Le PIB russe se contracte en novembre, une première depuis 2009

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Premiere contraction de l'economie russe depuis 2009[reuters.com]
(Crédits : © Ilya Naymushin / Reuters)

par Elena Fabrichnaya et Alexander Winning

MOSCOU (Reuters) - L'économie russe s'est contractée en novembre pour la première fois depuis la crise financière mondiale, sous le double effet des sanctions occidentales et de la chute des cours du pétrole, selon des données publiées lundi par le ministère de l'Economie.

La baisse de 0,5% du produit intérieur brut (PIB) est la première depuis octobre 2009 et les économistes s'attendent à ce que le mouvement s'amplifie compte tenu de la dépendance de l'économie russe au pétrole.

La dégringolade des cours du brut s'est accélérée en décembre après le refus de l'Opep de réduire sa production et ils sont maintenant en baisse de près de 50% par rapport à leurs derniers pics du mois de juin. A cette situation s'ajoutent les sanctions occidentales décidées en raison de la crise ukrainienne et qui ont entraîné des fuites de capitaux de plus de 100 milliards de dollars cette année.

"Avec le niveau actuel des cours du pétrole, on s'attend à ce que la situation empire encore. Il n'y a aucun motif d'optimisme", déclare Dimitri Polevoy, économiste chez ING Bank à Moscou. "C'est dû au pétrole mais aussi aux sanctions et au mouvement de panique qu'on a eu sur les marchés en décembre. Il faudra beaucoup de temps pour réparer les dégâts causés au système bancaire et à la confiance des ménages."

LE ROUBLE RECHUTE

Les sanctions ont fortement réduit la capacité d'emprunt des entreprises et des banques russes à l'étranger, déclenchant la plus grave crise du rouble depuis que le pays a fait défaut sur sa dette en 1998.

Après s'être un peu reprise vendredi, la monnaie russe a ouvert en baisse de plus de 6% face au dollar et à l'euro lundi, dans de petits volumes, avant d'effacer une partie de ses pertes.

La dépréciation de quelque 40% du rouble depuis le début de l'année renchérit les prix à l'importation et entraîne de ce fait un regain d'inflation qui risque de remettre en cause la popularité du président Vladimir Poutine.

Le gouvernement n'exclut pas une contraction de 4% du PIB l'an prochain si les cours du brut se maintiennent à leur niveau actuel, avec une inflation qui pourrait dépasser les 10%.

Pour enrayer la chute du rouble, qui courant décembre a perdu jusqu'à la moitié de sa valeur, le gouvernement a introduit des mesures informelles de contrôle des changes et la banque centrale a relevé fortement les taux d'intérêt.

Le gouvernement a parallèlement ordonné à deux gros exportateurs, Gazprom et Rosneft, de convertir en roubles une partie de leurs revenus en dollars afin de soutenir la devise.

Les Russes gardent un oeil prudent sur le taux de change du rouble depuis l'hyperinflation du début des années 1990 qui leur a fait perdre leurs économies, avant un nouvel effondrement de la monnaie en 1998.

Dans la matinée, la devise russe se traitait à 55,25 pour un dollar, bien en-deçà de son niveau de 30-35 au premier semestre mais nettement au-dessus de son plus bas historique de 80 pour un dollar touché à la mi-décembre.

La baisse du rouble a entraîné une frénésie d'achats de devises étrangères et en parallèle des retraits bancaires massifs qui ont fortement accru la pression sur le secteur bancaire russe déjà affaibli par les sanctions occidentales.

La banque centrale a annoncé vendredi son intention de fournir un prêt de 99 milliards de roubles (1,6 milliard d'euros) à une banque de taille moyenne, Trust Bank, afin d'éviter une première faillite dans le secteur.

(Véronique Tison pour le service français, édité par Bertrand Boucey)