Nouveau débat sur la dépénalisation du cannabis

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PARIS (Reuters) - Le cercle de réflexion Terra Nova, proche du Parti socialiste, a relancé vendredi le débat sur la dépénalisation du cannabis en proposant, parmi trois options, de créer une filière sous monopole public afin de mieux contrôler la consommation.

La légalisation du cannabis à prix majoré et dans le cadre d'un monopole public rapporterait 1,8 milliard d'euros à l'Etat, précise le "think tank", pour qui "la répression est un échec".

François Hollande s'est toujours prononcé pour l'interdiction du cannabis depuis son élection.

Pour le député UMP Eric Ciotti, le Parti socialiste, par le biais de Terra Nova, "envoie un message irresponsable et dévastateur à la jeunesse" française en prônant la dépénalisation du cannabis.

"Tous les pays qui sont allés vers la voie de la dépénalisation font aujourd'hui marche arrière : aux Pays-Bas, l'accès aux Coffee Shops est désormais réservé aux résidents nationaux ; l'Espagne, a repénalisé le cannabis après avoir constaté un effet d'entraînement vers les drogues encore plus dangereuses", écrit-il dans un communiqué.

Dans leur étude, d'abord révélée par Le Monde, les auteurs, Pierre Kopp, Christian Ben Lakhdar et Romain Perez, estiment que la situation en France "est certainement l'une des pires qui se puisse imaginer" compte tenu de l'ampleur du trafic.

Plus de 568 millions d'euros sont chaque année consacrés à la lutte contre le cannabis, dont 300 millions pour les interpellations. Or, la part d'usagers en France, avec 550.000 fumeurs quotidiens, est une des plus élevées d'Europe.

Alors que l'Uruguay mais aussi l'État du Colorado, aux Etats-Unis, ont légalisé le cannabis à usage récréatif, "notre pays ne devrait-il pas, à son tour, envisager un tel tournant idéologique et politique ?", demandent-ils.

L'étude envisage donc trois hypothèses. La première est la dépénalisation de l'usage, système en vigueur au Portugal, en Espagne ou aux Pays-Bas mais qui aurait un effet pervers : l'augmentation de la consommation.

La seconde option serait une légalisation dans un cadre concurrentiel, qui entraînerait une baisse des prix et une hausse de la consommation avec des recettes fiscales estimées à 1,7 milliard d'euros.

Enfin, les auteurs envisagent la légalisation de la vente dans un monopole public, comme l'Urugay devrait le mettre en place en 2015. Avec un prix de vente augmenté de 40%, l'impact budgétaire, compte tenu de la réduction des dépenses publiques liées à la répression, atteindrait au moins 1,8 milliard d'euros, affirment-ils.

Pour éviter le développement d'un marché noir découlant d'un prix trop élevé, l'étude propose de déployer une véritable stratégie sanitaire pour prévenir les comportements à risques.

(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)