L'Iran regarde vers Pékin et Moscou en cas d'échec des pourparlers

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L'Iran regarde vers Pékin et Moscou en cas d'échec des pourparlers[reuters.com]
(Crédits : Reuters.com)

par Louis Charbonneau et Parisa Hafezi

VIENNE (Reuters) - Téhéran envisage de se tourner vers Pékin et Moscou en cas d'échec des négociations sur le nucléaire iranien mais avec la baisse des prix du pétrole, le ralentissement de l'économie chinoise et les propres sanctions que subit la Russie, cette solution alternative trouve rapidement ses limites.

Les pourparlers de Vienne entre l'Iran et le groupe P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, Allemagne, France, Grande-Bretagne), dont le but est d'encadrer le programme nucléaire de la République islamique en échange d'une levée des sanctions internationales qui pèsent sur le pays, étaient toujours dans l'impasse dimanche à la veille de leur date-butoir.

Même si le délai fixé aux négociations, déjà prolongé en juillet, pourrait être à nouveau étendu, des responsables du gouvernement iranien disent réfléchir à un "plan B" en cas de rupture des discussions, qui consisterait à solliciter le soutien diplomatique et économique de Pékin et Moscou.

"Bien sûr que nous avons un plan B", assure ainsi l'un d'entre eux à Reuters.

"Je ne peux pas révéler plus de détails mais nous avons toujours eu de bonnes relations avec la Russie et la Chine. Naturellement, en cas d'échec des négociations, nous accroîtrons notre coopération avec nos amis et nous leur fournirons davantage d'opportunités sur un marché iranien à fort potentiel."

"Nous sommes en accord sur de nombreux sujets, comme la Syrie et l'Irak", ajoute-t-il.

La Chine est le premier pays acheteur de pétrole iranien et l'un des rares à continuer d'absorber à un rythme soutenu de larges volumes d'exportations iraniennes en dépit du renforcement des sanctions américaines et européennes ces trois dernières années.

UN PARI RISQUÉ

La Russie vend des armes à l'Iran, construit une centrale nucléaire dans la République islamique et pourrait lui fournir de la technologie.

Les deux grandes puissances pourraient également protéger l'Iran au Conseil de sécurité, en tant que membres permanents disposant d'un droit de veto.

Mais cette aide a ses limites: la Chine réclame d'importantes remises sur ses achats de brut iranien, et pourrait être d'autant plus exigeante que sa propre demande se réduit et que les prix mondiaux baissent depuis cinq mois.

La Russie, qui n'a pas besoin du pétrole iranien, est en outre elle-même exposée à des sanctions en raison de la crise ukrainienne.

En cas d'échec total des négociations -ce qu'aucune partie ne souhaite, ni la Russie ni la Chine ne pourront empêcher les Etats-Unis et l'Union européenne d'imposer des mesures punitives unilatérales à Téhéran.

"Certains dirigeants iraniens pensent qu'en cas d'échec, ils pourront compter sur leurs voisins pour échapper aux sanctions et parier sur les rivalités entre grandes puissances pour alléger les restrictions, mais le succès de cette stratégie est loin d'être acquis", estime Ali Vaez, spécialiste de l'Iran à l'International Crisis Group.

"En outre, la Russie et la Chine se sont plusieurs fois rangées aux côtés de l'Ouest pour isoler l'Iran. Il est également difficile de savoir comment l'économie iranienne pourrait se redresser sans un allègement significatif des sanctions, dans un contexte de baisse des prix du brut."

VERS L'EST

Un diplomate occidental qui participe aux discussions dans la capitale autrichienne juge cependant que le besoin de parvenir à un accord définitif est moins impérieux pour l'Iran depuis la levée partielle des sanctions obtenues par l'accord de Genève de novembre 2013.

Il rappelle aussi la volonté des entreprises occidentales de desserrer le carcan imposé à Téhéran et plusieurs décisions de la justice européenne visant certaines sanctions de l'UE.

"La pression pour obtenir un accord à tout prix est moins forte qu'il y a douze mois", constate ce diplomate, assurant que certains pays européens sont prêts à entamer des échanges bilatéraux avec Téhéran.

Un responsable iranien explique quant à lui que si le président Hassan Rohani espère un accord afin de tenir ses promesses d'embellie économique, le guide suprême Ali Khamenei et les gardiens de la Révolution préfèrent se tourner vers l'Est et travailler avec la Russie et la Chine.

(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)

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