Le plan d'investissement de Juncker validé au sommet européen

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Feu vert du conseil europeen au plan d’investissement de jean-claude juncker[reuters.com]
(Crédits : Pascal Rossignol)

par Gregory Blachier

BRUXELLES (Reuters) - Les dirigeants européens ont validé jeudi à Bruxelles le plan d'investissement présenté par la Commission, au cours d'un sommet raccourci d'une demi-journée et dont la situation en Ukraine et en Russie devait être la seule autre invitée.

Les chefs d'Etat et de gouvernement des Vingt-Huit ont comme prévu donné leur feu vert au plan élaboré pour financer quelque 315 milliards d'euros d'investissements entre 2015 et 2017, essentiellement privés, grâce à une garantie de départ de 21 milliards d'euros.

Ce plan est le troisième pilier, avec le sérieux budgétaire et les réformes structurelles, de la politique de la Commission dirigée par Jean-Claude Juncker, qui se veut davantage portée sur le soutien à la croissance que l'équipe précédente et dont le président du Conseil, Donald Tusk, s'est fait l'écho.

"Nous sommes convenus de trois choses: un, nous appelons à la mise en place urgente d'un Fonds européen pour les investissements stratégiques (FEIS); deux, un engagement renouvelé à intensifier les réformes structurelles; trois, des efforts soutenus pour assurer des finances publiques saines", a dit le dirigeant polonais dans une déclaration vidéo.

"Les trois combinés forment notre stratégie pour accélérer le redressement", a ajouté Tusk, qui préside son premier sommet.

Le Conseil a demandé à la Commission de soumettre une version définitive du plan en janvier, pour une validation parlementaire d'ici juin.

Et ce, "afin que les nouveaux investissements puissent être mis en oeuvre dès la mi-2015", dit le texte. "Le FEIS sera ouvert aux contributions des Etats membres, directement ou par l'intermédiaire de banques de soutien nationales."

Si le "plan Juncker" a fait consensus, la question de la participation des Etats au FEIS, appelée de ses voeux par le président de la Commission, divise encore même si l'exécutif européen assure que les contributions seront exclues du calcul des déficits au regard des règles européennes, ce dont le Conseil a dit avoir "pris note".

DIVISÉS SUR LA RUSSIE

Certains, à l'image de l'Allemagne, semblent juger le plan suffisant, quand bien même la liste des projets soumis par les Etats membres atteint déjà 1.300 milliards d'euros.

D'autres auraient déjà dit vouloir abonder le fonds, comme l'Espagne, la Slovaquie ou la Finlande, mais aucun engagement n'a été confirmé jeudi, le sommet n'étant "pas une conférence des donateurs", soulignait-on de source diplomatique.

D'autres enfin, comme la France, attendraient de voir si le dispositif fonctionne pour peut-être s'engager et privilégient la voie du cofinancement de projets locaux ou bilatéraux.

"La France va ajouter des crédits, ajouter des financements pour que dans notre propre pays, il y ait davantage d'investissement, davantage de soutien à la croissance", a dit François Hollande à son arrivée au Conseil européen.

Le président a eu des entretiens sur ces dossiers avec le président du Conseil italien Matteo Renzi, autre chef de file des sociaux-démocrates, avec les chefs des gouvernements espagnol et portugais ainsi qu'avec la chancelière allemande Angela Merkel.

Paris et Berlin devaient porter conjointement des projets dans la transition énergétique et le numérique. Ces deux domaines figurent parmi les priorités de la Commission au même titre que les infrastructures, l'éducation et la formation.

Le Conseil européen devait en outre appeler le Parlement à travailler pour offrir à l'UE un cadre législatif plus favorable à l'investissement et demander à la Commission de présenter ses projets de marché unique de l'énergie et de marché unique numérique au premier semestre.

Enfin, les dirigeants devaient donner mandats aux présidents de la Commission, du Conseil, de l'Eurogroupe et de la Banque centrale européenne pour oeuvrer en faveur d'une meilleure intégration de la zone euro. Un point sera fait en février et un rapport rendu en juin pour identifier les convergences futures.

Le dîner de jeudi soir, qui concluait le sommet puisque Donald Tusk a prévenu sur son compte Twitter qu'il n'y aurait pas de réunion vendredi comme prévu initialement, était, lui, consacré à la crise russo-ukrainienne, encore aggravée par les difficultés de la Russie sur fond d'effondrement du rouble.

Le débat est vif entre des pays qui disent souhaiter une désescalade rapide du conflit entre l'Ukraine et la Russie et ceux qui attendent d'abord de Moscou un "changement radical d'attitude", comme l'a dit en arrivant la Haute représentante de l'UE pour la politique étrangère, Federica Mogherini.

Avant le Conseil, ni un renforcement, ni un maintien ni un allègement des sanctions européennes qui courent jusqu'au 30 juin ne faisaient consensus. Tout allègement avant cette date nécessiterait l'unanimité du Conseil.

De source diplomatique française, on disait voir plutôt dans les propos tenus jeudi par le président Vladimir Poutine un message interne, relevant qu'il était plus conciliant dans les échanges et négociations directs menés ces dernières semaines.

Le sommet ne devait pas non plus régler la question d'une aide à l'Ukraine, qui aurait besoin de 15 milliards de dollars selon Jean-Claude Juncker. L'UE devrait laisser l'initiative au Fonds monétaire international sur cette question.

(Edité par Yves Clarisse)