La grève continue à Air France, Transavia Europe en sursis

reuters.com  |   |  771  mots

PARIS (Reuters) - Le PDG d'Air France-KLM a déclaré mardi qu'il pourrait être contraint de renoncer à son projet de développement d'une filiale low-cost en Europe faute d'accord avec les syndicats de pilotes d'Air France qui rejettent toujours les dernières propositions avancées par la direction de la compagnie aérienne.

Le Premier ministre Manuel Valls a réitéré ses appels à une fin du conflit, qui connaîtra mercredi une dixième journée et coûte au transporteur jusqu'à 20 millions d'euros par jour, mais aucune des parties ne semble entrevoir une sortie de crise.

"La direction a fait un certain nombre de nouvelles propositions. Les conditions, me semble-t-il, sont réunies pour que les positions des uns et des autres convergent", a dit Manuel Valls sur Europe 1. "Cette grève doit cesser (...) J'en appelle à la responsabilité de chacun."

La direction de la compagnie aérienne a proposé lundi de suspendre jusqu'à la fin de l'année la création de Transavia Europe, son projet de filiale low-cost à l'origine de la grève des pilotes d'Air France, afin de donner davantage de temps à la négociation.

Mais ces derniers ont rejeté cette offre, réclamant le retrait du projet qui risque selon eux de conduire à l'absorption de Transavia France et Transavia Hollande, ses deux filiales low-cost existantes, et donc à des délocalisations d'emplois.

Le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, a pris acte de la position de la direction mais souligne, dans un communiqué, qu'il avait "suggéré que ce projet Transavia Europe soit écarté du plan", et semble donc pencher pour un retrait.

"LA MORT DANS L'ÂME"

Si Alain Vidalies juge, comme Manuel Valls, qu'il n'y a "plus aucune raison majeure" de poursuivre la grève, l'Etat semble vouloir faire pression sur la direction du groupe.

"La ligne, pour nous, c'est de proposer d'arrêter le projet Transavia Europe. Si la direction fait une vraie proposition en disant 'on arrête Transavia Europe', chacun peut faire un bout de chemin", dit-on dans l'entourage du secrétaire d'Etat.

Le PDG d'Air France-KLM Alexandre de Juniac a estimé, lui, que les propositions du groupe - une simple suspension - répondaient aux principales inquiétudes des pilotes, tout en reconnaissant qu'une poursuite du conflit pourrait l'obliger à renoncer à sa stratégie de développement du low-cost.

"Nous suspendons [le projet] et si nous n'arrivons pas à nous mettre d'accord, nous serons obligés, la mort dans l'âme, parce que c'est stratégiquement à mon avis une erreur considérable, de retirer le projet", a expliqué mardi le PDG.

"Je renoncerai pour l'instant à développer l'Europe, c'est très dommage", a ajouté Alexandre de Juniac.

Le syndicat SNPL, majoritaire au sein d'Air France, appelle pour sa part à une poursuite du mouvement, jugeant à ce jour insatisfaisantes les propositions de la direction et dénonçant l'attitude du PDG dans les négociations.

"Ce qui nous gêne le plus c'est la méthode, le manque de concertation et la délocalisation de nos emplois", a dit à la presse le président du SNPL Air France, Jean-Louis Barber, lors d'un rassemblement des pilotes près de l'Assemblée nationale.

PAS DE NÉGOCIATION PRÉVUE MARDI

"Pourquoi a-t-il fallu huit jours de grève pour arriver à des propositions qui, franchement, n'en sont pas ? On sortira (du conflit) par la discussion, autour de la table", a ajouté le représentant syndical, disant déplorer un "plan média" de la direction et l'absence de rendez-vous depuis vendredi.

Les syndicats s'inquiètent en outre de la dénonciation de l'accord de création de Transavia France, qu'Alexandre de Juniac a menacé de mettre en oeuvre.

Aucune session de négociation n'était prévue mardi et les pilotes, dont quelques centaines se sont réunis, en uniforme et arborant des marinières pour symboliser la défense de l'emploi français, ne semblent pas prêts à mettre fin au mouvement.

D'autant qu'ils ont été rejoints par d'autres syndicats du groupe, de personnel navigant ou au sol, et ont l'appui de la CGT Air France, dont des dirigeants étaient présents aux abords de l'Assemblée.

Deux autres syndicats de pilotes, Alter et le Spaf, sont sur la même ligne, le second ayant annoncé la prolongation de la grève pour 48 heures, soit jusqu'à vendredi soir.

Signe que le conflit reste dur, Air France prévoit d'assurer 46% de ses vols mercredi contre 48% mardi, malgré un taux de grévistes pour la journée officiellement en léger recul - 52% contre 57%.

(Gwénaëlle Barzic, Sophie Louet et Grégory Blachier, édité par Yves Clarisse)

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