des collectifs de sans-papiers et des intermittents du spectacle, étaient présents à son arrivée à La Rochelle.

TAUBIRA "ASSUME"

En début de matinée, à la faculté de lettre de la ville, Christiane Taubira était arrivée sous les vivats au bout d'une heure de réunion animée par les parlementaires "frondeurs" devant quelque 450 militants.

La garde des Sceaux est repartie avant la fin, sans prendre la parole. Elle a ensuite expliqué sa démarche devant la presse, invoquant son souci de lutter contre la "démoralisation" qui gagne le pays.

"La politique, c'est le courage de s'interroger sur les espaces que nous créons pour nous entendre, pour nous comprendre, pour nous disputer et pour nous rassembler, et je veux y prendre ma part et ce matin, j'y ai pris ma part et j'en assume les conséquences", a dit celle qui est aujourd'hui l'une des dernières à incarner l'aile gauche au gouvernement.

L'élue guyanaise, qui n'est pas membre du PS, a déploré que la gauche au pouvoir depuis plus de deux ans ait "laissé les Français perdre le moral, c'est-à-dire ne plus penser qu'il y a un espoir dans ce pays, ne plus croire en leur avenir".

Comme Manuel Valls, la plupart des élus socialistes présents ont minimisé cette visite au nom du droit au "débat" mais un cadre du parti a prévenu : "Il faut se méfier des bras d'honneur, ça peut se retourner contre soi..."

Au cours de cette réunion, les parlementaires "frondeurs" ont lancé "Vive la gauche", un collectif sans chef qui se veut "fidèle aux valeurs de la gauche" en combattant une politique économique jugée trop austère et trop favorable au patronat.

Les élus rebelles, qui se sont parfois abstenus au Parlement ces derniers mois sans empêcher l'adoption d'aucun texte, devront se concerter au moment d'accorder ou non leur confiance au gouvernement Valls II nommé cette semaine, puis de voter le budget 2015, à l'automne.

LA CONFIANCE "PAS AUTOMATIQUE"

Iront-ils jusqu'à désavouer l'équipe au pouvoir?

"Chaque chose en son temps, à chaque jour suffit sa peine", répond Jérôme Guedj. "Ce qui est certain, c'est que le débat existe et dans cette course de vitesse qui est engagée, tous les outils et tous les moyens devront et pourront être utilisés."

Un autre élu a prévenu à la tribune que "la confiance n'(était) pas automatique", un troisième a rappelé que Manuel Valls n'avait recueilli que 5% à la primaire PS de 2011.

A l'image d'Henri Emmanuelli, l'aile gauche du PS se veut constructive et contribuer à la réussite du gouvernement dont la politique n'a pour l'heure pas donné de résultat en termes de croissance et d'emploi.

"On n'est pas dans un état d'esprit de rupture ou d'agression, on veut faire connaître notre point de vue, ce n'est pas la même chose", dit l'ancien ministre.

Pour Jean-Marc Germain, député proche de la maire de Lille Martine Aubry, absente de La Rochelle mais influente, "quand on est fidèle au monde ouvrier, on ne renonce pas aux 35 heures", dont l'aménagement a été évoqué par le nouveau ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, dans une interview réalisée avant sa nomination

Comme pour enfoncer le clou, Martine Aubry, architecte des 35 heures quand elle était ministre du Travail, a réclamé dans l'après-midi que Lille et les villes volontaires bénéficient de l'encadrement des loyers, que Manuel Valls a décidé vendredi de limiter à Paris.

A La Rochelle, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann a elle aussi pris pour cible Emmanuel Macron, "qui vous explique que pour aider les pauvres, il faut enlever aux salariés leurs droits et leur statut!"

Selon un responsable socialiste, ces attaques ad hominem contre un membre du gouvernement ont précipité le départ de la réunion de Christiane Taubira.

Bien que présents à La Rochelle, Arnaud Montebourg, Benoît Hamon et Aurélie Filippetti, qui ont quitté le gouvernement en début de semaine après en avoir désapprouvé la ligne, ne sont pas venus en personne soutenir "Vive la gauche".

(Edité par Gregory Blachier)

tag.dispatch(); var button = document.getElementById("optout-atinternet"); if (button != null) { button.addEventListener("click", function () { var transaction = Didomi.openTransaction(); transaction.disablePurpose('audiencem-xedeU2gQ'); transaction.disableVendor('c:atinterne-cWQKHeJZ'); transaction.commit(); tag.privacy.setVisitorOptout(); tag.dispatch(); }); } });