L'extrême droite suédoise en position d'arbitre

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L'extrême droite suédoise en position d'arbitre[reuters.com]
(Crédits : Reuters.com)

STOCKHOLM (Reuters) - Malgré les scandales et la réprobation des autres partis politiques, les démocrates suédois, formation d'extrême droite, ont vu leur électorat plus que doubler lors des législatives de dimanche et font désormais figure d'arbitres de la vie politique à Stockholm.

De 5,7% des voix en 2010, le mouvement est passé dimanche à 12,9%. Les sociaux-démocrates, arrivés en tête, ont exclu de négocier avec ses représentants, bien qu'ils ne puissent compter sur une majorité claire.

Le succès du mouvement, qui compte des militants néo-nazis parmi ses membres fondateurs, a choqué nombre de Suédois qui, à l'instar de leur Premier ministre Fredrik Reinfeldt, préfèrent voir leur pays comme une "superpuissance humanitaire".

Quatre-vingt mille demandeurs d'asile y sont attendus cette année et ce chiffre sans précédent depuis l'éclatement de l'ex-Yougoslavie a sans doute joué un rôle dans le choix des électeurs, d'autant que le chef du gouvernement a averti récemment que cet afflux pourrait avoir des conséquences sur les comptes publics.

"Le Premier ministre l'a confirmé. Les élections seront l'occasion de choisir entre l'immigration de masse et l'aide sociale", a aussitôt réagi Jimmie Akesson, chef de file des démocrates suédois.

Sous son autorité, le parti qui veut réduire l'immigration de 90% s'est coupé de ses racines néonazies et racistes pour se forger une image respectable. Jimmie Akesson, âgé de 35 ans, a quant à lui su éviter les écarts de langage et s'est même montré en compagnie d'immigrés.

"ILS PEUVENT TORPILLER N'IMPORTE QUEL GOUVERNEMENT"

"Les démocrates suédois ont adapté leur discours pour que les gens puissent voter pour eux sans avoir l'impression d'être extrémistes", commente Daniel Poohl, rédacteur en chef du magazine antiraciste Expo.

Ce recentrage lui a permis de surmonter une série de scandales. Des dirigeants du parti ont notamment été filmés bredouillant des slogans racistes dans une rue de Stockholm.

"C'était jusqu'ici ce qu'on appelle des jeunes blancs de la campagne en colère. Mais ils occupent désormais une position plus centrale au sein de la population suédoise. Ils ne sont plus très différents des autres partis", observe Magnus Hagevi, professeur de sciences politiques à l'université Linnaeus.

Faute de majorité claire au Parlement, "ils peuvent torpiller n'importe quel gouvernement à chaque vote", souligne son collègue Peter Esaiasson, de l'université de Göteborg.

"En 2010, nous nous sommes attachés à démontrer que nous n'étions pas une bande de clowns. Nous serons certainement moins discrets désormais", avertit quant à lui Linus Bylund, le bras droit d'Akesson.

Le choc suscité par le succès de l'extrême droite pourrait toutefois convaincre les autres formations de s'entendre pour lui faire barrage.

"Nous devons respecter leurs électeurs mais il n'y pas de raison qu'ils fassent la loi. Souvenez-vous que 87% des Suédois n'ont pas voté pour eux", a quant à lui souligné Stefan Löfven, chef de file des sociaux-démocrates, qui s'est dit prêt à former le nouveau gouvernement.

(Avec Ilze Filks, Jean-Philippe Lefief pour le service français)

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