Fillon veut faire "sauter les Bastilles" pour redresser la France

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Fillon veut faire sauter les Bastilles pour redresser la France[reuters.com]
(Crédits : Reuters.com)

par Gregory Blachier

PARIS (Reuters) - François Fillon a présenté mercredi son projet pour redresser l'économie française, un programme qui s'attaque aux "Bastilles" telles que la fonction publique ou aux "symboles" des 35 heures et de l'impôt afin de fournir un effort de 110 milliards.

Quand "peu de responsables publics osent jouer cartes sur table de peur de gâcher leurs chances devant les électeurs", l'ex-Premier ministre, candidat à la primaire à droite pour la présidentielle de 2017, prend des accents churchilliens.

"Il serait malhonnête de laisser croire que notre déficit chronique et notre endettement puissent être résolus par quelques mesures indolores ou ciblées sur quelques-uns", a dit à la presse celui qui avait évoqué en 2007 un "Etat en faillite".

"On ne libère pas un pays 'drogué' à la dépense publique et aux déficits du jour au lendemain. Il faut une prise de conscience collective", a-t-il ajouté, quelques heures après la présentation du projet de loi de finances pour 2015 qui entérine le dérapage du déficit public.

Engagé dans une course de fond face à Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, qui jugent ses orientations trop libérales, François Fillon se voit redresser le pays en cinq ans au prix d'un effort sans précédent.

Son programme contient trois objectifs -compétitivité des entreprises, augmentation du pouvoir d'achat et réduction de l'endettement- dont le premier est l'évidente priorité.

S'il n'a de cesse de fustiger un gouvernement "laxiste" et "aveugle", François Fillon suggère d'ouvrir le prochain quinquennat par des mesures de baisses de charges pour les entreprises, soit l'orientation décidée par François Hollande.

Mais il veut frapper plus fort: l'ancien Premier ministre promet de rendre 50 milliards d'euros aux entreprises dès son arrivée au pouvoir et de les financer pour 30 milliards par une hausse des taux supérieurs de TVA de 3,5 points.

Les vingt milliards restants, assure-t-il, se trouvent dans d'autres mesures "immédiates" mais peu chiffrées, et se heurtent à une volonté conjuguée de réduire l'intervention de l'Etat, ses dépenses et les impôts.

39 HEURES, RETRAITE À 65 ANS ET FIN DE L'ISF

Car son programme repose sur cinq engagements : baisse du poids et du coût du service public, réforme des collectivités territoriales, retour à l'équilibre des comptes sociaux, réforme fiscale et meilleur pilotage des dépenses publiques.

Pour les tenir, il entend s'attaquer en priorité à la fonction publique, avec le retour aux 39 heures pour les fonctionnaires -pour un gain estimé équivalent à 600.000 postes, le non-remplacement d'un départ en retraite sur deux et la limitation des ré-embauches.

François Fillon veut aussi "désengager partiellement l'Etat" de plusieurs domaines comme la politique du logement, qu'il juge inefficace.

Ces règles s'appliqueraient aussi aux collectivités locales dont il propose de diviser le nombre en passant à deux échelons, avec notamment une fusion régions-départements.

L'équilibre des comptes sociaux, lui, se fonde sur deux réformes symboliques. D'abord le report de l'âge légal de la retraite à 65 ans. "Ce n'est pas une obsession, c'est la règle partout en Europe (...) la seule mesure efficace", affirme François Fillon, qui s'était heurté en 2010 à une contestation sociale majeure sur le sujet des retraites.

Ensuite la mise en place d'une indemnisation du chômage dégressive et liée à la formation. Mais aussi une réforme de l'aide médicale d'Etat, "incitation à l'immigration illégale" qui devrait faire l'objet d'une demande d'exception.

"Ces mesures ne fonctionneront à plein régime que si nous menons une politique fiscale cohérente", dit François Fillon, qui veut entreprendre un grand nettoyage. D'abord avec les 50 milliards de réduction de charges, puis la suppression de taxes qui pèsent sur la masse salariale.

Il prévoit des mesures à destination essentiellement des investisseurs et des entreprises: révision du taux d'impôt sur les sociétés, suppression de la taxe à 75% sur les très hauts revenus, de l'Impôt de solidarité sur la fortune, des droits de mutation immobilier, et baisse de la fiscalité du capital.

Les ménages, eux, verraient l'impôt sur le revenu réformé à travers une simplification et un élargissement de son assiette.

"Il faut faire sauter des Bastilles, il faut abroger des symboles", a lancé François Fillon, pour qui la France est aujourd'hui, aux yeux des investisseurs, le pays "75/35" -avec la contribution à 75% sur les hauts revenus et les 35 heures.

"Vu l'état de la France, ce plan de bataille contre les déficits et pour la croissance est absolument nécessaire, sauf à biaiser une fois encore avec la vérité et à être brutalement rattrapé par la réalité", a assuré François Fillon, se disant convaincu que les Français comprendraient la nécessité de cette thérapie de choc.

(Edité par Sophie Louet)

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