La majorité entre ironie et désir d'en découdre avec Sarkozy

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La majorité entre ironie et désir d'en découdre avec Sarkozy[reuters.com]
(Crédits : Reuters.com)

par Elizabeth Pineau

PARIS (Reuters) - Les socialistes ont accueilli avec une ironie teintée de gourmandise le retour en politique de Nicolas Sarkozy, qui a annoncé sur Facebook sa candidature à la présidence de l'UMP, premier pas sur la route de l'élection présidentielle de 2017.

Si personne n'a été surpris, certains ont d'emblée mis en garde contre les obstacles, notamment judiciaires, sur le chemin de l'ancien président, tandis que d'autres ne cachaient pas leur envie d'en découdre avec cet ex-futur adversaire.

Signe de l'importance donnée à l'évènement, le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, s'est exprimé solennellement et sans tarder au siège du parti, ce qui n'avait pas été le cas pour des candidats déclarés à la présidentielle comme Alain Juppé et François Fillon.

Nicolas Sarkozy "n'échappera pas à son bilan, ce sera son boulet", a affirmé dans une courte déclaration celui qui dirige depuis avril le parti majoritaire, installant Nicolas Sarkozy comme l'adversaire numéro un.

"Le retour à la réalité sera plus difficile que le retour sur Facebook", a-t-il ironisé, relevant au passage les 20 "je" contenus dans le texte de l'ex-président, qui devrait s'exprimer dimanche soir à la télévision.

"AVENIR POLITIQUE, AVENIR JUDICIAIRE"

"Attention aux opérations de com', elle peuvent se retourner", confiait jeudi soir à des journalistes le Premier ministre Manuel Valls, qui avait évoqué le retour de l'ancien président mardi dans son discours de politique générale.

François Hollande est resté sobre sur le sujet jeudi, lors de sa conférence de presse.

"Ceux qui ont gouverné le pays, hier et avant-hier, ont parfaitement le droit de vouloir le diriger, demain ou après-demain", a dit le chef de l'Etat le plus impopulaire de la Ve République, qui l'avait emporté le 6 mai 2012 sur Nicolas Sarkozy avec 51,6% des voix.

Des proches ont été plus diserts, à l'image d'un membre du gouvernement qui a "toujours pensé que Nicolas Sarkozy reviendrait, car il n'aime que la politique dans la vie".

"Je ne sais pas s'il a un avenir politique, mais il a un avenir judiciaire - certes il est présumé innocent, mais il va devoir s'expliquer. A lui de combiner les deux", dit-il en référence aux six "affaires" qui menacent Nicolas Sarkozy.

Un terrain judiciaire également choisi par le député Olivier Faure. "Ce qui est étonnant avec Nicolas Sarkozy, c'est qu'en général quand un ministre, quand un député est mis en examen, il démissionne. Avec Nicolas Sarkozy c'est l'inverse, c'est le retour", a-t-il déclaré sur i>TELE.

Un proche de Manuel Valls voit dans ce retour "une bonne nouvelle pour la démocratie, pour la République qui a besoin d'un projet contre un autre projet, d'une vision contre une autre vision".

"On va regarder quelle ligne il choisit. Cela nous permettra de faire un truc qu'on n'a pas bien fait quand on est arrivés au pouvoir : le bilan", souligne-t-il.

SPARRING PARTNER

D'autres socialistes voient dans le refus actuel des centristes de répondre à l'appel du pied de Nicolas Sarkozy une occasion de rapprochements futurs, à l'heure où l'exécutif réaffirme une ligne clairement social-démocrate.

Et c'est avec un certain soulagement qu'un haut responsable du PS parle d'une "nouvelle phase" politique, après une rentrée politique terrible marquée par des sondages au plus bas, un remaniement, la publication du livre au vitriol de l'ancienne compagne de François Hollande et la démission d'un secrétaire d'Etat, Thomas Thévenoud, après des ennuis avec le fisc.

"Jusqu'à présent c'était Hollande contre Hollande, il était seul sur le ring", souligne-t-il, estimant que l'absence de sparring partner est délicate à gérer.

Le programme de Nicolas Sarkozy tel qu'attendu par le PS - "il va annoncer 150 milliards d'euros d'économies, la suppression d'un million de fonctionnaires et la remise en cause des 35 heures" - va selon lui "recentrer le paysage politique".

Jean-Paul Huchon, président de la région Ile-de-France, espère, lui, un relèvement du débat politique, alors que le Front national grimpe dans les sondages et à chaque élection.

"Je ne sais pas si Nicolas Sarkozy a changé, j'ai tendance à penser que non. Mais s'il a changé, il devrait penser à faire une opposition un peu plus constructive", a-t-il dit à Reuters.

Au moment où le message de Nicolas Sarkozy apparaissait sur Facebook, François Hollande prononçait le discours de clôture d'une réunion sur l'apprentissage près de l'Elysée.

Interpellé sur cette concomitance un peu insolite, un membre de l'entourage présidentiel a pris les choses avec un sourire. "On est dans le thème, l'apprenti sorcier !".

(Edité par Yves Clarisse)

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