La Commission Juncker contestée mais pas menacée à Strasbourg

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La Commission Juncker contestée mais pas menacée à Strasbourg[reuters.com]
(Crédits : Reuters.com)

par Gilbert Reilhac

STRASBOURG (Reuters) - Un populiste hongrois à la Culture, un conservateur britannique aux Marchés financiers et un socialiste français à l'Economie : la répartition des portefeuilles dans la Commission européenne dirigée par Jean-Claude Juncker devrait être contestée mais pas bouleversée par le Parlement européen.

Les députés, qui entameront la semaine prochaine à Bruxelles les auditions des personnalités désignées par les commissions parlementaires compétentes, n'ont pas juridiquement la possibilité de rejeter individuellement un candidat.

Mais ils peuvent refuser le 22 octobre prochain d'accorder l'investiture à la Commission tout entière et des avis négatifs lors des auditions ont par le passé déjà conduit à écarter plusieurs commissaires, comme l'Italien Rocco Buttiglione en 2004, qui avait jugé que l'homosexualité est un péché.

De l'avis des différents groupes politiques, l'équipe de Jean-Claude Juncker ne sera toutefois modifiée qu'à la marge, faute pour aucun camp de disposer d'une majorité suffisante.

"Pour trouver des cibles de choix, on n'a vraiment que l'embarras, mais encore faut-il trouver des alliés", reconnaît le Belge Philippe Lamberts, coprésident du groupe des Verts.

La désignation du Britannique Jonathan Hill pour superviser les services financiers quand le Royaume-Uni se pose en champion de la dérégulation et n'est pas membre de l'euro relève, selon lui, "de la plaisanterie ou de la provocation".

"ON SE TIENT PAR LA BARBICHETTE"

Même scepticisme pour le socialiste français Pierre Moscovici aux Affaires économiques et financières, jugé peu crédible par les partisans de l'orthodoxie en raison de l'ampleur des déficits publics de la France dont il avait la gestion lorsqu'il était ministre des Finances.

Membre du petit groupe des Conservateurs et réformistes européens, le Britannique pourrait être contesté par les commissions parlementaires.

Pierre Moscovici n'aurait en revanche guère de souci à se faire, le groupe Socialistes & Démocrates (PSD) et le Parti Populaire européen (PPE) de centre droit, qui disposent respectivement de 8 et de 13 commissaires, ayant plus que jamais besoin l'un de l'autre pour constituer une majorité.

"La consigne des deux côtés est très claire, il n'est pas question de remettre en question un commissaire du camp adverse", affirme Philippe Lamberts.

"On se tient par la barbichette. Si l'un des deux groupes voulait contester un commissaire de l'autre camp, les mesures de rétorsion seraient immédiates", confirme l'UMP Alain Lamassoure, président de la délégation française au sein du PPE.

Le Hongrois Tibor Navracsics, commissaire à l'Education et à la Culture alors que son parti, la Fidesz du Premier ministre Viktor Orban (membre du PPE), est accusé de dérives autoritaires, pourrait survivre aux attaques.

C'est "le cas qui nous préoccupe le plus", a avoué lors d'une conférence de presse Gianni Pitella, le président du groupe PSD.

MISOGYNIE

Le pronostic est le même pour le commissaire espagnol, Miguel Arias Canete, autre élu du PPE nommé à l'Energie, soupçonné de conflit d'intérêt pour des participations dans des entreprises qu'il dit avoir vendues et coupable de propos misogynes visant les femmes en politique.

Pour Alain Lamassoure, si le choix des candidats relève des Etats, certaines contestations dans l'attribution des portefeuilles révèlent l'habileté de Jean-Claude Juncker.

"Avec une certaine malice, il a donné satisfaction aux gouvernements britannique et français sur le portefeuille. Si leurs candidats franchissent le barrage des auditions, ils vont découvrir que le meilleur moyen pour un pays d'avoir une influence dans un domaine, c'est de ne pas y pas avoir de commissaire", s'amuse-t-il.

L'instauration par Jean-Claude Juncker de vice-présidences dotées de responsabilités transversales constituera par ailleurs, selon lui, une "tutelle" qui relativisera l'influence de chaque commissaire et imposera entre eux "un véritable débat politique".

Reste un cas particulier évoqué à droite comme à gauche, celui de la Slovène Alenka Bratusek, ancien chef de gouvernement contestée dans son propre pays où elle a perdu les élections législatives en avril.

Mais le Parlement peut-il demander le départ de la vice-présidente chargée de l'Union énergétique, quand elle est l'une des neuf femmes - sur 28 membres - d'une Commission que Jean-Claude Juncker avait voulue à parité ?

(Edité par Yves Clarisse)

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