IBM, le blues de "Big Blue" à l'heure du cloud

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par Marina Lopes

WASHINGTON (Reuters) - Interrogée récemment sur la meilleure manière de faire évoluer une entreprise, Ginni Rometty, la PDG d'IBM, a prôné la "réinvention sans relâche", ajoutant qu'il ne fallait pas crainte de remettre en cause le passé. Mais appliquer ces principes à IBM lui-même se révèle plus facile à dire qu'à faire.

Les activités les plus anciennes ont déjà été fermées ou vendues et celles qui devraient assurer son avenir, comme le "cloud" et la sécurité, sont à la peine face à une concurrence acharnée.

Les résultats trimestriels publiés lundi reflètent un ralentissement marqué de l'activité en septembre et le groupe a renoncé à son objectif de bénéfice d'exploitation 2015, tout en annonçant la cession de ses activités déficitaires de semi-conducteurs.

Analystes et investisseurs s'accordent à dire qu'IBM doit bien réinventer en permanence mais ils ajoutent que certaines des recettes utilisées par d'autres grands noms du secteur, comme la scission des activités les moins porteuses, ne sont pas pertinentes pour le groupe, qui s'est déjà transformé en fournisseur de services au début des années 2000.

"Je ne vois pas comment IBM pourrait se lancer dans une démarche de ce type, notamment parce qu'il s'est systématiquement désengagé de certaines activités qui pesaient sur ses résultats au cours de la dernière décennie", explique Charles King, analyste de Pund-It.

Ginni Rometty, à la tête du groupe depuis trois ans, a accéléré la politique de cessions en vendant les serveurs d'entrée de gamme d'IBM au chinois Lenovo et, ce lundi, les semi-conducteurs à GlobalFoundries. Elle a ainsi tiré un trait sur deux marchés qui plombaient les comptes.

Mais d'autres problèmes restent posés: les activités de stockage, de serveurs et de logiciels d'entreprise sont à la peine et le groupe est confronté à une concurrence de plus en plus sérieuse dans le "cloud computing", l'informatique dématérialisée, de la part de nouveaux acteurs comme Amazon.

"AU MAUVAIS BOUT DE LA CHAÎNE ALIMENTAIRE"

"Ils sont au mauvais bout de la chaîne alimentaire de l'informatique. Toute la croissance est dans le cloud", résume Dan Ives, analyste de FBR, ajoutant que les entreprises les plus anciennes ont eu du mal à prendre pied sur ce nouveau marché.

Les activités d'informatique dématérialisée, d'analyse de données et de sécurité d'IBM représentent aujourd'hui 25% de son chiffre d'affaires.

"Le problème n'est pas qu'ils font de mauvais choix", dit Scott Kessler, de S&P Capital IQ. "C'est simplement qu'ils sont tellement gros et tellement à la traîne que même s'ils prennent de bonnes décisions en termes d'investissement et d'acquisitions, cela semble toujours trop peu et trop tard sur beaucoup d'aspects."

L'activité de stockage pourrait bien être la prochaine candidate à une scission, estiment des analystes.

Par ailleurs, IBM est critiqué pour avoir privilégié les rachats d'actions sur les investissements: le groupe a consacré 13,5 milliards de dollars (10,5 milliards d'euros) à des rachats de titres sur les neuf premiers mois de cette année, soit plus de deux fois son bénéfice net.

"La société a utilisé sa trésorerie pour racheter des actions et soutenir son bénéfice par action mais cela a affaibli son bilan, qui était l'une des vraies forces de l'entreprise", estime Scott Kessler.

Les résultats décevants présentés lundi soulèvent aussi des interrogations sur l'avenir de Ginni Rometty et la patience des investisseurs à son égard.

"Quand vous décevez les attentes et que vous publiez des résultats qui ne satisfont pas le marché, cela vous met encore plus sous pression, mais elle a gagné du temps en vendant l'activité de micro-électronique (à GlobalFoundries)", explique Rob Enderle, analyste d'Enderle Group.

"Le marché d'aujourd'hui est différent du marché d'il y a une dizaine d'années. Elle fait des efforts pour s'ajuster à un marché toujours plus mobile, toujours plus 'cloud', qui a pris le secteur par surprise."

(Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)

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