Les pressions à la baisse des prix restent généralisées

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Les pressions a la baisse des prix restent generalisees dans le monde[reuters.com]
(Crédits : China Daily)

par Jonathan Cable et Koh Gui Qing

PEKIN/LONDRES/WASHINGTON (Reuters) - Les entreprises européennes, asiatiques et même américaines ont enregistré une baisse des prix de leurs achats ces dernières semaines et n'ont que faiblement augmenté, sinon réduit, leurs prix de vente, montrent les premiers résultats des enquêtes PMI de Markit vendredi.

Cette tendance persistante ne fait que souligner un peu plus les risques que les banques centrales cherchent à endiguer, que ce soit par la baisse des taux ou par des mesures non conventionnelles.

Les entreprises de la zone euro ont baissé leurs prix au rythme le plus soutenu en près de cinq ans en janvier selon ces enquêtes, publiées au lendemain de l'annonce par la Banque centrale européenne d'un programme d'assouplissement quantitatif censé relancer l'inflation et la croissance dans la région.

Les entreprises chinoises les ont quant à elles baissé pour le sixième mois consécutif tandis que le net ralentissement de la croissance de l'activité en Corée du Sud a conforté les anticipations de nouveaux assouplissements monétaires en Asie.

L'activité dans le secteur manufacturier en Chine s'est contractée pour le deuxième mois consécutif, un mouvement qui plaide pour la mise en oeuvre rapide de nouvelles mesures de soutien à l'activité par les autorités.

"2015 ne s'annonce pas comme une année particulièrement fantastique pour la croissance mondiale", juge Peter Dixon, économiste de Commerzbank. "Il ne fait aucun doute qu'à travers le monde, les banques centrales sont un peu plus offensives. La désinflation a certainement changé les perspectives monétaires."

CROISSANCE LENTE

L'indice PMI composite flash de Markit pour la zone euro, considéré comme un bon indicateur avancé de la croissance, est toutefois ressorti au plus haut en cinq mois, à 52,2 contre 51,4 en décembre.

Il ne permet toutefois pas d'envisager une croissance supérieure à 0,2% au premier trimestre selon Markit, soit moins que la médiane des prévisions de croissance des économistes interrogés la semaine dernière par Reuters, qui s'établit à 0,3%.

"La petite hausse de l'indice PMI composite de la zone euro suggère que la croissance demeure très lente et confirme que les dernières mesures de soutien annoncées par la BCE étaient vraiment nécessaires", dit Jennifer McKeown, économiste pour l'Europe de Capital Economics.

La composante des prix de vente est tombée à 49,6, au plus bas depuis février 2010, traduisant une baisse des prix pratiqués.

Les prix à la consommation dans la zone euro ont baissé de 0,2% en décembre, revenant en territoire négatif pour la première fois depuis le paroxysme de la crise financière de 2008-2009.

Aux Etats-Unis la croissance dans l'industrie manufacturière a légèrement ralenti, l'indice PMI flash du secteur ressortant à 53,7 contre 53,9 en décembre et 54,0 attendu par les économistes interrogés par Reuters.

La composante des prix d'achat a enregistré sa première baisse en deux et demi tandis que les prix de vente n'ont connu qu'une augmentation marginale reflétant la quasi-absence de pressions sur les coûts de production au cours des derniers mois.

L'ASIE FREINÉE PAR LA CHINE

En Chine, où l'indice PMI flash manufacturier HSBC/Markit pour le mois de janvier est ressorti à 49,8, presque inchangé par rapport au mois précédent, cette composante est aussi tombée au plus bas depuis la crise financière, sous l'effet de la chute des prix du pétrole, qui alimente les pressions désinflationnistes partout dans le monde.

Les économies émergentes en Asie devraient connaître une croissance atone cette année et l'an prochain, pénalisée par le ralentissement de la Chine et la faiblesse de la demande globale, montre une enquête Reuters auprès d'économistes publiée vendredi.

Les économistes de Nomura s'attendent à de nouvelles pressions baissières sur les prix à la production en Chine, "renforçant les inquiétudes sur les risques de déflation".

"Cela ressemble à une tendance et affectera l'inflation sous-jacente (hors éléments volatils-NDLR) à un certain moment. Et la (Banque populaire de Chine-NDLR) réagira très vraisemblablement à de telles craintes de déflation", prédit Chang Chun Hua, un économiste de Nomura.

La croissance de l'économie sud-coréenne, la quatrième d'Asie, a été divisée par plus de deux au quatrième trimestre à 0,4% contre 0,9% au trimestre précédent, alimentant les anticipations d'une baisse des taux directeurs au premier semestre.

En Thaïlande, le ministre des Finances a appelé la banque centrale à baisser les taux et en Australie, des investisseurs estiment que la récente baisse de taux de la Banque du Canada pourrait conduire la Banque d'Australie à lui emboîter le pas. La Banque de Réserve d'Inde a elle aussi annoncé une baisse inattendue de ses taux directeurs la semaine dernière et prévenu que d'autres suivraient.

Le Japon tranche toutefois dans ce sombre tableau en Asie avec un rebond des carnets de commandes aussi bien sur le marché intérieur qu'à l'international.

Mais la Banque du Japon peine à atteindre son objectif d'un retour de l'inflation à 2% en rythme annuel et elle a dû abaisser cette semaine ses prévisions d'inflation, ce qui pourrait la conduire à de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire.

"Avec une inflation très basse, voire une inflation négative et des capacités encore inemployées, nous nous attendons à ce que la politique monétaire dans les économies avancées continue globalement d'être assouplie", préviennent les économistes de Citi dans une note de recherche.

(Marc Joanny pour le service français, édité par Marc Angrand)