Barack Obama ambitieux sur l'immigration, les républicains furieux

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Barack Obama va régulariser 4,7 millions de sans-papiers[reuters.com]
(Crédits : Reuters.com)

par Steve Holland et Roberta Rampton

WASHINGTON (Reuters) - Barack Obama a dévoilé jeudi son projet de réforme de l'immigration, le plus ambitieux en la matière depuis une trentaine d'années, malgré le tollé que cette mesure a suscité dans les rangs républicains.

Le président américain a annoncé la régularisation par décret de quelque 4,7 millions d'étrangers en situation irrégulière menacés d'expulsion. Lors d'un discours prononcé à la Maison blanche, il a également rejeté les accusations des républicains qui jugent que cette méthode, lui permettant de contourner le Congrès, revient à amnistier des immigrants clandestins.

Barack Obama a exhorté les républicains, qui contrôleront à partir de janvier les deux chambres du Congrès, à approuver la réforme de l'immigration bloquée depuis l'an dernier par la Chambre des représentants.

"Aujourd'hui, notre système d'immigration est cassé, tout le monde le sait. Cela fait des décennies que cela dure et, depuis tout ce temps, nous n'avons pas fait grand-chose pour remédier à cette situation", a dit le président américain.

"Actuellement, notre système d'immigration, c'est celui de l'amnistie, des millions de personnes vivent ici sans payer leurs impôts ni respecter les règles du jeu."

Dans une vidéo diffusée avant le discours télévisé du président américain, John Boehner, président républicain de la Chambre des représentants, a estimé que si Obama avait pu dire par le passé qu'il n'était "pas un roi, pas un empereur, il a certainement agi comme s'il en était un".

Sur les 11 millions d'immigrés en situation irrégulière aux Etats-Unis, le décret présidentiel permettra à 4,4 millions de personnes ayant un lien de parenté avec des citoyens en règle de rester temporairement aux Etats-Unis.

Ces personnes, résidentes depuis au moins cinq ans sur le territoire américain, auront le droit de postuler pour un emploi, sans pour autant être éligibles au nouveau système de soins de santé mis en place par l'administration Obama.

Selon des responsables de la Maison blanche, les mesures décidées par Obama représentent la plus importante modification de la politique d'immigration depuis les changements introduits par Ronald Reagan en 1986.

Une disposition de 2012 qui permet aux enfants arrivés illégalement avec leurs parents de rester sur le sol américain devrait en outre être étendue à 270.000 personnes de plus.

"SI SE PUEDE"

Le président américain est apparu confiant et déterminé lors de son allocution, saluée par de nombreux soutiens à la cause des immigrants réunis devant les grilles de la Maison blanche, scandant "Si Se Puede", version espagnole du slogan "Yes We Can" de la campagne d'Obama en 2008.

Dans l'Etat du Nevada, dont la population est composée à 7,6% de clandestins, selon des chiffres du Pew Research Center, et où se rend le président américain ce vendredi pour défendre sa réforme, la communauté latino-américaine s'est réjouie des annonces d'Obama.

Blanca Gamez, 25 ans, arrivée dans le Nevada lorsqu'elle était enfant, a réprimé quelques larmes en apprenant qu'elle pourrait rester aux Etats-Unis. "Mon visage en dit long", a-t-elle déclaré à Reuters. "Nos vies vont changer du tout au tout."

Anticipant les attaques des républicains sur le recours au décret, Obama a souligné que sa décision était non seulement conforme à la loi mais qu'elle s'inscrivait dans la droite ligne de la manière d'agir de présidents depuis un demi-siècle, qu'ils soient républicains ou démocrates.

"Et aux membres du Congrès qui remettent en cause mon autorité me permettant d'essayer d'améliorer notre système d'immigration ou qui me reprochent d'agir là où le Congrès a échoué, je n'ai qu'une seule réponse : votez une loi", a poursuivi le président américain.

MENACE D'UN NOUVEAU 'SHUTDOWN'

Le Congrès fera le nécessaire pour invalider ce décret, a averti jeudi Mitch McConnell, futur chef de file de la majorité républicaine au Sénat, estimant que le projet excède les prérogatives présidentielles.

Un peu plus de deux semaines après la déroute démocrate aux élections de mi-mandat, Barack Obama a dépêché son chef de cabinet Denis McDonough au Capitole pour tenter de désamorcer la crise, que le député républicain Paul Ryan, colistier de Mitt Romney à la présidentielle de 2012, a qualifiée de "bombe partisane".

Michael McCaul, qui préside la commission de la Sécurité intérieure de la Chambre des représentants, a prévenu: "Nous allons assister à une nouvelle vague d'immigration illégale à cause des décisions du président à laquelle le ministère de la Sécurité intérieure n'est pas préparée."

En juin 2013, le Sénat encore démocrate avait voté une réforme de l'immigration qui a ensuite été rejetée par la Chambre des représentants, où les républicains étaient déjà majoritaires. Depuis, le président a promis des mesures d'aide à une partie des étrangers en situation irrégulière.

Certains élus de l'aile conservatrice du Parti républicain ont menacé de recourir à l'arme budgétaire pour empêcher l'application de cette réforme, au risque de provoquer un nouveau "shutdown", une cessation de paiement de l'administration, mais les chefs de file du parti n'y sont pas favorables. Plusieurs démocrates ont regretté que le président procède par décret.

A cette menace, Barack Obama a répondu que les Américains en ont assez du "blocage" des institutions.

En Arizona, un des Etats frontaliers du Mexique, un shérif a saisi la justice fédérale à Washington en dénonçant une mesure contraire à la Constitution. "C'est un abus du rôle du président dans l'architecture institutionnel de notre pays et un excès de ses prérogatives constitutionnelles", a dit Joe Arpaio, shérif du comté de Maricopa.

(Avec Amanda Becker à Washington et Cynthia Johnston à Las Vegas; Jean-Philippe Lefief, Benoît Van Overstraeten et Nicolas Delame pour le service français)

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